Marius MPOYI KALONJI
Chef de Travaux à l’Université Pédagogique Nationale, Directeur Adjoint de l’Institut de Recherche en Géopolitique et d’Etudes Stratégiques/Kinshasa-RDC
« Aucun Etat n’est prêt à renoncer à sa souveraineté au profit d’un gouvernement mondial unique ». Fondés sur cette thèse de Thomas Hobbes, les dirigeants africains conçoivent mal le fait de céder au profit d’une entité supranationale, leurs souverainetés acquises à couteaux tranchants. Il sied donc de le souligner, les dirigeants africains ne pourraient repousser l’union continentale au moment où la croissance mondiale s’accélère.
Le monde en ce troisième millénaire est un monde d’interdépendance. Il est en perpétuelle mutation, son dynamisme exige que lorsqu’il bouge, nous bougeons avec lui. Le monde se mondialise et l’Afrique ne peut rester en dehors de ce processus. Mais, elle ne peut se résigner à y entrer mains et pieds liés. Elle doit être acteur et doit maitriser son insertion dans cette dynamique, à la lumière de la voie de développement qu’elle se définit et pense être la mieux indiquée pour le bien-être de ses populations.
Mots-clés : Etats-Unis d’Afrique, géopolitique, panafricanisme
La création des regroupements étatiques apparaît comme l’un des traits caractéristiques de la vie internationale contemporaine. Cette tendance générale n’est pas un fait dû au hasard ; elle obéit à la pression des divers facteurs d’ordre économique, social, politique, technologique,… dont l’interdépendance croissante exige une rationalisation adéquate.
L’Afrique n’est pas restée à l’écart de ce mouvement ; elle est un continent où les inconvénients et les déficiences de l’Etat-Nation sont de plus contraignants : Sous-développement général, vulnérabilité économique, disparités régionales, surpeuplement doublé d’un faible pouvoir d’achat des populations, dimensions territoriales lilliputiennes… autant d’handicaps qui ne peuvent permettre à la quasi–totalité des Etats africains de se développer dans leurs cadres nationaux respectifs.
Ainsi, le regroupement de ces Etats fondés sur des solidarités immédiates, des complémentarités économiques, naturelles et acquises et des affinités socioculturelles, peut–être considéré à juste titre comme la stratégie la mieux indiquée et la mieux appropriée à engendrer les actions efficientes devant les conduire à leur véritable développement intégral. C’est aussi le moyen le plus susceptible de minimiser progressivement la pesanteur des liens de dépendance qui contrarient dans la plupart de cas, le développement autocentré des économies africaines et d’accroître sensiblement le pouvoir de négociation de celles–ci face aux pays industrialisés.
Mais bien que tous les Africains et surtout les dirigeants africains soient profondément convaincus des vertus intrinsèques du regroupement de leurs Etats, les résultats enregistrés dans ces domaines sont plutôt maigres et décevants.
Mouammar Kadhafi validait cette hypothèse dans son intervention au sommet de l’Union Africaine tenu du 1er au 3 juillet 2007, à Accra, au Ghana, en démontrant qu’en quarante ans, l’OUA, prédécesseur de l’UA n’a organisé que la désunion (…) Et depuis cinq ans qu’elle existe, l’UA qui a remplacé l’OUA et dont l’espoir était qu’elle ferait franchir au continent les étapes significatives sur le chemin de l’intégration et de l’union n’a pas obtenu les résultats escomptés (…) Pour sortir de cette ornière, il faut vite faire de ce berceau de l’humanité qu’est le continent africain, un seul Etat fédéral : « les Etats–Unis d’Afrique.[1]
Plus qu’un projet politique qui doterait le continent d’un exécutif opérationnel, les Etats-Unis d’Afrique expriment la volonté des différents peuples d’Afrique de construire une identité africaine autour d’un socle des valeurs communes. Mais, malgré les avantages évidents du projet, la plupart des dirigeants africains expriment toutefois leur réticence quant à ce. Alors que pour les défenseurs du projet, la mise en place d’un gouvernement et d’institutions centrales africaines est le meilleur moyen d’aider le continent à résoudre de lui-même les conflits internes sans ingérence occidentale, à lutter contre la pauvreté et à affronter les défis de la mondialisation. Les détracteurs de l’initiative ou partisans d’une approche graduelle de l’intégration estiment que la mise en place d’un tel projet est prématurée et précipitée.
Mouammar Kadhafi affirmait qu’ ; « (…) Une Afrique unie qui parlerait d’une seule voix aurait effectivement plus de poids et serait en situation de force dans ses relations avec le reste du monde ».[2] Par ailleurs, « en créant une force militaire africaine conjointe, une monnaie africaine unique et un passeport africain permettant la libre circulation en Afrique des ressortissants de tout pays africain, le projet des Etats-Unis d’Afrique serait susceptible de régler les problèmes des micro-nationalismes qui constituent la plaie du continent africain », soutenait Abdoulaye Wade.[3]
La question des Etats-Unis d’Afrique ne fait plus la une des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA depuis la mort du guide Libyen Mouammar Kadhafi. Nous nous proposons dans cette réflexion d’analyser les raisons de cette réticence et proposer les mécanismes de pérennisation de ce projet stimulateur d’intégration.
Nous attachons donc à cette réflexion qui est faite sous une approche structuraliste, un intérêt bidimensionnel : Premièrement, il s’agit d’un projet pour l’Afrique, notre continent. Ici, l’intérêt est dicté par ce sentiment d’appartenance à ce grand ensemble qu’est l’Afrique dont, l’acuité et l’actualité ne sauraient tolérer l’indifférence de ses dirigeants et de ses penseurs quant à ce qui concerne son union et son intégration surtout à cette ère de mondialisation.
Nous savons grossièrement qu’une nouvelle forme institutionnelle ne peut prendre corps et résister que si elle présente au sein de l’environnement dans lequel elle est implantée, une valeur largement reconnue et une logique de convenance sociale. Ainsi, la deuxième dimension de cette réflexion est axée sur la vérification de l’appropriation de vertus de ce projet par les Africains, mieux, les dirigeants africains.
I. ORIGINE DU PROJET DE CREATION DES ETATS-UNIS D’AFRIQUE ET FIGURES EMBLEMATIQUES
L’idée selon laquelle, l’Afrique doit s’unir est l’œuvre de plusieurs penseurs. Ainsi, en remontant, comme on peut le savoir à ses origines « le panafricanisme », trois figures retiennent notre attention. Il s’agit notamment du jamaïcain Marcus Garvey, considéré comme l’initiateur du projet des Etats-Unis d’Afrique, le Ghanéen Kwame N’krumah, promoteur politique de l’unité de l’Afrique et auteur de l’ouvrage intitulé « l’Afrique doit s’unir » puis, le Libyen Mouammar Kadhafi qui en était de son vivant l’un des défenseurs acharnés.
I. 1. Le Panafricanisme traditionnel et moderne
Le rêve d’une unité africaine ne date pas d’aujourd’hui ; Il remonte aux années les plus lointaines. Depuis le début du XXème siècle, avec l’émergence du panafricanisme sous sa forme politique qui prônait le retour de tous les Africains à la mère patrie, l’unité du continent a toujours été l’objectif primordial des promoteurs de ce mouvement.
A ce propos, le panafricanisme était d’ailleurs défini comme « une aspiration des Noirs d’Afrique et de la diaspora qui s’identifient culturellement par leur appartenance à la civilisation négro-africaine ; puisant sa force dans la résistance pluriséculaire des Nègres à l’esclavage, laquelle aspiration se projette dans une unité politique du continent sous la forme des Etats-Unis d’Afrique ».[4]
L’idée des Etats-Unis d’Afrique est proposée dès 1924 par l’écrivain panafricaniste Jamaïcain, Marcus Garvey qui rêvait d’une Afrique forte, solidaire et prospère. Ainsi les congrès panafricains seront les rendez-vous de ces africanistes soucieux du devenir de l’Afrique et de son unité.
Le panafricanisme avait donc à ses débuts une définition légèrement éloignée de ce qu’elle est de nos jours. A l’origine, le mouvement ambitionnait donc la reconnaissance, la libération et l’émancipation du monde noir. C’était donc un mouvement visant l’accomplissement des Noirs par l’égalité des droits avec les Blancs, l’indépendance économique et politique. Cette idée se concrétisera lors du premier congrès panafricain tenu à Paris, en 1919, avec la revendication par les Noirs du droit à disposer d’eux-mêmes. Le mouvement va connaître une nouvelle orientation par la suite. Le panafricanisme s’est construit avec l’organisation de plusieurs congrès dont les plus déterminants sont le congrès de Paris de 1919, le congrès de Londres de 1921, le congrès de Londres de 1923, le congrès de New York de 1927 et le congrès de Manchester de 1945.[5]
La marginalisation accentuée des Noirs et l’évolution de leur vassalisation à travers l’esclavage et la colonisation puis, le néo-colonialisme des Etats africains vont se combiner pour faire avancer cette idée de solidarité fraternelle entre Noirs de départ, vers une idée de solidarité et d’unité des peuples noirs dans leur ensemble. C’est à cette évolution du concept, d’une solidarité entre des individus de couleur noire vers un éveil à une érection de l’Afrique en une vaste communauté politique, culturelle et économique que s’est adaptée la définition que nous avons désormais du terme.
Le panafricanisme s’entend alors comme « l’idéologie qui vise la solidarité et l’unité des peuples africains »[6]. Il s’agit donc d’une doctrine politique et socioculturelle qui prône l’unité des Etats africains comme étant l’unique voie de leur libération effective, de leur émancipation et de leur développement.
Considéré comme une doctrine philosophique, le panafricanisme propose l’Afrique dans sa globalité comme devant être le commencement et l’aboutissement de toute action politique, économique et culturelle relative au continent considéré encore à ce jour comme étant le continent « berceau de l’humanité ». L’idée panafricaniste va être à l’origine d’une profusion d’unions entre les Etats africains au lendemain des indépendances. Grâce aux efforts conjugués par les protagonistes du congrès de Manchester, la Côte de l’or (l’actuel Ghana) s’empara de sa liberté et se présenta en 1957 comme Etat indépendant et souverain du Ghana. A cette occasion, Kwame N’Krumah, alors, premier Président du Ghana déclara ce qui suit : l’indépendance nationale du Ghana n’aurait pas de sens si, elle n’est pas liée à la libération totale du continent africain.[7]
La première conférence des Etats indépendants d’Afrique se réunit à Accra, au Ghana, en 1958. Le but de cette conférence était de confronter les points de vue sur les sujets d’intérêts communs, d’étudier les moyens de consolider et de préserver les indépendances, de resserrer les liens économiques et culturels entre les pays africains indépendants, de tomber d’accord sur des procédés réalistes pour aider les autres Africains encore colonisés à se décoloniser et d’examiner le grand problème mondial du maintien de la paix.[8]
Avec cette conférence, le panafricanisme s’installait sur son véritable terrain à savoir : « l’Afrique ». Elle aboutit à un sursaut d’intérêts pour la cause de la liberté et de l’unité africaine. Il ne se passait guère des semaines sans quelques réunions d’Africains, dans divers partis du continent. A mesure que toute l’Afrique se libérait, ces rencontres gagnèrent en participation, en force et en efficacité. Cet activisme du mouvement panafricain culminera avec la création en 1963, de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), dont l’objectif était : La décolonisation totale du continent et la réalisation de son unité politique.
S’il est vrai que celle-ci a réussi à libérer entièrement le continent de la colonisation, il n’en demeure pas moins qu’en ce qui concernait son unité, beaucoup restait encore à faire. C’est ce qui a justifié son remplacement en 2002 par l’Union Africaine. Celle-ci dont la mission est de parachever l’œuvre d’unité économique et politique du continent, peine quant à la réalisation de cet idéal. Toutefois, l’espoir reste de mise. Car, ce ne serait que lorsque l’unité politique parfaite du continent aurait été réalisée, que nous pourrons célébrer la fin triomphante de la lutte panafricaine et des mouvements de libération nationale.
L’idée des Etats-Unis d’Afrique est proposée comme souligné précédemment dès 1924 par l’écrivain Jamaïcain Marcus Garvey qui rêvait d’une Afrique forte, solidaire et prospère. Cette vision, comme le souligne DJibrilDiop, est à l’origine de la création des mouvements panafricanistes de 1945.
L’utilisation du terme Etats–Unis d’Afrique au 5ème congrès panafricain de la même année, à Manchester, par W.E.B. Dubois, poursuit–il, marque une étape décisive vers sa création. Dès lors, ce nom désigne la création d’un éventuel Etat fédéral africain. C’est dans cette optique qu’est née l’Organisation de l’Unité Africaine, le 25 mai 1963, renommée depuis 2002, Union Africaine.[9]
En 1968, note DJibrilDiop, Mobutu Sese Seko tenta de lancer une union économique et politique du nom « d’Etats–Unis d’Afrique Centrale », mais n’aboutit qu’à la création de l’Union des Etats d’Afrique Centrale qui ne compta que 3 pays et disparut en 1981.[10]
Le projet de création des Etats-Unis d’Afrique sera relancé en 1999 à Syrte par le colonel Mouammar Kadhafi, alors, dirigeant de la Libye. Sa finalisation était prévue en 2015, selon l’issue du sommet de juillet 2007 tenu à Accra, au Ghana.[11]
Lorsqu’il prit la présidence tournante de l’Union Africaine en 2009, le Colonel Kadhafi présenta à nouveau le projet de création des Etats–Unis d’Afrique à ses pairs Africains. Il envisageait une force militaire africaine conjointe, une monnaie africaine unique, et un passeport africain permettant la libre circulation en Afrique des ressortissants de tout pays africain. Mais, l’idée fut reçue avec réticence par la plupart des dirigeants africains.
I. 2. Figures emblématiques du projet de création des Etats-Unis d’Afrique
En remontant autant que faire se peut aux origines de la vision des Etats–Unis d’Afrique, trois figures retiennent notre attention. Il s’agit du Jamaïcain Marcus Garvey, du Ghanéen Kwame N’Krumah et du Libyen Mouammar Kadhafi. Si Marcus Garvey, dans une certaine mesure, peut être considéré comme l’initiateur du projet des Etats – Unis d’Afrique, Kwame N’Krumah va en être le principal promoteur politique en Afrique et Mouammar Kadhafi en sera l’un des défenseurs contemporains acharnés.
I. 2. 1. Marcus Garvey et les Etats-Unis d’Afrique
Marcus Garvey est né en 1885 à Saint Ann’sBay, sur la côte nord de la Jamaïque. Aussitôt après la première guerre mondiale, Marcus Garvey lança un mouvement populaire parmi les Nègres des Etats – Unis d’Amérique.
Visionnaire et sorte de Messie noir, Marcus Garvey fonda « l’Universal Negro Improvement Association » dans le souci d’unir tous les Noirs en un seul peuple. Il opposa au racisme blanc, un véritable racisme noir et fonda sa propre église « AfricanOrthodox Church ». Il proposa pour faire opposition à la maison blanche, la création d’une maison noire où un Nègre élu, aurait durant quatre années, présidé aux destinées de ses semblables des Etats–Unis d’Amérique. Il créa une « Légion Africaine Universelle » et se proclama Président des Etats–Unis d’Afrique.[12]
Marcus Garvey est à considérer comme l’initiateur des Etats–Unis d’Afrique ; Il soutient la tendance séparatiste du panafricanisme, une tendance qui visait le retour des Noirs en Afrique et la séparation d’avec le monde blanc d’Amérique. Marcus Garvey eut le grand mérite d’avoir amené les Noirs à prendre conscience de leur origine, suscitant pour la première fois en eux un sentiment de solidarité. Né en 1885, Marcus Garvey mourut en 1940, à Londres.[13]
I. 2. 2. Kwame N’krumah et l’unité africaine
Né le 21 Septembre 1909, à Nkroful, au Ghana[14], Kwame N’krumah, assiste au 5ème congrès panafricain tenu en 1945, à Manchester. Là, il sera influencé par les discours de Dubois sur le panafricanisme qu’il deviendra plus tard, le principal promoteur politique en Afrique.
La résolution sanctionnant la fin de ce congrès demandait aux Noirs, Africains surtout, à créer des mouvements pour lutter contre la discrimination et pour la libération. C’est ainsi que de retour en Afrique, Kwame N’krumah fonde en 1949 le Parti de la Convention du Peuple. Il lance en 1950 une « campagne d’action positive » (désobéissance civile, boycott, grèves…). Son emprisonnement par les autorités coloniales contribue à accroître sa popularité et il devient vite le héros national.
Face à l’agitation provoquée par son arrestation, les autorités s’empressent de le relâcher. Kwame N’krumah devient Premier Ministre à la suite de la victoire de son parti aux élections législatives de 1951. Son Etat, le Ghana, indépendant en 1957, Kwame N’kurumah devient le premier Président du Ghana indépendant. Une année après, il organise la première conférence d’Etats africains indépendants, tenu à Accra, au Ghana, le 15 Avril 1958.
A l’ordre du jour de cette conférence figuraient : la discrimination raciale, la planification industrielle, les activités subversives des puissances étrangères, la collaboration économique, technique et culturelle entre les pays indépendants du continent noir, le maintien de la paix mondiale, la création d’un organisme panafricain permanent.[15]
Notons par ailleurs que, cette conférence fut un stimulus pour la course à l’indépendance des Etats africains. Patrice Emery Lumumba qui y a pris part, déclara ceci à son retour au Congo Belge : « la conférence arrête qu’aucun Etat africain ne peut rester sous la domination coloniale au-delà de 1960 ».[16] Cette conférence constitua un succès de prestige pour le Docteur Kwame N’krumah dont le discours inaugural fut d’une grande modération. Le leader Ghanéen y réclama l’indépendance et le renforcement de l’unité des Etats africains, il propose la création d’une Organisation permanente des Etats africains indépendants pour coordonner leur politique extérieure et la constitution à l’ONU d’un front commun africain.
Auteur de l’ouvrage intitulé « l’Afrique doit s’unir », lequel devient le bréviaire de tous les tenants de l’unité africaine, Kwame N’krumah y souligne que : la survivance de l’Afrique libre, les progrès de son indépendance et l’avance vers l’avenir radieux auquel tendent nos espoirs et nos efforts, tout cela dépend de l’unité politique, (…) Tel est le défi que la destinée a jeté aux dirigeants de l’Afrique de prouver que le génie du peuple africain peut triompher des tendances séparatistes pour devenir une nation souveraine, en constituant bientôt, pour la plus grande gloire et prospérité de son pays, les « Etats-Unis d’Afrique.[17]
En politique intérieure, Kwame N’krumah n’aura pas beaucoup plus de sucées. Dès son accession au pouvoir, il lutte contre le néo-colonialisme et engage le pays dans la voie socialiste tout en instaurant un régime autoritaire avec l’instauration du parti unique en 1964. Il impose le culte de la personnalité et s’autoproclame, « l’Osagyefo » (le Rédempteur). Sa politique économique incohérente, n’assure pas le développement économique du Ghana, pourtant, potentiellement très riche. Il est renversé par un coup d’Etat en 1966 alors qu’il se trouvait en voyage en Chine. Réfugié dans la Guinée de Sekou Touré, il décède le 27 Avril 1972 à Bucarest.[18]
I. 2. 3. Mouammar Kadhafi et l’union africaine
Né le 19 Juin 1942, à Qasr Abou Hadi, à 18 km au sud-est de Syrte, en Libye, Mouammar Kadhafi est de facto le chef d’Etat Libyen depuis 1969 à la suite d’un coup d’Etat non violent opéré le 1er septembre 1969, qui déposa le Roi Idris 1er alors, en voyage en Turquie. Il est désigné comme le Guide de la grande révolution de Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste. Après son coup d’Etat, Mouammar Kadhafi s’octroie un avènement du grade de capitaine au grade de colonel qu’il a gardé jusqu’à sa mort.[19]
Militant fervent du Panarabisme et du Panafricanisme, Mouammar Kadhafi tente de contracter des unions avec plusieurs pays dont l’Egypte, la Tunisie … mais ces unions n’aboutirent qu’à des échecs.
Il sied donc de souligner que, le Guide Libyen est à l’origine du IVème Sommet extraordinaire de l’OUA, tenu le 9 Septembre 1999, à Syrte, en Libye, au cours duquel il envisagea la création des Etats–Unis d’Afrique, laquelle proposition ne trouva pas l’assentiment des autres chefs d’Etat africains. C’est aussi dans cette rencontre que fut pour la première fois soulevé la question du démentiellement de l’OUA et de son remplacement par l’Union Africaine. Depuis, le Guide Libyen est devenu le porte étendard du projet de création des Etats–Unis d’Afrique.
Au cours du sommet de l’Union Africaine, tenu du 1er au 3 juillet 2007, dans la capitale du Ghana, un groupe de Chefs d’Etat mené par le Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi et le Sénégalais Abdoulaye Wade a tenté de faire adopter à leurs pairs, l’idée des Etats-Unis d’Afrique. Ils ont claironné : Il faut vite faire de ce berceau de l’humanité qu’est le continent africain ; d’un milliards d’hommes, des femmes et d’enfants, Noirs, Blancs et Métis ; repartis en 12 grands peuples ; 53 pays et dix fois plus d’ethnies ; parlant près de 2000 langues ; pratiquant plusieurs religions différentes ; un seul Etat fédéral : les Etats-Unis d’Afrique, doté d’un exécutif central fort, le gouvernement de l’Union, d’une seule armée, d’une banque centrale et d’une monnaie commune.[20]
A l’appui de leur thèse, le colonel Mouammar Kadhafi et ses émules argumentent : En quarante ans, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), prédécesseur de l’actuelle Union Africaine (UA), n’a organisé que la désunion. D’ailleurs, sa charte glorifiait l’indépendance des Etats plutôt que les transferts de souveraineté, recommandait la non-ingérence, le respect des frontières au lieu de pousser à l’intégration. Depuis cinq ans qu’elle existe, l’Union Africaine qui a remplacé l’OUA et dont on espérait qu’elle ferait franchir au continent des étapes significatives sur le chemin de l’intégration et de l’unité, n’a pas obtenu les résultats escomptés. Son budget est faible et il ne couvre que ses frais de fonctionnement. Les institutions continentales prévues par l’acte constitutif, celles qui ont été créées fonctionnent mal, beaucoup d’autres n’ont tout simplement pas vu le jour. Pour sortir de cette ornière, il faut changer de rythme, de méthode et de modèle. Donc, il faut créer les « Etats–Unis d’Afrique ».[21]
Porté à la tête de l’Union Africaine en 2009, le Guide Libyen présenta à nouveau le projet de création des Etats-Unis d’Afrique à ses pairs lors de la 12è assemblée ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine, tenue du 26 Janvier au 1er Février 2009, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Le Guide Libyen y présenta son projet de transformer l’actuelle Union Africaine, composée de 53 Etats membres[22], en une confédération d’Etats africains indépendants, unis par une politique étrangère et économique commune.[23] L’idée sera de nouveau reçue avec réticence.
A partir de février 2011, le pouvoir du Guide Libyen Mouammar Kadhafi sera menacé par le développement d’une contestation que la répression transforme rapidement en insurrection armée, puis en guerre civile. Après la prise de Tripoli par les rebelles et l’arrivée au pouvoir du Conseil National de Transition (CNT), en Août 2011, Mouammar Kadhafi fuit la capitale et va se réfugier à Syrte, lieu de sa natalité. Poursuivit par les troupes rebelles soutenues par l’OTAN, Mouammar Kadhafi est arrêté et tué en sauvageôle, le 20 Octobre 2011, à Syrte. Mouammar Kadhafi reste dans la mémoire des Africains, la personne qui a marqué son époque par la lutte anti–occidentale aussi bien que celle pour l’avènement des Etats–Unis d’Afrique. C’est donc sous son impulsion qu’il y a eu la transformation de l’Organisation de l’Unité Africaine à l’Union Africaine.
Les idées panafricanistes telle, La création des Etats-Unis d’Afrique, bien que d’origine étrangère à l’Afrique, influenceront les Africains qui saisissant l’idée, travaillèrent tant bien que mal à sa concrétisation. Parmi les plus représentatifs nous citons : le Président Ghanéen Kwame N’krumah et le Libyen Mouammar Kadhafi, Guide de la grande révolution Al Fatah de la Jamahiriya Arabie Libyenne Populaire et Socialiste. La liste des Africains qui militèrent pour la réalisation du projet de création des Etats–Unis d’Afrique n’est pas exhaustive. Elle est longue et en sera toujours aussi longtemps que la conscience d’une Afrique unie sera prise et entretenue par les Africains.
II. ENJEUX DU PROJET DE CREATION DES ETATS-UNIS D’AFRIQUE
L’enjeu fondamental des Etats-Unis d’Afrique est d’intégrer économiquement, culturellement, socialement et politiquement, l’Afrique. A l’heure de la mondialisation, au moment où le monde parle en termes de grands ensembles et même de « village planétaire » et où la notion d’Etat est complètement précarisée par rapport aux grands ensembles, l’Afrique ne pourrait s’offrir le luxe de prétendre au développement dans les micros entités exiguës que sont les Etats africains. L’Afrique devrait penser à un grand ensemble qui pèsera véritablement sur le plan international.
Le but ultime du panafricanisme ou des Etats-Unis d’Afrique est de lutter contre la balkanisation de l’Afrique, avec une suppression des frontières issues de la colonisation afin d’arriver à une unité du continent, berceau de l’humanité.
Le projet des Etats-Unis d’Afrique vise la création d’une force militaire africaine conjointe, une monnaie africaine unique et un passeport africain permettant la libre circulation en Afrique des ressortissants de tout pays africain. Cette expérience est démontrée lors du Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UA tenu au Rwanda en 2016. Le Président béninois a consacré l’acceptation d’une ouverture de son pays à tous les Africains. Avec ces éléments, s’ils venaient à se réaliser par tous les chefs d’Etat africains, le projet des Etats-Unis d’Afrique serait susceptible de régler les problèmes des « micro-nationalismes » qui constituent la plaie du continent africain.
Plus qu’un projet politique qui doterait le continent d’un exécutif opérationnel, les Etats-Unis d’Afrique expriment la volonté des différents peuples d’Afrique de construire une identité africaine autour d’un socle des valeurs communes. L’Union Africaine aurait pour ce faire, la tâche de rendre accessible à tous les Africains ces vertus et lutter pour la mise en œuvre de ce projet. Mais pour y parvenir, quelques défis devraient être relevés.
III. DEFIS LIES A LA CREATION DES ETATS-UNIS D’AFRIQUE
Les Etats–Unis d’Afrique, projet fédérateur du continent africain ont comme enjeu fondamental, l’intégration économique, sociale, culturelle et politique de l’Afrique. Faire donc du continent africain, un seul Etat fédéral, doté d’une armée forte, d’une monnaie unique et à même de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale. Toutefois, pour cette entreprise, la volonté et le pragmatisme politique de par les dirigeants politiques africains et la concession de la souveraineté étatique paraissent comme les moyens pouvant aider et entrainer la réalisation de ce projet.
Or, l’évidence est que, la souveraineté constitue l’élément de base de l’identité des Etats tant au plan national qu’international ; la concession de celle–ci paraît aux yeux des dirigeants africains comme une pratique aberrante. Voilà ce qui semble être un obstacle de taille et un défi à relever quant à la réalisation du projet de création des Etats – Unis d’ Afrique.
Lors du sommet de l’OUA tenu en Juillet 2000, à Lomé, au Togo, les Chefs d’Etat et de gouvernement africains avaient adopté une démarche très intéressante pour l’intégration continentale. Cette démarche consistait à créer d’abord une « Afrique économique » avant d’envisager une « Afrique politique ».[24] C’est par exemple, la stratégie optée par l’Union Européenne.
Mais, en juillet 2007, au sommet de l’UA tenue à Accra, au Ghana, ces Chefs d’Etat néo–panafricanistes pressés, proposèrent la création sans délai d’un Etat continental sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique et d’une intégration politique avant l’intégration économique. Avec une Afrique qui ne réussit pas à parfaire ses relations régionales, ce serait utopique et prématuré d’en envisager sur le plan continental, vu la méfiance et la réticence qui règnent parmi les dirigeants africains.
IV. QUEL AVENIR POUR LES ETATS-UNIS D’AFRIQUE APRES KADHAFI ?
Ostensiblement, le constat qui est fait est que, les principaux obstacles à la réalisation de l’union africaine agissante mieux, des Etats-Unis d’Afrique qui sont brandis, semblaient s’être orientés vers la personne du Guide Libyen Mouammar Kadhafi. Il y avait là, sans doute, un problème de leadership dû au fait que depuis 1999, c’était l’ancien Président Libyen, qui avait pris sur lui de rallumer le flambeau éteint des Etats-Unis d’Afrique dont l’idée semblait être mis sous les boisseaux pendant des années. Et il le faisait de façon qu’il fût connu, en mettant en place une diplomatie de l’argent.
C’est justement cette manière de convaincre à coup d’argent pour essayer d’imposer les idées qui avait conduit un certain nombre d’autres responsables politiques africains à prendre ombrage du leadership de Kadhafi et à s’irriter contre lui, parce qu’il était considéré comme essayant de contourner tout le monde.
En tenant compte en plus de la mauvaise image qu’avait le leader Libyen en occident, les critiques n’avaient donc pas manqué de fuser de partout. Il était par exemple soutenu que la Libye baignait dans une dictature stalinienne ; qu’elle était l’exemple le plus accompli du racisme, de la discrimination et de la xénophobie contre les Noirs. Il était également reproché à la Libye de Mouammar Kadhafi de se sentir à l’étroit et d’avoir accumulé beaucoup d’unions mort-nées avec l’Algérie, l’Egypte, le Soudan, la Tunisie, le Tchad, etc.[25]
Même en 2009, lors de son élection à la tête de l’Union Africaine, les arguments contre s’avancèrent : l’élection du dirigeant Libyen Mouammar Kadhafi à la tête de l’Union Africaine, malgré la volonté respectable du « Roi des rois traditionnels d’Afrique » pour les Etats-Unis d’Afrique, ne représente-t-il pas l’exemple à bannir sur le continent si l’on souhaite donner un héritage à la postérité et favoriser la mise en place des mécanismes efficients pour promouvoir le développement du continent africain, pour le bien-être de sa population ? S’interroge Djibril Diop.[26]
En effet, poursuit-il, depuis 1969, à la suite d’un coup d’Etat ayant renversé le Roi Idriss Ier, Kadhafi s’est maintenu au pouvoir et soutenait toute insurrection antidémocratique sur le continent. S’il a longtemps milité pour la mise en place d’un gouvernement continental, son image et sa gestion du pouvoir donnent-ils un crédit à ce nouveau tournant ? Le leader Libyen qui s’autoproclamait Président de l’Afrique, n’avait-il pas jeté dans le désert des milliers d’Africains du sud du Sahara, candidats malheureux à l’immigration clandestine vers les côtes Italiens de Lampedusa ?
Quel message le Guide Libyen compte-t-il donner à l’Afrique, à ses pairs pendant sa présidence, une Afrique plus digne de ses dirigeants ou compte-t-il en faire une autre tribune pour mettre en valeur ses frasques et son égo ? N’est-t-il pas temps pour l’Organisation panafricaine de faire son introspection en examinant les causes qui conduisent aux coups d’Etats et autres crises politico-institutionnelles au lieu de faire des condamnations tous azimuts après que le mal ait été fait ?
Voilà, conclut Djibril Diop, un ensemble de questionnements sur un fond complètement délétère en filigrane qui, sans solution vraie, ne peuvent qu’exacerber et détériorer le vécu des populations africaines, pour qui, au passage, cette initiative n’a pas de véritable signification tant qu’ils seront maintenus par leurs propres compatriotes dans une paupérisation avec en face une extravagance honteuse.
Mais là n’est pas la question. En effet, il convient de rappeler que le panafricanisme n’est pas l’idée de Mouammar Kadhafi, ni les Etats-Unis d’Afrique. Cette idée existait avant que le leader Libyen n’accède au pouvoir et il résistera nonobstant le passage au pouvoir et la disparation du Guide Libyen. La seule chose qui avait été fait par le leader Libyen, c’était de récupérer l’idée qui est née et existé depuis bien longtemps. Et comme d’habitude de faire une forte diplomatie d’argent pour que ses collègues acceptent l’idée des Etats-Unis d’Afrique ou du moins ne s’y opposent pas.
Les questions auxquelles nous répondons ici sont celles de savoir : comment l’Afrique pourra éventuellement surmonter les obstacles et aboutir un jour aux Etats-Unis d’Afrique ? Quels sont les mécanismes à imprimer pour pérenniser ce projet en Afrique et parmi les Africains et parvenir à une échéance convenue à sa réalisation ?
La plupart des obstacles les plus dures qui empêchent l’Afrique de s’unir sont beaucoup plus liés à l’action ou à la volonté des dirigeants qu’autres choses. En effet, que ce soit le problème ethnique ou le problème de souveraineté, les niveaux de développement économique ou le problème culturel, tout peut être surmonté avec succès, s’il ya vraiment de la volonté politique. Et surtout, si les micros Etats que nous avons aujourd’hui cessent de se particulariser afin de servir des dirigeants véreux, pour s’orienter vers la construction des Etats-Unis d’Afrique.
L’intégration économique et politique sur les plans régional et sous régional pourraient être réalisées et conduire à une intégration continentale, si les uns et les autres cessent de voir le développement uniquement dans le cadre des micros Etats issus de la colonisation ; ce qui est une véritable utopie à l’heure de la mondialisation. L’égoïsme étroit qui consiste à croire que chaque Etat africain pourrait conserver ses avantages et se développer à lui tout seul est une vue complètement utopiste du bonheur de ces entités issues de la conférence de Berlin.
Les Etats africains devraient comprendre qu’ils sont appelés à défendre leurs intérêts et les intérêts du continent. Mais tant que les Chefs d’Etats africains continueront à s’installer au pouvoir par des voies non démocratiques et qu’ils ne pourront s’y maintenir que par la volonté de certaines puissances étrangères qui les imposent contre la volonté de leurs peuples, ils ne pourront guère s’affranchir de la tutelle de ceux qui sont en même temps, ou souvent, les principaux prédateurs du continent africain et qui ne souhaitent jamais le voir s’unir.
A cet effet, Théophile Obenga écrit : « la création d’un Etat fédéral africain, fédérant les ressources et les faiblesses, pour donner aux Etats africains le maximum de chances de devenir matériellement et culturellement puissants ».[27]
Cette dernière stratégie relève, aux yeux d’Obenga, non point de l’accessoire mais de l’essentiel pour la reconnaissance de l’Afrique. L’essentiel, c’est non pas le confinement des peuples africains à l’Etat-Nation, mais la réalisation d’une union continentale au sein d’un Etat fédéral pour apercevoir cet essentiel et travailler à sa réalisation. L’Afrique a besoin d’un leadership, de dirigeants visionnaires et volontaristes et, donc, d’une nouvelle conscience africaine.
C’est seulement en actionnant cette stratégie qu’il est possible de déjouer les pièges, de surmonter les obstacles et de relever les défis de la domination et des humiliations que la géopolitique du monde contemporain dresse sur le chemin de l’Afrique, géopolitique établissant et consolidant les Etats « nains », balkanisés et faibles d’un côté et les « Etats grands », unis et fort de l’autre.
Pour atteindre la lune, il faut viser les étoiles dit-on ! La création des Etats-Unis d’Afrique devrait être dans l’esprit des dirigeants africains surtout et des peuples africains, un idéal à atteindre. Et si l’on ne pourrait arriver à ce fédéralisme, ce projet pourrait constituer un stimulus pour l’atteinte au moins d’un niveau considérable d’intégration en Afrique.
La création des Etats-Unis d’Afrique se heurte à une réticence. Théoriquement, nous pouvons expliquer cette réticence à la création de cette fédération par le fait qu’une nouvelle forme institutionnelle ne peut prendre corps et résister, que si elle présente au sein de l’environnement dans lequel elle est implantée, « une valeur largement reconnue ». Il faut pour qu’une forme d’institution voie le jour au sein d’un environnement culturel donné, qu’il y ait une « logique de convenance sociale » par opposition à une « logique instrumentale ».[28]
Le fédéralisme est peut-être pour les acteurs africains une pratique aberrante dans l’accomplissement de leur objectif d’unité et d’intégration. Cette hypothèse peut être validée en observant les systèmes politiques africains dont la majorité s’éloigne de la forme fédérale. Toute tentative du fédéralisme a toutes les chances d’être perçue comme non pertinente sinon, totalement combattue, dans la mesure où elle heurte les attentes et les croyances dominantes sur le continent
Toutefois, cette vision de la création des Etats-Unis d’Afrique devrait cesser d’être un rêve et se réaliser, c’est même un impératif ; puisque, les mutations actuelles qu’imposent les systèmes politiques et socio-économiques nouveaux à travers le monde, en font une impérieuse nécessité. Pour y parvenir, il faut de la volonté politique et du pragmatisme politique qui se traduisent par la concession de la souveraineté. La souveraineté est historique tandis qu’une institution est dynamique.
Les changements dans la souveraineté en tant qu’institution devraient constituer une priorité majeure dans le canevas des programmes de l’Union Africaine pour parvenir aux Etats-Unis d’Afrique. Toutefois, ils n’interviendront pas du jour au lendemain, l’Union Africaine devrait s’y appliquer en organisant des rencontres pour la conscientisation de ses membres dans ce sens.
La finalisation des Etats-Unis d’Afrique, mieux l’exécution de ce projet avait été fixée pour 2015 lors du sommet de l’UA tenu à Accra, au Ghana en 2007. Cette année est passée sans que les dirigeants africains inscrivent dans leurs agendas la mise en œuvre de cette entreprise. Pour les uns, elle ne constitue pas la priorité, pour d’autres elle est simplement utopique. Nous sommes persuadés que cette entreprise est salutaire pour le continent, les différents axes à réaliser dans cette entreprise à savoir : une force militaire africaine conjointe, une monnaie unique africaine, un passeport africain peuvent pourtant entrainer le rapprochement voulu des Africains.
Si les Etats-Unis d’Afrique n’ont pas eu l’écho souhaité en 2015, ils peuvent être reclassés dans l’agenda de l’Union Africaine pour les 15 prochaines années. Ainsi, l’année 2030 marquerait en même temps l’atteinte des Objectifs de Développement Durable et pourrait aussi constituer l’année officielle de la construction d’une entreprise durable consacrant la réelle union des Etats africains.
Il faudrait que les dispositions de l’acte constitutif de l’UA, comme celle qui pense inclure toutes les composantes de la société civile, femmes et jeunes soit mise en œuvre pour discuter des stratégies, en vue de la concrétisation du projet des Etats-Unis d’Afrique. Car, il est essentiel que les peuples des Etats d’Afrique à tous les niveaux, puissent jouer un rôle éminent dans ce processus. L’Afrique est capable de régénérescence. Les ressources et les potentialités ne manquent pas. Cependant, il faudrait franchir le cap de l’afro-pessimisme pour voir le rêve des panafricanistes se réaliser.
Il faudrait que les Etats africains cessent de se conformer aux principes d’une souveraineté absolue et exclusive surtout à ce moment où l’interdépendance est la règle dans les rapports internationaux. Il faudrait que les Etats cèdent volontiers une portion de leurs souverainetés pour parvenir à la création des Etats-Unis d’Afrique.
La solution alternative au projet des Etats-Unis d’Afrique c’est l’idée de la renaissance africaine. Celle-ci n’a de possibilité d’échapper à la domination par l’Occident, de sortir du couloir de la mort dans lequel les autres l’enferment, qu’à travers une discussion intelligente, audacieuse et courageuse de s’arracher aux paradigmes occidentaux, de forger ses propres voies de salut, de créer son propre paradigme, son propre espace vital, pour se développer et être présent au monde, sans esclavage ni tutelle. Tel est l’enjeu essentiel du projet de l’Etat fédéral africain.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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WADE A., Un destin pour l’Afrique,
Karthala, Paris, 1990.
[1] Extrait de l’allocution de Mouammar Kadhafi au IXème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine tenu du 1er au 3 Juillet 2007 à Accra, au Ghana
[2] KAZADI D.M. J.R., Mouammar Kadhafi: la face cachée de l’histoire du Guide de la Jamahiriya Libyenne, Compodor, Kinshasa, 2007, p. 32.
[3] Ibidem, p. 46.
[4] DECRAENE P., Le panafricanisme, Que sais-je ? PUF, Paris, 1996, p. 6.
[5]Ibidem, p.17
[6] WADE A., Un destin pour l’Afrique, Karthala, Paris, 1990, p. 45.
[7] « Le panafricanisme », in www.google.fr, consulté le 14 Mars 2016.
[8] Ibidem.
[9] DIOP D., « Les Etats–Unis d’Afrique, et après ? »,disponible sur www.african-geopolitics.org, 2009.
[10] Ibidem.
[11] Déclaration sanctionnant la fin du IXème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA tenu du 1er au 3 juillet 2OO7 à Accra, au Ghana,disponible surwww.african-union.org, consulté le 11 Février 2016.
[12] DECRAENE P., Op. cit., p. 16.
[13]Ibidem, p. 18.
[14] BAUBY P., Les leaders africains, Montchrestien, Paris, 2007, p. 153.
[15] DECRAENE P., Op. cit, p. 24.
[16] N’GBANDA N.A.H., Afrique : Démocratie piégée, Equilibres aujourd’hui, Paris, 1994, p. 83.
[17] KWAME N., L’Afrique doit s’unir, Payot, Paris, 1964, (traduit de l’anglais par L. Jospin) cité par BAUBY P., Op. cit., p. 154.
[18] Ibidem.
[19] KAZADI D.M. J.R., Mouammar Kadhafi: la face cachée de l’histoire du Guide de la Jamahiriya Libyenne, Compodor, Kinshasa, 2007, p. 32.
[20] YAHMED B., « Le gouvernement de l’Union », in Jeune Afrique intelligent, n° 47, 2007, pp. 13-14.
[21] Extrait de l’allocution de Mouammar Kadhafi au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA tenu du 1er au 3 Juillet 2007 à Accra, au Ghana, in, www.african-union.org, consulté le 11 Février 2016.
[22] Le Sud Soudan, 54eme Etat africain devient membre de l’UA à son indépendance, suite de la Balkanisation intervenue au Soudan en 2011.
[23] Extrait des commentaires du Magazine Afrique espoir sur les Etats-Unis d’Afrique n°46, Avril–Juin, 2009.
[24] MVELLE G., Op. cit.,p. 176.
[25] KAZADI D.M. J.R., Op. cit., p. 36.
[26] DIOP D., Art. cit..
[27] OBENGA T., L’Etat fédéral d’Afrique : la seule issue, L’Harmattan, Paris, 2012.
[28] MVELLE G.,Op. cit.,p. 178.