Augustin BULAIMU WITE-NKATE MYANDA
Professeur d’Universités et Ambassadeur Plénipotentiaire de la RDC
RESUME
Cette réflexion présente les multiples défis auxquels la diplomatie de la République Démocratique du Congo se trouve confrontée d’une part, et d’autre part, ses différentes stratégies qu’elle est appelée à adopter pour son meilleur positionnement géopolitique dans le concert des nations.
Mots-clés : stratégie, diplomatie, géopolitique, RDC
INTRODUCTION
Le réseau diplomatique congolais s’est progressivement institué avec les partenaires extérieures depuis le 30 juin 1960, non seulement sous la seule réserve des obstacles idéologiques pendant la période de la Guerre Froide à laquelle la théorie des relations internationales était transformée par la nature de l’après-guerre froide, par l’inadaptation des « anciennes » théories qui provenait de l’inefficacité de ces théories élaborées dans les contextes étrangers aux phénomènes liés à la mondialisation, à appréhender les nouvelles réalités.
Par sa genèse, l’importance de la mission diplomatique était d’abord visée sur les fonctions politiques que les Etats entretenaient sur les aspects militaire, économique et sécuritaire reconnus par la convention de vienne sur le droit diplomatique du 18 avril 1961 dans son article 3. Cependant, l’évolution de la diplomatie s’est affirmée par une condition préalable de la reconnaissance mutuelle pour établir les rapports entre deux pays donnés.[1]
Par ailleurs, l’institution diplomatique née de la nécessité inéluctable des Etats à une certaine époque, parce qu’ils étaient condamnés à se lier d’amitié de coopération pour chercher ce qu’ils manquaient. C’est ainsi qu’ils avaient conclu des coopérations sporadiques ou intermittentes d’une manière isolée. C’est alors que les itinérances entre les Etats et la permanence de coopérations se fondent pour permettre aux diplomates le bon fonctionnement de leur mission de représentation, de la négociation, de l’information par l’observation et la protection des intérêts de son Etat, afin de l’harmoniser et le maximiser aux mieux.
En effet, la RD Congo, avec la création du ministère des Affaires Etrangères dirigé à cette époque par Monsieur Justin-Marie Bomboko, elle s’est dotée d’un appareil diplomatique à l’instar des pays les plus vétérans, comme la France, lequel a permis à notre pays de s’intégrer dans l’établissement des liens diplomatiques bilatéraux permanents et multilatéraux dont l’amertume couvre le monde entier.
Durant cette période, la difficulté des missions diplomatiques était fongible pour la RD Congo car elle ne se disposait que 10 missions diplomatiques dans les cinq continents ; son isolement sur le plan diplomatique était dû à cause de cette crise, les premiers diplomates congolais ont été choisis parmi les fonctionnaires de l’Administration coloniale.[2]
Très souvent lors de la prise de contact avec les membres de la Cellule des Ambassadeurs du Ministère des Affaires Etrangères, la quasi-totalité de nouveaux Ministres et leurs adjoints Secrétaires d’Etat ou Vice- Ministres selon les termes des Ordonnances les nommant par Son Excellence Monsieur le Président de la République ont tendance à leur demander de les présenter une réflexion pouvant leur permettre de mieux gérer cette institution de haute sensibilité internationale.
En réponse à leurs attentes, nous avons toujours préféré être pragmatique en nous référant à nos propres expériences vécues à la Centrale et de l’extérieur en tant que représentant de la RD Congo auprès d’autres gouvernements à l’étranger mais surtout en associant les points de vue d’autres collègues fonctionnaires des Ministères ne faisant pas partie des membres de la Cellule des Ambassadeurs ainsi que les observateurs avertis en la matière pour donner les éléments de nos réflexion sur certains aspects négatifs du fonctionnement de notre diplomatie et les remèdes à y apporter.
La nécessité d’une diplomatie de rayonnement renvoie à la question du lobbying qui a encore trop mauvaise presse en RD Congo à cause de l’influence pesante des pays frontaliers qui agressent ce pays sous couvert des intérêts inavoués des multinationales, et à l’absence de véritables stratégies d’influence qui permettraient de combiner avantageusement le hard power et le soft power.
A cet égard, nous avons beaucoup à apprendre des Etats dynamiques dans le lobbying comme le Rwanda, l’Angola, l’Ouganda, la République Sud-Africaine mais aussi de la Chine, de la Russie ou de petits pays comme Singapour ou le Qatar, qui utilisent admirablement toutes leurs ressources diplomatiques, administratives et financières pour avancer leurs intérêts sur le grand échiquier géoéconomique et géopolitique mondial.
Mais avant de nous y engager, nous jugeons important d’amener nos lecteurs à partir de la petite question de savoir qu’est-ce que le métier d’un diplomate et ses exigences particulières ?
I. METIER DE DIPLOMATE ET SES EXIGENCES PARTICULIERES
L’objet de la diplomatie est, par l’usage des méthodes pacifiques et la pratique de la conciliation, de resserrer les liens d’un pays avec les gouvernements alliés, de développer les rapports amicaux avec les pays neutres, et aussi de tenir en respect les gouvernements hostiles. Dans cette tâche immense qu’est la consolidation de la paix, l’action des Chefs de Mission diplomatique peut se caractériser par ces quatre termes: représenter, protéger, informer, négocier.
La notion de représentation constitue l’élément primordial. L’ambassadeur représente le gouvernement de son pays vis-à-vis des autorités du pays où il est envoyé. Il est doté de l’autorité nécessaire pour parler en son nom, base indispensable de toute négociation. Chargé de recevoir comme de transmettre les communications échangées entre les deux gouvernements, il est l’intermédiaire permanent et sûr des rapports entre Etats; comme la source officielle et attitrée de toutes les informations concernant son propre pays.
Cette notion de représentation était poussée très loin lors des monarchies absolues Les ambassadeurs étaient considérés comme représentant la personne de leur souverain, et il était admis qu’ils eussent, directement accès auprès de celui duquel ils étaient accrédités. Le règlement de Vienne porte encore la trace de cette conception’ qui se trouve à l’origine des immunités exceptionnelles reconnues partout aux chefs des missions diplomatiques, et qui causa bien des rivalités, protocolaires. La généralisation du régime parlementaire, en retirant aux souverains toutes prérogatives en la matière de politique étrangère, a mis fin à cette situation.
Une autre acception de l’idée de représentation est aussi importante. On sait que les diplomates sont, pour la masse de la population de leur pays de résidence, l’image du pays qui les a envoyés. La conduite publique comme la vie privée de l’ambassadeur et de sa Mission doivent être irréprochables. La valeur morale des agents devrait constituer un critère essentiel de leur sélection et de leur affectation. Un Etat qui, sciemment, se fait représenter par un homme qui ne mérite pas le respect ne se respecte pas lui-même.
Chaque gouvernement doit, enfin, donner aux fonctionnaires qu’il envoie le représenter à l’étranger les moyens nécessaires pour donner aux autorités, comme à la population, la meilleure opinion possible de ce qu’est leur pays et, notamment, de mener un train de vie qui provoque la considération. Les ambassadeurs doivent pouvoir recevoir largement quand les circonstances l’imposent, et ils ont, à cet égard, des responsabilités particulières. Recevoir bien est une obligation.
Recevoir à bon escient est aussi important que recevoir beaucoup. Mais, il faut aussi rechercher les contacts avec les notabilités locales, parfois réticentes ou difficiles à joindre, ce qui exige doigté et tact Les relations personnelles qui peuvent se créer à cette Occasion seront toujours des plus précieuses pour le progrès dont l’ambassadeur est responsable en termes de bonnes relations entre les deux Etats.
« Il est facile aux diplomates de voir les autorités centrales du pays de leur résidence et leurs collègues étrangers. Un devoir essentiel de l’ambassadeur est de protéger ses ressortissants, ainsi que le commerce et la navigation de son pays. La vigilance comme l’imagination du chef de Mission doivent s’exercer pour s’assurer non seulement que ses concitoyens, les bâtiments battant pavillon de son pays et les rapports commerciaux sont traités suivant les accords en vigueur, mais aussi que ses administrés ne sont pas victimes de procédés discriminatoires ».[3]
II. DEFIS DE LA DIPLOMATIE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Après
les recherches obtenues auprès de Danwa Mulume Sangwa[4],
les enquêtes à travers les interviews et autres notamment nos expériences
personnelles, nous avons jugé, pour raison de clarté et de compréhension facile,
présenter nos résultats de la manière suivante :
Tableau 1 : Présentation des défis du fonctionnement de la diplomatie Congolaise/Principaux défis du fonctionnement de la diplomatie
Domaine | Défis/problèmes de la diplomatie congolaise |
Administration diplomatique | Insuffisance des moyens financiers et matérielsPléthore diplomatique de la RDCFaible administration diplomatiqueMauvais recrutement des diplomates sur base de subjectivité et de complaisanceAbsence de la culture de méritocratie et responsabilité politiqueRecyclage et formation des diplomatesAbsence des spécialistes à leur placeManque de volonté politique pour pourvoir au fonctionnement des ambassades et consulsNon considération des diplomates dans le pays où ils sont affectésAbsence de professionnalismeFaible leadership au sein des organisations internationales |
Coopération | Absence d’une coopération profitable à la NationIncapacité de négocier des accords bilatéraux et multilatéraux qui tiennent compte de l’intérêt nationalIncapacité de convaincre les partenaires pour cause de la RDC |
Politique extérieure | Politique extérieure floueAbsence de vision diplomatiqueAbsence d’une armée dissuasiveIncapacité de transformer la potentialité en richessePerméabilité des ministères de souveraineté et de sécuritéAbsence de production dans le pays et insuffisance des moyens des tous ordres |
Par rapport à la présentation détaillées dans le tableau ci-haut, nous avons choisi de mettre en exergue 10 principaux défis de la diplomatie congolaise à cause de leur récurrence lors des entretiens avec nos enquêtés mais aussi lors des débats divers sur la question. Il s’agit notamment de :
- politique extérieure floue ;
- absence de vision diplomatique ;
- absence d’une armée dissuasive ;
- insuffisance des moyens financiers et matériels ;
- pléthore diplomatique de la RDC ;
- démotivation de la crème diplomatique ;
- faible: administration diplomatique ;
- absence d’une coopération profitable à la Nation ;
- incapacité de transformer la potentialité en richesse ;
- perméabilité des ministères de souveraineté et de sécurité ;
Si les acteurs actuels de la diplomatie cherchent réellement à modifier la place dc la RDC dans le concert des nations, ils devront monter les stratégies efficaces autour d’une vision et d’un plan opérationnel des actions prioritaires en réponse à ces défis.
En effet comme nous venons de l’analyser la diplomatie congolaise ne joue pas son rôle qui lui revient et n’exploite pas à bon escient toutes les règles d’or et stratégies. Telle est l’exclamation de Monsieur Rung-a-Wan, ancien Vice-Ministre des Affaires étrangères de la RDC après son constat amère. Le danger permanent de la diplomatie congolaise reste l’immobilisme. Tant que les stratégies identifiés ne seront pas mises en œuvre, les spécialistes vont beau écrire mais rien ne pourrait jamais marcher.
Tous les organes de notre diplomatie et surtout la Présidence de la République devront prendre conscience de cet immobilisme meurtrier de notre image et de notre politique extérieure. Dans son ouvrage la diplomatie congolaise régionale le feu Philippe Biyoya a eu à renchérir cela mais en positivant la description de la diplomatie congolaise. Ce qu’il voulait, ce que les choses changent. Il voulait assister à un comportement et des actions contraires à la pratique qui se faisait voir. Il avait décrit la diplomatie congolaise en ces termes :
« Une nouvelle diplomatie de la République Démocratique du Congo, pour passer du temps des apparences au temps des réalités, requiert des réformes institutionnelles devant matérialiser l’institutionnalisation des dispositions constitutionnelles des articles 86, 91, 213, 217 de la Constitution du 18 février 2006 ».[5]
Et comme celles-ci soutiennent que la diplomatie et la stratégie sont du domaine de collaboration entre le Chef de l’Etat et le Gouvernement, émanation de l’Assemblée nationale, la réforme consisterait dans le renforcement institutionnel des services présidentiels chargés de l’assistance dans la décision de la grande politique nationale, dont particulièrement le Conseil national de Sécurité et la mise en place d’un Secrétariat général à la présidence chargé des questions régionales et humanitaires. Le collège des Conseillers politique et diplomatique ainsi que les ambassadeurs itinérants relèveraient de la direction du Cabinet et ne participeront pas au système de prise de décision. Le Président doit œuvrer à réduire la tendance à la dispersion et à l’entrave de la diplomatie classique par des diplomaties parallèles.
Au Ministère des Relations extérieures ou des Affaires Etrangères, la restructuration des directions selon les matières et non plus selon la géographie, s’impose pour tenir compte des enjeux de la politique mondiale désormais globale, en une diplomatie requalifiée et spécialisée, tout cela couronné à la création d’un Centre Spécialisé de Gestion des Crises. En effet, les résolutions des Conflits comme une doctrine diplomatie stratégique africaine réadaptée au contexte mondial servirait mieux un agenda africain bien circonscris concernant la perspective dc l’émergence économique mondiale.
Au regard de sa faiblesse nationale dans le domaine économique et militaire, la restauration pourrait venir du culturel par ce que nous avons appelé “la média-diplomatie”, vecteur d’insertion ‘dans le système mondial de communication et de l’information. De cette analyse nous pensons que, parmi les conditions de développement d’une diplomatie, il y a lieu de citer :
- Le progrès économique ;
- Le développement des communications ;
- la dépendance envers les marchés extérieurs ;
- la prise en compte des menaces extérieures à sa sécurité ;
- l’ouverture des frontières ;
- la dynamique d’un commandement ouvert à la réflexion et l’observation des exemples étrangers.
Ces conditions ont rarement été remplies dans le contexte diplomatique africain en général et de la RDC en particulier. La diplomatie trouve sa force dans la vitalité de la nation et s’apprécie par la Férocité de la compétition ou des ambitions rivales entre les nations. La mise en œuvre d’une politique étrangère exige avant tout dynamisme et fermeté.
A tout dire sur notre diplomatie, l’autopsie que nous pouvons permettre de résumer est que Mue par la seule volonté d’une normalité administrative, sorte de grégarisme institutionnel, pour de nombreuses raisons, la diplomatie congolaise, a fini par n’être même plus diplomatique pour se confondre avec un simple exercice des relations publiques ou de communication externe. Au besoin de défendre son identité géopolitique et de se protéger contre les menaces et périls extérieurs ou encore de se livrer avec les autres à la compétition r économique ou industrielle, la diplomatie congolaise a substitué le besoin de figuration.[6] Mais alors quelles sont les perspectives ?
III. STRATEGIES ET PERSPECTIVES DE LA DIPLOMATIE CONGOLAISE POUR LE POSITIONNEMENT GEOPOLITIQUE DE LA RDC
Parler des perspectives renvoie au besoin de proposer des stratégies et des plans opérationnels. Comment se définir, se positionner et se redéployer dans une Afrique tendue entre le statu quo postcolonial d’espace mondial hétéro-déterminé et l’horizon de la puissance internationale du rêve panafricaniste de la fédération des Etats ou d’une République impériale serait la question à laquelle il faut répondre ; surtout que l’Afrique parait toujours incapable de choix stratégiques autre que la diplomatie de rassemblements collectifs et supplicateurs de la générosité des autres, sans attentions à leurs égoïsmes et aux ardeurs rivales des unes et des autres de disposer sans autre forme de procès de nos ressources, c’est-à-dire de nos raisons de prétendre à un rôle international. Tel est le questionnement que nous devons nous poser.
Aussi pensons-nous que pour contribuer désormais à sortir l’Afrique de son bloc géographique pour lui donner une identité géopolitique décomplexée, telle devra être désormais la bataille diplomatique qui vaille et dans laquelle la République Démocratique du Congo à travers la paix et le développement devra s’enraciner. La nation qui a beaucoup reçu des autres se propose de montrer plus que de la gratitude et pense y parvenir à l’unisson avec ses voisins régionaux et avec tous les autres Etats des autres régions d’Afrique. Nous proposons une logique précurseur des moments d’éclosion de la diplomatie congolaise.
En effet, la diplomatie congolaise, pour être une grande entreprise de générosité et de convivialité, devrait avant tout se préoccuper de véhiculer au monde à la fois l’image et le message de cet acteur pressé par les temps mondial et régional à montrer ses marques en revendiquant sur l’échiquier un rôle, une place dans l’équilibre mondial ou simplement régional des forces. Le nouveau contexte régional des crises et des conflits à large impact régional et brassant les géopolitiques particuliers des nations de la région n’aura pas été favorable à la possibilité pour la République Démocratique du Congo de développer et d’afficher une posture conséquente.
Il s’agirait dans ce cas, d’abord de renaître à la grandeur, à la puissance et à la dignité, de postuler ou de briguer un rang ou un râle compréhensible et acceptable, preuve que l’on a réussi à surmonter les handicaps majeurs et surtout que l’on est sorti du cercle rouge de la vulnérabilité maladive et que l’on compte désormais dans la grosse addition.
La fréquentabilité, l’assumation des charges statutaires (cotisations, présidence des organes des communautés et institutions régionales, les visites rendues ou reçues) et autant d’autres indicateurs de présence et d’action seraient de bons signes d’une volonté de coopération, sans constituer nécessairement l’essentiel d’une diplomatie volontariste. L’horizon de la puissance régionale constituerait alors une véritable frontière à fixer aux ambitions et aux rêves de passer des temps des apparences, temps de la figuration aux temps des réalités.
L’objectif stratégique à poursuivre et à atteindre dans le nouvel élan d’une diplomatie régionale pensée, conçue et conduite par une vision ou doctrine congolaise appropriée, c’est de parvenir à retourner la situation des contraintes externes inexpugnables, d’imposer ou de contribuer à restructurer le mouvement de recomposition stratégique et de reconfiguration géopolitique des forces régionales. Que dire donc? Il faut peut-être chercher à savoir ce dont dispose la RDC pour une projection diplomatique réussie.
III. 1. Evaluation des opportunités de la RDC et rôle de la diplomatie congolaise
Après des élections de 2006 et de 2011, la RDC s’est alignée désormais sur la liste des pays que l’on pourrait qualifié de fréquentables. Pour s’en convaincre, il suffirait de voir le nombre de missions de haut niveau venues présenter leurs civilités aux institutions élues mais aussi exprimer leur volonté de coopération avec la RDC. Un autre signe qui ne trompe pas est le retour d’investisseurs privés. L’on assiste depuis le début de la Troisième République à un ballet quasi ininterrompu des investisseurs à la recherche de partenariats en RDC.
Cependant, la nouvelle démocratie se retrouve à l’épreuve du rôle géostratégique de la RDC dans la région des Grands Lacs, en Afrique et dans le monde par rapport à cette question des partenaires économiques. Les ressources minières variées, la chaine des châteaux d’eau, le scandale énergétique, les potentialités agro-pastorales, la mosaïque humaine sont autant d’opportunités que la RDC pourra agiter pour se repositionner sur le plan géopolitique et géostratégique. Une diplomatie engagée pour l’intérêt national et pour la promotion de ses citoyens est capable de négocier avec des partenaires divers pour rendre la RDC un véritable carrefour d’échanges qui promeuvent la coopération entre les nations et les peuples.
III. 1. 1. Des ressources minières
Tout au long de l’histoire, les minéraux précieux ont été liés au conflit, au banditisme et à la violence. Toutefois, des minéraux comme l’or, les diamants et le coltan, de même que d’autres ressources naturelles comme le bois d’œuvre, peuvent également apporter une contribution positive à la vie quotidienne de nombreuses personnes dans le monde entier. De même, ces minéraux peuvent rendre l’environnement de ces personnes plus beau et luxueux, tout en fournissant les matières premières de produits industriels. S’ils sont adéquatement gérés, ils contribuent dans une large mesure à augmenter la croissance et la stabilité économique.
Malheureusement, les caractéristiques de ces ressources engendrent aussi le potentiel de se répercuter négativement sur la paix, la sécurité et le développement durable. Songeons, par exemple, à l’un des plus riches pays mondiaux en termes de richesses minérales, la République Démocratique du Congo qui est parfois appelée un « scandale géologique ». La grande majorité de sa population ne profite pas des richesses du pays.
Depuis l’époque coloniale, le Congo a connu une longue histoire de pillage, culminant en ce que l’on nomme désormais « la Première Guerre mondiale de l’Afrique ». Au cours du siècle dernier, les puissances coloniales, les dictateurs de la Guerre Froide, les États limitrophes, les entreprises privées, les réseaux criminels et les forces rebelles ont pillé le pays tour à tour.
Le président Kabila a promulgué en mars 2018, le nouveau Code Minier tel qu’adopté par les deux chambres du parlement, au début de l’année. Et cela, contre l’avis des grandes compagnies minières. Lors de la lecture de l’ordonnance portant promulgation de ce nouveau code, le gouvernement a cependant réaffirmé sa volonté de poursuivre les échanges avec ces dernières.[7]
L’objectif avoué du gouvernement congolais en modifiant le code minier est d’accroitre les recettes publiques. Cette réforme du code minier a commencé en 2012 avec comme visée d’accroître les recettes publiques issues des ressources du pays.
Selon la présidence, il s’agirait de les faire passer de 800 missions de dollars américains à 2 milliards de dollars américains.
Sachant que le budget de l’Etat en 2018 est d’à peine 5 milliards de dollars américains alors que ce pays est le deuxième plus grand pays d’Afrique (2,3 millions kilomètres carrés) qu’il compte environ 82 millions d’habitants et que ses besoins en éducation, santé, infrastructure, sécurités, justices sont loin d’être satisfaits. La RDC est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres du monde, malgré la richesse de son sous-sol.
Dans cette perspective d’augmenter les recettes publiques, le nouveau code minier a pris la mesure de la hausse des taxes de 2 à 3,5 % du chiffre d’affaires sur les minerais « classiques » (tels que le cuivre et l’or) et de 2 à 10% sur les minerais stratégiques. La liste complète des minerais stratégiques vient d’être publié par un arrêté du Premier Ministre, le cobalt, le coltan et autres minerais y figure.
La RDC assure les deux tiers de la demande mondiale de ce minerai rare, indispensable pour la confection des téléphones et ordinateurs portables, des batteries de nouvelles générations des voitures électriques.
Le taux de la redevance sur le cobalt, dont la RDC a fourni les deux tiers de la demande mondiale en 2017, va passer de 2% à 10% si un décret du premier ministre clase ce minerai rare parmi les substances stratégiques. Juste avant la promulgation, le prix du cobalt a battu un nouveau record à la Bourse des métaux de Londres, à 84 mille dollars américains la tonne.
L’instauration d’une « bonne gouvernance » dans le secteur minier de la RDC restera lettre morte sans une vision partagée du développement global, sans une volonté politique effective, sans l’instauration d’un État de droit et d’une culture démocratique, sans l’adoption et l’application des stratégies et des mesures conséquentes, sans, enfin, la paix, la sécurité et la stabilité politique, condition sine qua non pour tout développement durable.
Une gestion du secteur minier favorable au développement de la RDC n’adviendra pas si les parties prenantes, à savoir, le gouvernement, le secteur privé et la société civile, n’assument pas effectivement leur rôle. Autrement dit, il faut que les retombées économiques, environnementales et socioculturelles du secteur minier industriel soient maîtrisées et orientées prioritairement vers les intérêts majeurs de la population congolaise (accès à la sécurité, à la santé, à l’éducation, etc.). Pour ce faire, il ne suffit pas d’accélérer la transformation du capital naturel minier en capital productif, il faut aussi améliorer la connaissance géologique du sous-sol, promouvoir la bonne gouvernance et la transparence.[8]
III. 1. 2. Des châteaux d’eau
La RDC est aussi le château d’eau de l’Afrique. Le fleuve Congo est le deuxième du monde en débit (40.000 m3/s) après l’Amazone. Ce fleuve est alimenté par des milliers de rivières qui irriguent un bassin norme d’une dimension de 3,8 millions de km2. Ceci fait que la moitié de toutes les eaux africaines versées dans l’Atlantique viennent de ces châteaux d’eau de la RDC. L’on comprend pourquoi depuis longtemps, on se bouscule pour avoir accès à cette source de vie.
C’est le cas de la compagnie italienne «Transaqua », qui a négocié le marché de l’ouverture d’un canal qui acheminerait l’eau du bassin du Congo vers le Sahel. En 2000, c’est la compagnie américaine « Saphire Acqua corporation» qui se proposait de creuser un aqueduc de 2000 km pour amener l’eau jusqu’au Soudan.
D’autres compagnies envisagent d’amener cette même eau vers l’Afrique du Sud. Et dans les tiroirs de la diplomatie économique reste encore le projet libyen de 2001 qui visait fertiliser le désert en ramenant l’eau l’Ubangui vers le désert libyen. A l’heure du changement vertigineux du climat, l’on devra s’attendre à des sollicitations plus que volontaristes avec des enjeux géopolitiques évidents. La meilleure politique de l’eau peut être avantageuse pour le pays dans son développement socio-économique.
III. 1. 3. Un scandale énergétique
Plus d’un projet de développement de l’Afrique lorgnent avec convoitise les potentialités d’Inga, seul site en Afrique à même de produire 370.000 gwatt. Cette potentialité place la RDC en quatrième position après la Chine (774.000 gwatt), la Russie et le Brésil. Quand on sait le rôle de l’énergie non polluante dans la projection de différents projets de croissance économique du monde, la suite est simple à deviner, à ce propos, les projets du NEPAD sont très explicites.
III. 1. 4. Un poumon agro-pastoral
Il est aussi connu que la RDC est classée quatrième en termes de population mais aussi d’étendue de terre arable. La RDC possède la plus grande forêt tropicale humide en Afrique et la deuxième dans le monde après celle de l’Amazonie. La combinaison de tous ces facteurs fait de ce pays un espace avec un potentiel énorme de terre fertile, une pluviométrie suffisante et une variété de faune et de flore impressionnante. Des projets autours de la forêt tropicale, de sa biodiversité, de l’exploitation et/ou protection du bois (selon le demandeur) sont légion duits l’hémisphère Nord. Si ces ressources sont mises à la disposition des partenaires de façon responsable, certainement des avancées dans la coopération seront au rendez-vous en RDC.
III. 1. 5. Une mosaïque humaine
La population congolaise est caractérisée par sa grande jeunesse, 60% des habitants ont moins de 20 ans. Durant la guerre qualifiée d’interafricaine ou de mondiale d’Afrique (1996-2003), près de 3,9 millions de Congolais sont décédés majoritairement de maladies infectieuses dues à la malnutrition et à l’exode. C’est le conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale. Le peuple congolais est composé de plusieurs centaines d’ethnies (300-450 ethnies et tribus) formant différents groupes sociaux.
Similitude des langues locales encore en usage de nos jours. Le Congo compte quelques 250 à 450 langues. Cette belle diversité est à la base de la richesse des traditions congolaises. La diplomatie congolaise a donc pour rôle majeur de faire en sorte que la RDC puisse mettre tout en œuvre pour que les conditions d’accueil et de travail avec les partenaires économiques et au développement soient mieux négociées pour permettre au pays de se ressaisir dans sa position géostratégique avec l’objectif de rendre l’espace Etat-Monde plus attractif et vivable. L’intérêt national doit donc être au centre de toute négociation. Ce qui est attendu des acteurs de la diplomatie congolaise, c’est d’accroître leurs capacités de transformer les potentiels en invariants pour le bien de tous.
III. 2. Axes stratégiques et facteurs de succès de la diplomatie congolaise
Partant
des quatre piliers ou axes stratégiques de la diplomatie congolaise, des
principaux défis et actions possibles dans le court terme et moyen terme, nous avons identifié 12 facteurs
de succès et 16+ actions prioritaires pouvant permettre l’élaboration d’un plan
d’actions suivi d’un chronogramme claire d’ici 2020. Pour de raisons d’ordre pratique, nous avons opté de le
présenter dans le tableau ci-après :
Tableau 2 : Résumé des axes stratégiques, facteurs de succès de la diplomatie congolaise[9]
# | Axes stratégiques et facteurs de succès | Actions prioritaires pour l’avenir de la diplomatie |
1 1.1. | Administration diplomatique Mobilisation des ressources | Mobiliser les moyens suffisants pour la faire fonctionner : budget, moyens humains, logistique |
1.2. | Organisation des missions et placement des diplomates | Réduire les effectifs dans les missions diplomatiques en les groupant les fonctionsRecruter les meilleurs diplomates capables de jouer efficacement leur rôle |
1.3. | Valorisation du corps diplomatique | Redonner de la valeur aux diplomates et revitaliser la structure humaine en payant des salaires décents selon leur statut particulier |
1.4. | Communication diplomatique | Faire un état des lieux général de l’action diplomatique et le publier dans un magazine ad hoc |
2 2.1. | Coopération Définition de la stratégie d’une coopération efficace | Développer des stratégies de coopération qui attirent les investisseurs en prenant en compte les intérêts du Congo et des congolais à l’extérieur.Offrir les services aux autres Etats pour leur développement par le biais de la coopération gagnante. |
2.2. | Orientation vers le développement social et économique | Coopération avec les Etats pour investir au Congo dans tous les domaines, dans une relation gagnant-gagnant de façon légale et de respect mutuel. |
3. 3.1. | Politique extérieure Définition d’une politique étrangère claire | Développer une politique étrangère claire avec une base de bon voisinage pour sécuriser les frontières en Afrique et avec insuffisance dans le monde. |
3.2. | Elaboration d’une vision et d’un plan d’actions diplomatiques | Elaborer une vision et un plan d’actions en lien avec les objectifs de la politique étrangère. |
3.3. | Redynamisation de l’armée des services de sécurité | Nouer des relations avec les Etats pour redynamiser l’armée, obtenir l’appui d’acquérir ou fabriquer certaines armes et renforcer de l’académie militaire |
3.4. | Renseignement et recherche des données stratégiques | Maitriser les données et les problèmes d’autres pays pour pouvoir aider la RDC à travers des solutions pour les problèmes nationaux. |
4 4.1. | Suivi et évaluation Suivi | Suivre les objectifs et le plan d’actions de la diplomatie.Vérifier les indicateurs à chaque pas du processus. |
4.2. | Evaluation | Evaluer et corriger les écarts à mi- terme.Evaluer la fin des projets et réorienter. |
Dans ce tableau, nous lisons au total 15 projets repartis en 4 axes stratégiques qui sont les piliers traditionnels en passant par les 12 facteurs des succès.
En
dépit de ce que nous qualifions des facteurs de succès, il y a des effets
collatéraux qui continuent à porter atteinte à la stabilité sous-régionale
comme nous allons le démontrer et qui sont à la base des conflits que continue
à connaître la RDC avec ses voisins.
IV. LA RDC ET LES EFFETS COLLATERAUX DE DESTABILITE SOUS-RÉGIONALE
A l’interne, la RDC connait d’innombrables problèmes qui sont les conséquences de plusieurs années de déstabilisation.
Il
faut certainement les reconnaître et pouvoir rechercher ardemment les voies de
sortie qui peuvent être appliquées afin de permettre à la RDC de jouer son rôle
moteur en Afrique et dans le monde. A titre d’exemple, nous présentons dans un
tableau l’économie des problèmes majeurs
internes actuels de la RDC c’est-à-dire ceux qui nous paraissent graves
tout en juxtaposant les voies de sortie.
Tableau 3 : La matrice des problèmes internes actuels de la RDC dans une dynamique géopolitique[10]
N° | Problèmes internes actuels en RDC | Voies de sortie applicables |
1. | Absence du leadership national responsable | Rétablissement du pouvoir par la confianceAppel au patriotismeRecyclage de hautes autorités et mandatairesChangement de mentalité |
2. | Méconnaissance de la chose publique | Education à la citoyenneté responsable Sensibilisation sur les devoirs et les droits des citoyensVulgarisation des lois |
3. | Non effectivité de la bonne gouvernance et de la démocratie | Education aux Droits de l’homme Education à la citoyenneté responsable Sensibilisation à la cohabitation pacifiqueTenue des élections locales, provinciale, législatives et présidentiellesPromotion effective de la décentralisation en cours |
4. | Clientélisme et dysfonctionnement des structures étatiques | Renforcement de la police de frontière et de renseignementMise en œuvre des mécanismes et des services de contrôle |
5. | Insécurité causée par la présence des forces négatives | Dialogue au sujet des forces négativesPerspective de leur retour |
6. | Emiettement et désorganisation de l’armée nationale et du service de renseignement et d’espionnage | Réorganisation de l’armée et révision des grades actuelsRenforcement des écoles supérieures des officiers militairesFormation et recyclage des militaires et des agents des services de renseignement et d’espionnageRenouvellement des équipements militairesRecrutement d’une nouvelle génération des militaires instruits et des agents de renseignement et d’espionnage spécialisés |
7. | Incapacité de faire face aux envies des convoitises des ressources nationales | Renforcement de la stabilité politique Développement des centres géostratégiquesOrganisation des consultations populaires et des experts |
8. | Impunité et corruption | Restauration de la justiceLutte anti-corruptionFormation des juges/magistrats |
9. | Délabrement du tissu socio-économique | Relèvement économique Lancement des échanges économiques, commerciaux et socioculturelsAssouplissement des mesures et création des chambres de commerce |
10. | Crise humanitaire | Soutien des ONG et bienfaiteursCréation d’un fonds national humanitaire Renforcement et appui institutionnel de la croix rouge nationale |
11. | Pauvreté accrue | Demande de la réduction et/ou de la suppression de la dette internationale Création d’un fonds de soutien des activités agropastorale |
12. | Perte du regain de la diplomatie et de la géopolitique | Recrutement objectif et formation diplomatesRenforcement de la coopération de la coopération avec les voisinsOuverture des missions diplomatiques et consulaires dans l’intérêt national et des citoyens congolaisRedynamisation de la coopération régionale |
Par
rapport à cette matrice des problèmes quelques aspects méritent un court
développement explicatif.
IV. 1. L’absence du leadership national responsable
Il est vrai que les élections de 2006 et de 2011 nous ont donné des dirigeants légitimes. Les députés et les sénateurs, les membres des gouvernements provinciaux et nationaux sont en fonction, mais, la RDC semble ne pas encore avoir un leadership promotionnel du politique, du social, de l’économie, de la culture. Il faut que les enjeux géopolitiques puissent former ce type de leadership capable de prendre la destinée du pays à n’importe quel prix allant jusqu’au sacrifice suprême.
Tous les pays qui font aujourd’hui la fierté du monde des régions prospères ont eu des hommes d’Etat. La RDC a besoin de son Nelson Mandela, de son Léopold Sédar Senghor, de son Mwalimu Julius Nyerere. Ces personnalités ont développé un leadership effectif[11] en ce sens qu’ils avaient en eux l’esprit d’ouverture, le sens du dialogue, l’enthousiasme, l’objectivité, l’humanisme, le sens de l’intégrité morale et l’humilité. Un tel leadership est producteur de confiance populaire, de crédibilité et de respect de l’autorité établie.
IV. 2. La méconnaissance de la chose publique
La tare ou le culte du moi est encore permanente dans le chef des acteurs politico-administratifs, économiques voire diplomatiques congolais. Il est important que les respect du bien public soit enseigné et suivi par des mécanismes appropriés pour faire reculer cette considération de remplacer l’intérêt public par l’intérêt personnel.[12]
IV. 3. Le délabrement du tissu socio-économique
La RDC est un pays minier la plus riche du monde, particulièrement à l’Est et au Sud du pays. Or, ce qui devrait être une chance devient un handicap. On parlerait de la malédiction des matières premières. Ce phénomène provoque trois blocages[13] :
- Blocage économique : la société se constitue d’exploiter les matières premières et ne développe pas les autres secteurs permettant son épanouissement ;
- Blocage social : la société est complètement déstructurée et les inégalités se creusent entre les riches qui profitent des matières premières et les pauvres qui n’ont rien ;
- Blocage géopolitique : le pays utilise la puissance c’est-à-dire la force armée au détriment du politique et devient l’objet des convoitises des pays voisins et d’ailleurs.
Les infrastructures socio-économiques sont délabrées, les usines et les industries ne produisent pas à la hauteur de la demande. La production agropastorale est trop faible, l’exportation est quasi inexistante, les échanges régionaux sont quasiment non opérationnel. Le travail et le salaire n’existent pas, etc.[14]
IV. 4. La pauvreté accrue[15]
Le Directeur du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) en RDC, M. Adama Guindo, a affirmé en 2009 que 71% de la population de la RDC vit en dessous du seuil de pauvreté malgré les énormes potentialités que renferment le pays.
M. Adama l’a révélé au cours de l’atelier portant sur le genre et la micro-finance organisé mardi 04 août 2009 à Kinshasa, en présence des organisations féminines et des droits humains. Il a tenu à préciser que 31% des enfants de moins de 5 ans souffrent dans le cycle primaire est de 52%. Pour relever les défis de développement que connait la RDC, a-t-il indiqué, le PNUD, en concertation avec le gouvernement et les différents partenaires au développement, a rédigé un document de programme de pays (CPD) qui constitue son plan d’action 2008-2012.
Selon ce programme, le PNUD intervient dans deux grands domaines à savoir, la gouvernance et la lutte contre la pauvreté, deux axes sous-entendus par la vision de l’équité du processus d’élaboration de la politique nationale du genre d’une part et d’autre part, la stratégie nationale de micro-finance.
Il a, à cette occasion, appelé l’Etat congolais à mettre en place des politiques publiques plus porteuses des opportunités de transformation sociale, politique et économique en faveur des hommes et des femmes, des fils et des filles de la RDC.
Dans cette optique, a-t-il ajouté, il est nécessaire que la stratégie nationale de micro-finance inspire la politique nationale du genre et que les enjeux du genre soient davantage pris en compte dans les modalités d’exécution de la stratégie nationale de micro-finance. Pour M. Adama Guindo, la lutte contre la pauvreté est productrice d’une gouvernance démocratique efficace et porteuse du développement humain durable car, sans ressources financières, le leadership politique de la femme en particulier est aléatoire. M. Adama a fait savoir que le PNUD est disponible à appuyer le processus de la vitalisation et de formation des outils institutionnels plus consensuels, initié par le gouvernement de la RDC pour la consolidation de la quête de la gouvernance démocratique et la lutte contre la pauvreté.
CONCLUSION
Nous pouvons dire que la République Démocratique du Congo doit tout faire en sorte qu’elle arrive à relever tous les défis soulevés par nous dans le cadre de sa diplomatie. Et c’est ce qui pourra lui permettre de bien s’acheminer dans certains axes stratégiques évoquées également pouvant ainsi constituer les facteurs qui doivent arriver à mettre fin aux effets collatéraux sur la stabilité sous-régionale.
En effet, les Etats sont une réalité séculaire mais, leur conception moderne est récente. Le contexte de cette nouvelle configuration de la vie internationale a conduit à un élargissement des risques et menaces pris en compte dans la recherche stratégique et notamment à un approfondissement du lien entre environnement naturel et conflictualité.
Malgré les grandes promesses d’un « nouvel ordre mondial » dans notre monde en pleine mutation, ce sont l’identité nationale, la puissance, l’économie, les ressources naturelles, les idéologiques qui occupent hier comme aujourd’hui une place centrale.
Nous savons que la différence entre les Etats et les autres institutions sociales, c’est bien la capacité qu’ont les Etats à conserver ou à promouvoir leur intérêt national et de se faire une position dans le concert des nations. C’est cet impératif que la République Démocratique du Congo est soumise et pour lequel elle est en quête de sa stabilité mise bientôt deux décennies.
Ainsi donc, il est impérieux de reconstruire en priorité une diplomatie active, dissuasive et performante axée sur la recherche de la puissance et du positionnement géopolitique et géostratégique qu’il faut pour ce grand pays. Une attention particulière doit être tournée vers la recherche de la paix et de la sécurité commune ce qui doit permettre aux citoyens et aux institutions de la République voire même à ses organes de gérer au quotidien la politique intérieure et extérieure.
A cet effet, Germain Ngoie Tshibambe a envisagé quelques priorités économiques que la RDC doit se fixer dans sa politique africaine en proposant trois zones concentriques A, B et C. La zone concentrique A est dite de haute sensibilité stratégique. Elle est celle qui regroupe les États frontaliers de la RDC. Dans cette zone, les priorités consistent pour la RDC à s’engager dans une coopération fructueuse et responsable avec les différents pays de cette aire en revitalisant des accords de coopération bilatérale pour relancer des échanges frontaliers.
La zone B est la zone de rayonnement constituée du Soudan, Éthiopie, Somalie, Malawi, Mozambique, Zimbabwe, Namibie, Botswana, Gabon, Cameroun et le Nigeria alors que la zone C est composée de l’Afrique lointaine constituée du reste des pays. Toutefois cependant, la RDC doit éviter, dans ses relations bilatérales ou multilatérales, d’être conduite dans une dépendance réelle, à une aliénation vis-à-vis de l’État donateur.
Sur le plan militaire et technologique, il est urgent que soit créée une armée républicaine avec comme mission principale de garantir la stabilité du pays car l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables.
Dans un aspect culturel, il s’agit d’écarter une objection erronée : l’incapacité des congolais ! Il n’y a pas de problème de déficit de capacité même s’il y a bien sur çà et là des preuves manifestes d’incompétence, mais la compétence est quelque chose qu’il est possible d’acquérir. L’éducation aux valeurs civiques et républicaines, pour un changement réel de mentalité, devrait être une préoccupation majeure au sein de la nation congolaise. L’État doit y apporter un appui déterminant en matière financière, logistique et thématique.
Il y a ici une question de vision et de stratégie de la diplomatie qu’il va falloir revisiter constamment. C’est la vérité, la diplomatie d’un Etat n’est pas une partie de ses préoccupations mais les fondements même de celui-ci comme Etat. Un Etat vaut ce que vaut sa propre diplomatie.
Autant elle est dynamique et engagée, autant il y a des solutions à ses préoccupations vitales et relationnelles. Cependant, il convient de redynamiser d’abord l’intérieur du pays car l’extérieur est le reflet de l’intérieur. C’est en vain de croire arriver à une meilleure visibilité de la diplomatie et de la politique /étrangère congolaise si la politique intérieure ne marche pas. Tous les acteurs doivent prendre conscience et de ce fait le devoir de se pencher sur la question avec tout le sérieux.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Journal la Prospérité du le 06 août 2009.
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NGUNGA N.C., « De la bonne gouvernance du secteur minier au développement socioéconomique de la RDC : défis et perspectives », Mémoire de Licence en SPA, FSSAP, UPN, 2018.
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www.digitalcongo.netwww.mediacongo.net
[1] BABAKAKE I., Conflit belgo-zaïrois fondements historiques, politiques, économiques et culturels, Présence Africaine, Paris, 1990, p. 56.
[2] STENGERS J., Congo mythes et réalités 100 ans d’histoire, Duculot, Paris, Louvain-la- Neuve, 1989, p. 34.
[3] . HARIS K., Mémoire d’un Ambassadeur, Fayard, Paris, 1968.
[4] GANYWAMULUME SANGWA J.P., Il s’agit des données tirées des éléments de l’enquête menée dans le cadre du projet de la thèse de doctorat en Sciences des Relations Internationales avec comme intitulé « Dynamique de la quête de la stabilité la construction du paradigme de sécurité en République Démocratique du Congo ».
[5] BIYOYA M.K.P., La Diplomatie Congolaise Régionale. Nouveaux fondements, défis et enjeux, L’Harmattan, Paris, 2011.
[6] Ibidem.
[7] NGUNGA N.C., « De la bonne gouvernance du secteur minier au développement socioéconomique de la RDC : défis et perspectives », Mémoire de Licence en SPA, FSSAP, UPN, 2018, pp. 45-47.
[8] Ibidem, p. 119.
[9] GANYWAMULUME SANGWA J.P., Loc. cit.
[10] Il s’agit de la conception qui provient de nous-mêmes pour des raisons d’illustration.
[11] MUBIALE M., « Un leadership effectif pour l’Afrique », dans Congo-Afrique, n° 446, XXème année, octobre 2010, pp. 522-523.
[12] SANGANI J., « Le comportement inédit des autorités Zaïroises », Mémoire de Licence en Sociologie, Université nationale du Zaïre, Campus de Lubumbashi, année 2004, p. 28.
[13] Détails fournis par TEPENEGA N., « L’origine de la crise humanitaire en RDC », disponible sur www.laconscience.com, consulté le 03 janvier 2013.
[14] Propos recueillis le 06 août 2009 par le journal la Prospérité.
[15] Disponible sur www.mediacongo.net et www.digitalcongo.net, consultés le 03 et le 04 janvier 2013.