Marius MPOYI KALONJI
Chef de Travaux à l’Université Pédagogique Nationale et Chercheur Associé à l’IRGES/Kinshasa-RDC
RESUME
La mondialisation est volontiers associée à une érosion des régimes de souveraineté étatique. Dans cette perspective, l’expansion des flux d’échanges et de communications transnationaux, la porosité des frontières nationales, les mouvements d’intégration régionale, la multiplication des acteurs non gouvernementaux, le rôle grandissant des régimes internationaux, ont ébranlé l’emprise des Etats, d’autant que ces phénomènes ont coïncidé avec la montée de tendances centrifuges et de conflits ethniques en plusieurs pays du monde. Les gouvernements n’ont plus la pleine maitrise de leurs politiques publiques internes et de leurs orientations diplomatico-stratégiques. Leur capacité à gérer leurs propres économies en se fixant des priorités nationales s’est amenuisée au fur et à mesure que les activités transnationales ont progressé.
De nombreux Etats, à commencer par les plus riches, ont abandonné au cours des dernières décennies une partie non négligeable de leur autonomie en matière monétaire et financière ; l’exemple des Etats membres de l’Union Européenne nous en dit quelque chose. Certes, les incidences de la mondialisation diffèrent beaucoup selon la nature des Etats et selon les circonstances. Ceux dont l’économie est fragile sont naturellement plus sensibles à ses effets, ils ont moins de capacité à participer aux processus de décision qui affectent sa gestion et qui conditionnent son orientation. Ainsi les pays pauvres du sud ont-ils une faible autonomie économique et politique. Et, pour s’afficher dans ce système et y inscrire leur présence prégnante, les Etats africains sont invités à se mettre ensemble.
Mots-clés : intégration
régionale, souveraineté, mondialisation, Etat
INTRODUCTION
Après la vague des indépendances des Etats africains au XXème siècle, l’intégration de ces Etats est sans doute dans cette ère de la mondialisation, le mouvement le plus bouleversant et le plus important de ce XXIème siècle. Sans doute aussi est-il, avec l’indépendance, la démocratie et le développement, les plus grands défis que leur lance l’histoire et que le continent africain doit se lancer à lui–même.
Six décennies environ d’autonomie et d’autogestion ont donné à l’Afrique l’occasion de se prouver à elle – même et de montrer à la face du monde ce dont elle était capable. Mais à cette ère de la mondialisation, l’Afrique semble s’accommoder complaisamment à un sous – développement croissant. Et, à travers les élans condescendants des Occidentaux, mais aussi dans le vécu quotidien des populations du continent noir, l’Afrique se conjugue avec la pauvreté, la maladie, la malnutrition, l’analphabétisme comme si sur elle, le temps avait suspendu son vol.
L’Afrique présente une situation tumultueuse en ce qui concerne l’intégration de ses Etats, qui vient s’ajouter aux inextricables problèmes de développement, véritable cauchemar des Etats africains. Atermoiements par–ci, soubresauts par–là, la restauration mieux, l’instauration de l’intégration en Afrique étant compliquée par plusieurs faisceaux des facteurs internes et externes : politiques, économiques, sociaux et culturels, inquiète et interpelle les consciences.
Ainsi, comme pour d’autres défis, les actions qui sont à la base de l’actuel combat pour l’intégration de l’Afrique ne sont jamais celles des seuls Africains, peuples et dirigeants ; mais, s’y trouvent toujours mêlées et impliquées des interventions extérieures d’Organismes internationaux ou d’Etats étrangers. Cette première coïncidence s’accompagne d’une autre. C’est que, comme pour l’indépendance, la démocratie et le développement, l’intégration recherchée répond aux conceptions qu’en a et aux conditions qu’en fixe l’Occident. Il ne s’agit pas ici, de déplorer ces coïncidences ; sans doute, indépendance, développement, démocratie et intégration peuvent–ils avoir et peut être même, ont–ils un contenu universel qu’incarne plutôt bien l’expérience occidentale. Mais, il faut être conscient ; et, c’est l’un des axes de la démonstration tentée dans cette réflexion ; cette emprunte des puissances occidentales marque aussi bien le contenu, l’objet, les méthodes que les succès comme les difficultés et les échecs des actions que connaissent les Etats et peuples africains au moment de relever chacun de ces défis de leur histoire.
Aux lendemains des indépendances, les Etats africains nouvellement affranchis du giron colonial se sont retrouvés avec des handicaps sérieux. Une telle situation est le résultat d’un passé assombri par la colonisation. En effet, pour amorcer une allure impérialiste sur le continent africain, du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 s’était tenue à Berlin, une rencontre sur l’Afrique, sans Africains ; réunissant les pays d’Europe et les Etats-Unis d’Amérique. Cette rencontre sera ponctuée par la signature de l’acte de Berlin, consacrant le partage du continent noir. De ce fait, déjà à la veille de la première guerre, la quasi-totalité de l’Afrique était donc constituée de colonies. Cette situation sus décrite va avoir des conséquences très néfastes sur le vieux continent noir. Elle a entraîné la désagrégation des Etats et de la société dans tous les secteurs de la vie, la diminution de la population atteignant plusieurs centaines de millions d’habitants. En somme, l’Afrique a essuyé des pertes incommensurables qui sont la cause de sa fragilité actuelle.
De ce qui précède, il va sans dire que l’Afrique dans sa généralité, est la partie du monde où la conception d’un modèle de reconstruction constitue une urgence, et l’union qui est la voie idéale pour parvenir à cette fin, doit susciter chez ses peuples respectifs un sentiment de survie et de nécessité. Justement pour ce faire, un certain nombre de facteurs semblent militer en faveur d’un rapprochement, d’une dynamique d’intégration devant favoriser l’émergence d’une Afrique forte et stable dans tous ses domaines, unifiée dans toutes ses parties. Ces facteurs sont de plusieurs ordres : sociologiques, historiques, culturelles et géographiques.
Tout d’abord, relativement à ses conditions géographiques, l’Afrique fait montre d’une certaine homogénéité. Trois fois plus vaste que l’Europe, l’équivalent des ¾ de la superficie de l’Asie, le continent noir, fort de ses 30 millions 300 milles km2, bénéficie d’atouts inestimables qui ne sont notamment sur aucun autre continent.
L’Afrique est au centre des cinq continents ; par conséquent, au centre de la planète. Sur le plan culturel, si l’on envisage l’organisation de la famille africaine précoloniale, celle de l’Etat, les conceptions philosophiques et morales, on constate une unité culturelle évidente, découlant d’une adaptation similaire aux mêmes conditions matérielles d’existence. Selon le savant scientifique, le sénégalais Cheikh Anta Diop, il existe de manière irréversible en Afrique, une civilisation organique qui est restée très vivace selon les âges.[1]
Sous ces éclairages, il apparaît que devant la nécessité de reconstruction d’un continent décimé est fortement affaiblie, face au défi de l’union, perçu comme la voie de salut pour le continent, la culture, l’histoire et même le milieu physique, semblent à maints égards y apporter leurs concours. Et pourtant, depuis les indépendances, les projets de mise en commun, de rapprochement initiés en Afrique pour remédier à l’extrême segmentation des espaces politico-économiques n’ont produits que des résultats embryonnaires. Une telle situation est certainement due au fait que le geste unitaire, la volonté d’unité, appartient au politique. Alors que sous le sceau du Panafricanisme, idéologie nationaliste de libération, qui connut son éclosion à la fin de la seconde guerre mondiale, cette entreprise devrait être voulue et entretenue par tout Africain.
L’intégration des Etats africains apparaît au regard de la dynamique de la mondialisation qui implique la constitution des blocs régionaux forts économiquement et politiquement, comme la solution la plus pertinente pour un développement soutenu et durable du continent africain. Par ailleurs, l’Union Africaine qui a été créée dans l’optique de traduire en réalité cet ultime objectif, demeure l’acteur central de ce processus. Il devrait à terme parvenir à la réalisation de cet idéal longtemps prôné par les illustres figures du panafricanisme et pères des indépendances africaines.
Ainsi, cette réflexion faite sous une approche dialectique aborde dans ce même sens la démonstration de l’Union Africaine comme la solution africaine aux problèmes africains, que ce soient les problèmes d’intégration ou celui de développement. Cette réflexion analyse le rapprochement qu’a le phénomène de mondialisation et l’intégration des Etats mieux, la construction des regroupements régionaux. Elle présente en outre la mutation OUA-UA comme une possibilité qui permettrait à l’Afrique de réaliser effectivement l’intégration de ses Etats. Elle analyse les raisons de l’inaction de l’UA dans ce domaine d’intégration et propose les perspectives.
I. INTEGRATION EN AFRIQUE : CONTRARIETE IDEOLOGIQUE
Dès la genèse, l’idée d’unité en Afrique a été fortement biaisée par une contrariété idéologique entre les dirigeants africains. En effet à la fin du 19e siècle, alors que l’Afrique était encore dans la nuit coloniale, des noirs de la diaspora ont songé à l’avenir du continent d’origine de leurs ancêtres. Dès lors, un concept connu sous le vocable de « Panafricanisme » naît pour connaître une fortune durable. Les principaux chantres du panafricanisme avaient pour ambition, la rencontre des noirs de la diaspora arrachés de force à la mère patrie, avec leurs frères du continent. En somme, ils avaient pour ambition de réaliser l’unité de tout le continent africain, avec un double objectif : La libération du continent de la domination et de l’exploitation, et la renaissance des peuples africains. Cependant dans la marche vers l’Union pour la reconstruction, il s’est dessiné une différence de point de vue, qui a malheureusement donné naissance à l’existence de deux tendances qui vont bipolarisé la scène politique africaine avant et au lendemain des Indépendances : le groupe de Monrovia et celui dit de Casablanca.
Pour les tenants de la première tendance qui adoptaient en Décembre 1961 une charte de coopération africaine à vocation régionale, il n’était pas question de réaliser l’unité politique, mais une intégration par cercles concentriques à l’échelle des régions. Celle-ci n’entraînant pas bien sûr, un abandon de souveraineté dès lors que chaque Etat, chaque population devait garder sa propre identité, sa propre culture constitutionnelle.[2]
Pour la seconde tendance en l’occurrence les panafricanistes radicaux du groupe de Casablanca, il fallait instituer une intégration réelle à l’échelle du continent. Leur vision profonde était d’arriver à l’unité globale et politique de tout le continent, englobant tous les aspects de la vie des sociétés africaines. Et pour ces continentalistes, leur vœu devait être facilité par tous les facteurs fédérateurs révélés par le milieu physique, l’histoire et la culture.
Cet affrontement d’idéologies était préjudiciable pour l’Afrique qui cherchait à consolider la juvénile souveraineté de ses nouveaux Etats. C’est pourquoi des efforts furent menés pour réduire l’écart entre les deux courants. Et cela a abouti en 1963 par la signature de la charte d’Addis-Abeba, qui a donné naissance à l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine).
Prévue à l’article premier de la charte, l’OUA qui est le résultat d’un compromis entre les deux courants idéologiques, avait pour objectif : le renforcement de l’unité et de la coopération entre les Etats africains et malgache, pour panser les plaies encore ouvertes de la colonisation. Cependant près des Cinq décennies et la moitié d’une décennie après sa création, l’OUA devenue UA (Union Africaine) depuis 2002, le constat fait, est qu’elle n’est même pas arrivée à mi-chemin des objectifs qui lui ont été assignés.
L’institution continentale n’a drainé derrière elle qu’un lot d’illusions. C’est sur cette toile de fond que nous nous proposons de réfléchir par une approche analytique le sort réservé à l’intégration en Afrique ? Expliquer comment l’Afrique a été amené à poursuivre cet idéal ? Par quelles motivations ? Par quelles voies ? Avec quels résultats ? Et avec quel impact sur la vie sociale de ses peuples ?
II. L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE : ACTIF ET PASSIF
Réunis à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 25 mai 1963, les Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que d’autres représentants de 31 pays africains (Algérie, Bénin, Burkina-Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte–d’Ivoire, Egypte, Ethiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Libéria, Libye, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Léone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad et Tunisie)[3] vont créer l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), après une longue période d’opposition entre deux groupes en présence, l’un (Groupe de Casablanca), soutenant la création d’une structure supranationale d’intégration directe et l’autre (Groupe de Monrovia), voulant une conservation des souverainetés et la création d’une Organisation ayant des prérogatives limitées.
L’OUA se fondera donc sur les principes suivants : L’égalité souveraine de tous les membres ; La non – ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats ; Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit inaliénable à une existence indépendante ; Le règlement pacifique des différends par voie de négociation, de médiation, de conciliation ou d’Arbitrage ; La condamnation sans réserve de l’assassinat politique ainsi que des activités subversives exercées par les Etats voisins ou tous les autres Etats ; Le dévouement sans réserve à la cause de l’émancipation totale des territoires africains non indépendants aussi que l’affirmation d’une politique de non alignement à l’égard des blocs.[4]
L’Organisation de l’Unité Africaine visait à renforcer l’unité et la solidarité des Etats africains ; Coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique ; Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance ; Eliminer sous toutes ses formes, le colonialisme de l’Afrique ; Favoriser la coopération internationale en tenant dûment compte de la charte des Nations-Unies et de la déclaration Universelle des droits de l’homme.
Dans son actif, l’Organisation de l’Unité Africaine a dans ses prestations réalisé quelques exploits notamment : L’accession à la souveraineté et à l’indépendance de nombreux pays africains comme le Zanzibar (10 décembre 1963), le Malawi (6 Juillet 1964), la Zambie (24 Octobre 1968), la Guinée Equatoriale (12 Octobre 1968), le Cap vert (5 Juillet 1975), la Gambie (18 Février 1965), le Swaziland (6 Septembre 1968), le Comores (6 Juillet 1975), le Sao Tomé et Principe (12 Juillet 1975), le Mozambique (25 Juillet 1975), l’Angola (11 Novembre 1975), le Djibouti (8 mai 1977), le Zimbabwe (18 Avril 1980), la Namibie (21 mars 1990), l’Erythrée (24 mai 1993) et la fin de l’apartheid en République Sud – Africaine en 1994.[5]
Dans son passif, il sied de noter que depuis Addis-Abeba (1963), jusqu’à Durban (2002), année officielle de la naissance de l’Union Africaine, successeuse de l’Organisation de l’Unité Africaine dont le projet de démentiellement datait de depuis 1999, lors du sommet extraordinaire de Syrte en Libye, 39 ans environ se sont écoulés, l’intégration des Etats africains était et demeure toujours malgré le remplacement de l’Organisation de l’Unité Africaine par l’Union Africaine, introuvable. En 39 ans d’existence, y compris les années de transition vers l’Union Africaine, l’Organisation de l’Unité Africaine a brillé par la médiocrité quant à la réalisation de l’objectif consacrant son existence, l’unité du continent. Ainsi, toute insuffisance ayant une conséquence, celle de l’OUA à donc entrainé son remplacement par une nouvelle Organisation continentale supposée meilleure, l’Union Africaine.
III. DE LA MUTATION OUA-UA
C’est dans le souci de remédier aux insuffisances de l’OUA que l’UA a été créée. L’OUA face à des nouvelles contraintes internes et externes auxquelles ses objectifs et ses principes ne pouvaient plus apporter des solutions adaptées, a été frappée de désuétude.
Les raisons de cette incapacité à résister aux intempéries comme le note Guy Mvelle proviennent de l’impact des crises économiques et des conflits en Afrique.[6] L’OUA n’a plus pu créer les conditions de sa permanence et de son maintien en vie. Et, les acteurs de la scène africaine n’ont donc plus pu s’opposer à son démantèlement car, leurs intérêts n’étaient plus défendus.
Outre le fait que l’OUA n’a pas pu créer un sentiment de dépendance vis–à–vis d’elle, les Etats africains n’ont pas pu établir entre eux une véritable coopération et une intégration entre les peuples capables de susciter un développement durable. La défense de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des Etats, concepts chers aux pères fondateurs de l’OUA, n’ont pas permis à celle–ci de jouer un rôle significatif dans les conflits et dans le développement des pays africains.
Les ensembles régionaux que constituent les Afriques du Nord, du Centre, de l’Est sont autant de théâtres où se livre un jeu égalitaire et fractionné, rappelant la diplomatie de l’équilibre chère à l’Europe des XVIIIème et XIXème Siècles, avec son ballet d’alliances et des contre–alliances comme le remarquait Boutros Boutros Ghali.[7]
Le jeu diplomatique africain se joue aujourd’hui davantage au sein des diverses sous-régions africaines qu’à l’échelle du continent. D’où la multiplication d’initiatives sous–régionales à mi–chemin, des alliances classiques et de la sécurité collective n’ont fait qu’aggraver l’inefficacité de l’Organisation de l’Unité Africaine. Les ambitions panafricaines en matière de défense et de sécurité ont toutes tourné court. Force est de constater que l’Afrique n’est couverte par aucun pacte de défense collective à l’instar du pacte de Rio qui garantit la sécurité du continent américain. Dans ce domaine, toutes les initiatives prises par l’OUA depuis sa naissance le 25 mai 1963, à Addis-Abeba, sont restées lettre morte.
Au regard du grand nombre de conflits armés en Afrique, la « Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage », prévue à l’article 7 de la charte de l’OUA et régie par le protocole du Caire du 21 juillet 1964, n’a jamais fonctionné.[8]
Il sied de souligner que la compétence de cette commission se limitait aux litiges entre Etats, alors que les conflits internes sont de loin les plus nombreux en Afrique. D’ailleurs, les gouvernements africains, peu sensibles au formalisme juridique, préfèrent généralement l’intervention personnelle des chefs d’Etat, plutôt que la saisie de surcroît facultative d’une commission. L’OUA elle-même préférait créer des commissions ad hoc, propres à chaque conflit.
Le bilan de la commission de défense, citée à l’article 20 de la charte de l’OUA[9] qui prévoit d’harmoniser au niveau des Ministres, les politiques de défense et de sécurité des Etats membres était négatif. La commission n’a cessé de se réunir et de présenter une cascade de projets : création d’un haut commandement unifié pour l’Afrique (Accra, 2 novembre 1963), construction d’une force africaine de défense (Freetown, 4 février 1965) et d’une académie militaire africaine (Conakry, 12 janvier 1974). Autant de résolution qui n’ont été suivies d’aucun effet.[10]
Nonobstant les limites ici soulevées, constatant l’incapacité de l’OUA à susciter une véritable intégration en Afrique et une paix durable entre les peuples et les Etats, les dirigeants africains se défendent bien des avancées qui ont été opérer. Mais en dépit de ces quelques efforts sans cesse renouvelés et réalisés, les Chefs d’Etat et de gouvernement africains reconnaissent eux–mêmes les travers de leur gestion nationale, les faiblesses structurelles et les associent volontiers aux insuffisances de l’OUA.
La défiance de l’autorité de la loi, la corruption et l’impunité qui accompagnent les abus des droits humains ont bien évidement maintenu l’Afrique dans une situation de conflit, en compromettant toute initiative de développement durable au sein d’un environnement international exigeant lui aussi une adaptation. La mutation OUA–UA va entrainer des conséquences non négligeables.
Face aux contraintes d’ordre interne et à la nouvelle donne internationale, le seul moyen pour les Etats africains de maximiser leurs gains dans ce jeu d’intérêts internationaux était de mettre sur pied une nouvelle Organisation avec une structure et des objectifs adéquats. L’idée pour les pays africains était de mettre sur pied une institution qui réduirait les couts des transactions liés à la conclusion d’accords, de façon à leurs permettre de tirer des bénéfices des échanges internationaux. Ce cadre devait ainsi rendre les rapports beaucoup plus stables en raison des accords qui y sont conclus.
L’idée est donc que l’Union Africaine permettra de régler plus que l’OUA, une grande partie des problèmes d’action collective, ordinairement rencontrés par les Etats et les peuples africains dans leur lutte contre la pauvreté, pour le développement, contre l’instabilité et l’insécurité.
La création de l’Union Africaine dont l’objectif est de parachever l’œuvre d’unité du continent déjà entamée dans le cadre de la défunte OUA, a constitué un événement majeur dans l’histoire politique du continent. En effet, l’UA se donne pour mission de redynamiser le processus d’intégration afin de parvenir à terme à l’édification de l’union des Etats africains.
Pour atteindre cet ultime objectif, de nombreux défis doivent être préalablement relevés, au nombre desquels figure d’une part : les fléaux des conflits qui compromettent considérablement toutes les chances de succès du processus d’intégration devant aboutir à l’unité politique du continent et d’autre part, le déficit démocratique qui se manifeste en Afrique à travers la prolifération des régimes autoritaires et dictatoriaux, incapables de mettre en œuvre des stratégies crédibles et ambitieuses de développement.
IV. CONSIDERATIONS GENERALES SUR L’UNION AFRICAINE
En faisant appel à des propriétés réelles qui caractérisent l’Union Africaine, nous pouvons dépasser la simple « définition nominale » et apporter une « définition réelle » de cette Organisation Internationale. Alors que la définition nominale utilise un mot ou une phrase comme substitut d’un autre, « la définition réelle » désigne l’objet par ses caractéristiques essentielles.
En établissant ces caractéristiques, nous arrivons à une systématisation d’un concept, celle nous permettant de comparer, d’analyser, de prouver, de progresser et donc de comprendre ; C’est la démarche scientifique, celle qui nous fait dire que l’Union Africaine est une Organisation régionale et généraliste, naviguant entre coopération et intégration.
IV. 1. L’Union Africaine : Une Organisation régionale
L’Union Africaine est un regroupement d’un nombre limité d’Etats, dans un espace géographique donné et bien déterminé. L’article 3 (a) de l’Acte constitutif de l’Union Africaine dispose bien que : « l’Union Africaine a pour but de réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et les peuples africains ».[11] Il est bien évidemment fait référence au continent africain tout au long des articles de l’Acte constitutif de l’Union Africaine. Et, l’article 29, portant sur l’admission comme membre de l’Union Africaine n’ouvre bien sûr cette admission qu’aux Etats Africains.
IV. 2. L’Union Africaine : Une Organisation généraliste
L’Union Africaine est une Organisation exerçant une compétence non spécialisée. Au plan universel, l’exemple-type demeure évidemment les Nations-Unies (ONU). L’Union Africaine s’inscrit dans cette logique d’Organisation dont la prétention est d’être un cadre ou se discutent et s’élaborent les solutions tendant à résoudre « tous les problèmes auxquels sont confrontés les Etats et les peuples africains ».[12]
IV. 3. L’Union Africaine : une organisation naviguant entre coopération et intégration
L’Union Africaine est une Organisation de coopération d’Etats à caractère généraliste dont le but et d’atteindre une plus grande intégration des communautés et des peuples africains.
Les institutions que créent les Etats sur la scène internationale sont des initiatives qui par moment, sont confrontées à des thèses par fois diamétralement opposées. Les lignes qui suivent nous en parlent en ce qui concerne l’Union Africaine.
IV. 4. Création de l’Union Africaine
Comme ce fut le cas pour l’Organisation de l’Unité Africaine, la création de l’Union Africaine est l’aboutissement d’un affrontement entre des visions sur la nouvelle approche susceptible de mieux réaliser l’intégration et l’unité du continent. Aussi, comme dans toute institutionnalisation d’une Organisation Internationale, la mise sur pied définitive de l’acte constitutif, s’est fait après quelques rencontres mais, à la suite de longs débats aux thèses parfois diamétralement opposées. Deux grandes rencontres nous intéressent pour ce faire. Il s’agit :
- Du 4ème sommet extraordinaire de l’OUA tenu à Syrte, en Libye, le 9 septembre 1999, au cours duquel, la Libye a fait la proposition de l’établissement des Etats-Unis d’Afrique avec un Parlement panafricain bâtit sur le modèle du congrès américain ;
- Du 36ème sommet de l’OUA, tenu à Lomé, au Togo, le 11 juillet 2000, qui a porté sur la mise sur pied de l’Acte constitutif de l’Union Africaine.
Soulignons que ce qui précède, la première rencontre (celle de Syrte) revêt un caractère particulier par le fait qu’elle marque le début d’un processus utile pour l’intégration et l’éveil pour l’union souhaitée du continent Africain.
IV. 4. 1. Le sommet extraordinaire de Syrte (9 septembre 1999)
Le sommet extraordinaire de Syrte est le 4ème sommet extraordinaire de l’OUA, organisé sous la houlette et l’invitation du Guide de la révolution Al Fatah, le colonel Mouammar Kadhafi, et conformément à la décision de la 36ème session ordinaire du sommet de l’OUA, tenu en Alger, du 12 au 14 juillet 1999. Au cours de cette rencontre, les Chefs d’Etat et de gouvernement africains ont examiné les voies et moyens de renforcer l’OUA afin de la rendre plus efficace et de lui permettre de s’adapter aux changements sociaux, politiques et économiques qui se sont produits à l’intérieur et à l’extérieur du continent. Tout en cherchant cette amélioration, les participants à cette rencontre se sont voulus fidèles aux idéaux des pères fondateurs de l’OUA et de toutes les générations des panafricanistes. Ainsi ont été tenu en compte les idéaux d’unité, de solidarité, de cohésion ainsi que l’idée de la coopération entre les peuples d’Afrique et entre les Etats africains.
Tout en étant fiers des progrès enregistrés sur la voie de la promotion et de la consolation de l’unité africaine, les Chefs d’Etat et de gouvernement africains réunis en Libye ont souligné ainsi la nécessité impérieuse et l’extrême urgence de raviver les aspirations des peuples africains à une plus grande unité, une solidarité, une cohésion dans une communauté plus large des peuples qui transcende les différences culturelles, idéologiques, ethniques et nationalistes. C’est dans cet ordre d’idée que s’est située l’idée de la ’’revitalisation’’ de l’OUA, afin que celle-ci puisse jouer un rôle plus actif et continuer à répondre aux besoins des peuples africains et aux exigences de la conjoncture.
Tout en avouant avoir été inspirés dans leurs travaux par les propositions faites par le colonel Kadhafi, les chefs d’Etat et de gouvernement africains n’ont pour autant pas adopté la vision que le leader Libyen avait d’ « une Afrique forte et unie, capable de relever les défis qui se posent à elle au niveau mondial et d’assumer sa responsabilité de mobiliser les ressources humaines et naturelles du continent afin d’améliorer les conditions de vie de son peuple ».
La vision du Président Libyen portait principalement sur l’établissement d’une fédération des Etats-Unis d’Afrique et la mise sur pied d’un parlement panafricain sur le modèle du congrès américain. Donc, pour Mouammar Kadhafi, la création des Etats-Unis d’Afrique serait une réponse aux différents conflits qui déchiquètent l’Afrique, apporterait la paix, favoriserait le développement économique des Etats africains.
Outre la création d’une fédération des Etats-Unis d’Afrique, comme le proposait déjà depuis 1924, le Jamaïcain Marcus Garvey et le président Ghanéen Kwame N’krumah en 1958, le leader Libyen imaginait un Parlement panafricain sur le modèle du congrès américain. Nous savons grossièrement que selon l’Article I, alinéa 1 de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, c’est au congrès que reviennent tous les pouvoirs législatifs. Il est composé d’un sénat et d’une chambre des représentants.
Ce bicaméralisme, comme le note Philippe Ardant est inégalitaire. Le sénat des Etats-Unis d’Amérique est composé de deux sénateurs pour chaque Etat, choisis pour six ans par la législature de chacun, chaque sénateur disposant d’une voie. La chambre des Représentants quant à elle, est composée des membres choisis tous les deux ans par les peuples des différents Etats. Le nombre de Représentants n’excède pas 1 pour 30.000 habitants.[13]
A ce stade, c’est dire que le Parlement panafricain qu’imaginait Mouammar Kadhafi aurait été composé d’un sénat de 108 membres à raison de 2 membres pour chacun de 54 Etats africains et d’une chambre des représentants dont il est difficile d’imaginer le nombre des membres ; en tout cas, chaque Etat aurait autant de représentants proportionnellement à sa démographie.
Les chefs d’Etats Africains auraient sans doute craint dans ces propositions de Mouammar Kadhafi, l’avènement d’une nouvelle forme d’autocratie et d’une dictature à l’échelle continentale. L’approche adoptée a été non pas celle d’un gouvernement central Africain, mais celle d’une Union Africaine, conformément aux objectifs fondamentaux de la charte de l’OUA et aux dispositions y afférentes.
En lieu et place d’un gouvernement continental, les chefs d’Etats africains ont préféré le renforcement et la consolidation des communautés économiques régionales qui constituent d’après eux les piliers de la réalisation des objectifs de la communauté économique africaine et de l’union envisagée. Depuis cette rencontre, les esprits africains se rangèrent derrière la thèse du démantèlement de l’OUA. Les travaux préparatoires d’un texte pouvant se substituer à la charte commencèrent dès 2000, lors du sommet marquant le 36ème pour l’OUA.
IV. 4. 2. Le 36ème sommet de l’OUA (11 juillet 2000)
Comme dans toute rencontre des Chefs d’Etat et de gouvernement, le 36ème sommet de l’OUA a fait l’objet de plusieurs débats ayant aboutis à vingt-cinq déclarations et décisions dont celle qui nous intéresse est bien évidemment celle portant création de l’Union Africaine et subsidiairement la décision sur la création d’un parlement panafricain. Cette décision découlait du rapport et des recommandations de la 72ème session ordinaire du conseil des Ministres de l’OUA, lequel rapport, a entrainé l’adoption du projet de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine.
C’est au cours de cette rencontre que la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement a donc exhorté les Etats membres de l’OUA à prendre les mesures nécessaires pour signer l’Acte constitutif de l’Union Africaine et le ratifier afin d’assurer sa mise en œuvre. Cet acte entrera ainsi en vigueur le 26 mai 2001, au sommet de l’OUA tenu à Bamako, au Mali.[14]
Pour les signataires de cet acte, « l’Union Africaine est l’institution fondamentale et la principale Organisation du continent dans le domaine de la promotion de l’intégration socio-économique accélérée en vue du renforcement de l’unité et de la solidarité entre les pays et les peuples africains. Elle est basée sur la nécessité de bâtir un partenariat entre les gouvernements et toutes les couches de la société civile, en particulier les femmes, les jeunes et le secteur privé, afin de renforcer la solidarité et la cohésion entre les peuples africains ».[15] Mais que cela signifie-t-il par rapport à la question de savoir si l’Union Africaine est une Organisation de coopération ou d’intégration pouvant à long terme aboutir à une fédération comme le souhaitent certains de ses pairs fondateurs ?
Le moins que nous puissions dire, c’est qu’avec la création d’une nouvelle Organisation dont le but est la coordination des politiques des Etats africains, avec une certaine autonomie de ses organes, contrairement à l’OUA, nous sommes tout de même arrivés à une deuxième tentative avortée du fédéralisme en Afrique. Kwame N’krumah avait longtemps bataillé pour l’instauration d’un gouvernement africain depuis 1958, à cette approche plusieurs leaders africains s’étaient farouchement opposés. Ce fut le cas de l’Ivoirien Houphouët Boigny.
Le leader éthiopien Hailé Selassié avait quant à lui considéré plusieurs modèles. Il s’agissait donc pour Hailé Selassié, de créer une Organisation n’étant qu’un simple organe de consultation ; alors que Kwame N’krumah voulait « la création immédiate d’un gouvernement unitaire africain avec une zone monétaire et une banque centrale, une défense, une nationalité et un plan de développement économique commun à tous les Etats.[16]
Les leaders africains opposés à ce modèle fédéral reprochaient au projet de Kwame N’krumah, son caractère romantique et irréaliste. Ils le trouvaient radical et dangereux, puisqu’il présentait des germes d’autocratie et de dictature à l’échelle continentale. Certains d’ailleurs, ne voulaient même pas d’une République Populaire Socialiste Africaine.
Outre ces rencontres, il en eut d’autres, telles que : le 5ème sommet extraordinaire, tenu en mars 2001 à Syrte, en Libye, qui a porté modification de l’acte constitutif de l’Union Africaine et la session inaugurale de la XXXVIIème conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA, tenue à Durban, en Afrique du sud, du 8 au 9 juillet 2002, au cours de laquelle se fit le lancement officiel de l’Union Africaine.
V. DE L’UNITE A L’UNION : FONDEMENT POUR UNE INTÉGRATION RÉELLE EN AFRIQUE A L’ERE DE LA MONDIALISATION
V.1. Innovations et espoirs nés de l’avènement de l’union africaine
La conformité et le respect des principes d’une institution, ainsi que la volonté manifestement exprimée pour l’attente des objectifs que s’assigne cette dernière sont une garantie pour sa survie, son émergence et son épanouissement. Ainsi, contrairement à sa devancière (l’Organisation de l’Unité Africaine) qui ne visait que cinq objectifs, l’Union Africaine en vise quatorze.
Les objectifs de l’Union Africaine sont les suivants :
- réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique ;
- défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses Etats membres ;
- accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ;
- promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples ;
- favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la charte des Nations Unies et de la déclaration Universelle des droits de l’homme ;
- promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ;
- promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;
- promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la charte africaine des droit de l’homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme ;
- créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales ;
- promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des économies africaines ;
- promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité humaine, en vue de relever le niveau de vie des peuples africains ;
- coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés économiques régionales existantes de l’Union Africaine ;
- accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en particulier en science et en technologie ;
- œuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l’éradication des maladies et de la promotion de la santé sur le continent.[17]
En remontant autant que faire se peut vers le système de l’OUA et sur ceux des autres Organisations continentales, nous avancerons ainsi peu à peu vers une connaissance fine et une analyse compréhensive de cette institution (Union Africaine).
Sur cette base, nous pouvons dire qu’il ya au niveau des principes qui régissent actuellement les rapports entre les Etats membres de l’Union Africaine, une très grandes évolution. L’Union Africaine avec ses 16 principes, succède à l’OUA qui en comptait sept. Dans un premier temps, nous pouvons remarquer que l’Union Africaine reprend plusieurs principes énoncés dans la charte de l’OUA, en asseyant soit de les élargir, soit de les rendre plus contraignants. C’est le cas du principe de l’égalité souveraine des Etats membres qui s’est enrichi du principe de l’interdépendance, afin que la coopération ne soit pas une simple coexistence pacifique entre les Etats continentaux.
Une autre similitude porte sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres de l’Union. C’était la formulation de la charte de l’OUA, qui est restée inchangée dans l’acte constitutif de l’UA. Cette disposition de la charte de l’OUA a été reformulée pour devenir : « le respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance ».
En cas de conflit ou de différend entre les membres, la charte prévoyait le règlement pacifique des différends par voie de « négociation, de médiation, de conciliation ou d’arbitrage », l’Union Africaine quant à elle, réaffirme ce principe de règlement pacifique sans toutefois préciser les moyens par lesquels les Etats y arriveront. L’acte constitutif de l’Union Africaine parle de « règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l’Union par les moyens appropriés qui peuvent être décidés par la conférence de l’Union ».
Ce principe est évidemment complété par celui prévoyant « l’interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l’usage de la force entre les Etats membres de l’Union Africaine » et celui de la « coexistence pacifique entre les Etats membres de l’UA et leur droit de vivre dans la paix et la sécurité ».
Un dernier principe hérité de la charte de l’OUA est bien celui portant sur la condamnation de toutes sortes des violences politiques exercées au sein des Etats ou entre les Etat membres. C’est le cas de l’assassinat politique ou des activités dites subversives. Contrairement à l’OUA, l’UA est plus audacieuse et va plus loin en prévoyant d’une part, « le respect du caractère sacro-saint de la vie humaine, la condamnation et le rejet de l’impunité des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activités subversives » et d’autre part, « la condamnation et le rejet des changements anticonstitutionnels des gouvernements ».
En outre, nous remarquons par ailleurs que l’UA a vraiment innové en insérant dans l’acte constitutif des principes non seulement qui ne figuraient pas dans la charte de l’OUA, mais qui sont devenus aujourd’hui des véritables valeurs devant lesquelles, aucune société moderne ou aucune institution se voulant démocratique ne saurait reculer. Ces valeurs ou principes peuvent se substituer en deux : d’une part, ceux ayant trait aux rapports entre l’UA et les peuples africains et d’autre part, ceux se rapportant aux rapports entre l’Union Africaine, la solidarité et la défense des Etats membres. Les rapports entre l’UA et les Etats membres sont ainsi enrichis par des nouveaux principes qui portent d’une part, sur la mise en place d’une politique de défense commune pour le continent africain et d’autre part, sur le droit des Etats à solliciter l’intervention de l’UA pour restaurer la paix et la sécurité en Afrique.
Au total, l’UA reprend certes, plusieurs principes énoncés dans la charte de l’OUA, en abandonnant d’autres d’ailleurs, mais, approfondissant certains par des dispositions plus contraignantes et audacieuses. Comme nous le remarquons, ces dispositions ne sont que des principes. Et si l’UA les a adoptées dans son acte constitutif, elles ont rarement fait l’objet d’application et n’ont jamais donné lieu à quelques sanctions de la part de la conférence de l’Union, organe suprême de l’UA.
V. 2. De l’Unité à l’Union : quel espoir pour l’intégration en Afrique ?
A la lumière de l’Union Européenne qui réalise aujourd’hui une intégration considérable en Europe, ayant connu elle aussi de transformation depuis la Communauté Economique Européenne (CEE) et la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), il y a lieu de croire que la mutation ou la transformation de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à l’Union Africaine (UA) est un espoir pour la réalisation d’une telle intégration en Afrique.
La transformation de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en Union Africaine (UA) avait créé un immense espoir sur le continent africain et au–delà. Il s’agit de l’espoir d’une Afrique unie, qui construit et conduit son développement économique, social et culturel dans la paix et la sécurité, en comptant d’abord sur ses propres forces, ses ressources de tous ordres, et, elles sont immenses. Or, malgré les résultats positifs enregistrés par l’OUA sur ces plans de la décolonisation, la lutte contre l’apartheid, la création d’un cadre de concertation et de dialogue à l’échelle du continent, le bilan d’efforts dans le sens de la construction d’une véritable intégration au niveau du continent, d’une véritable union africaine est décevant.
En dépit de ce bilan désastreux, et peut–être à cause de cela, l’espoir naissait en 2002 à Durban. Les Africains doivent faire en sorte que cet espoir ne soit pas à nouveau déçu. La route est certes longue, semée d’embûches, pavée sûrement de période de découragement, comme l’a dit Djibril Diop « le chemin n’est pas difficile, mais c’est la difficulté, le chemin ».[18]
VI. PERSPECTIVES POUR L’AVENEMENT D’UNE INTEGRATION REELLE EN AFRIQUE
En dépit des professions de foi des dirigeants africains sur l’union des leurs Etats et des différentes rencontres qui ont consacrées la question d’intégration, l’Afrique n’arrive toujours pas à parfaire satisfaire les attentes de toute l’humanité quant à ce.
L’Afrique, face à tous les nouveaux principes régissant les rapports économiques et financiers internationaux, devrait avoir le besoin de se réajuster d’autant plus que les politiques économiques nationales sont plus souvent planifiées. C’est peut-être pourquoi l’acte constitutif de l’UA prévoit de « créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie mondiale et dans les négociations internationales ».[19]
L’Afrique a donc besoin de réécrire le rôle de l’Etat et celui de la souveraineté. Elle a donc besoin de s’arrimer à toutes les dynamiques contraignant tous les acteurs du champ international, à raisonner en terme global, soit à l’échelle de la planète entière. Face à une mondialisation exigeant moins de régulation et plus de coopération, l’Afrique est appelée à l’adaptation.
Le continent devrait donc s’adapter. S’adapter à l’implosion de la bulle spéculative liée à la nouvelle économie, s’adapter aux principes du néo–libéralisme sur lesquels repose en grande partie la mondialisation : Un taux d’échanges faible, une liberté d’ échanges, la libre concurrence par la suppression des subventions et la détermination du juste prix par le marché, la dérèglementation ou encore le renforcement des droits de propriété privée pour encourager la création privée des richesses.[20]
En tout état de cause, l’enjeu pour le continent dans cette nouvelle initiative de l’Union Africaine est alors de formuler un projet sociétal de développement endogène ouvert au monde. Cette ouverture est possible d’après les pairs africains par le renforcement de la base de production, en la diversifiant par l’attraction des nouveaux investissements directs et en remontant la chaîne de valeurs pour produire des biens manufacturés et des services de qualité, adaptés à la demande de consommateurs.
Ces axes permettront alors aux pays africains de gagner la bataille des marchés intérieurs, régionaux avant de se lancer avec succès sur les marchés mondiaux. Mais, l’Union Africaine ne fait guère mieux. Pourtant, les changements se font toujours attendre. L’Afrique est encore en proie à l’autre forme du colonialisme à savoir le « néo–colonialisme » et, le nationalisme étriqué fait encore ravage en Afrique.
L’Union Africaine, malgré des efforts perceptibles çà et là, tarde à réaliser l’intégration africaine effective. Aujourd’hui, la simple circulation des personnes connait de graves restrictions en Afrique. En réalité, à l’image de l’OUA, l’Union Africaine se soucie très peu des peuples africains dont les intérêts sont foulés aux pieds à longueur de journée comme l’attestent les « prises de pouvoir non constitutionnelles, d’actes de grandeur, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » qui tendent à avoir force de loi en Afrique. C’est dire à quel point l’Union Africaine demeure comme l’OUA, un « syndicat de dictateurs », un concert des Nations sans musique mais plein de cacophonie.
Où est l’union africaine ? Elle n’existe nulle part ailleurs que dans les discours des dirigeants africains et d’autres théoriciens africains. Or, l’unité ou l’union est d’abord une affaire des peuples dont les intérêts supérieurs doivent être au début, au cours et à la fin de toute entreprise et de tout processus d’union. Il faudrait donc se battre, pied à pied, main dans la main. Mais se battre contre quoi ? Contre qui ? Pourquoi ? Pour qui ?
Les Africains devraient se battre contre eux-mêmes d’abord ! Contre leur propension à croire que les solutions à leurs problèmes viendront d’ailleurs, c’est-à-dire des autres. Ils doivent se convaincre qu’aucune Nation ou groupe de Nations ne viendra faire pour eux ce qu’ils seront incapables de faire pour eux–mêmes. Il ne suffit que de se retourner et d’analyser les expériences de plus de 50 ans d’indépendance, personne n’a résolu leurs problèmes à leur place. Bien souvent, leurs problèmes se sont compliqués davantage, avec l’ingérence des autres.
Les Africains devraient refuser de s’entretuer dans des guerres ou des conflits fratricides qui n’ont aucun fondement sérieux et qui ne les avancent en rien. Au contraire, ces conflits les appauvrissent à tous les points de vue et enrichissent ceux qui soufflent sur la braise et attisent le feu. Il leurs font reculer sur tous les plans.
Les Africains devraient mieux gérer leurs ressources et les mettre au service du développement du continent, au lieu d’en confier la gestion à d’autres sans contrepartie réelle. Bien entendu, il ne faut pas utiliser ces ressources pour acheter des armes qui vont servir à nous entretuer. Ce qui détruit à la fois des ressources financières, des ressources humaines, tout en réduisant à néant les équipements indispensables pour le développement.
Il est vrai qu’aujourd’hui, c’est le manque des ressources financières qui est le goulot d’étranglement le plus crucial pour la mise en œuvre des programmes ambitieux identifiés dans le NEPAD. Si nous analysons la situation de dépendance des pays africains vis–à–vis des bailleurs de fonds, nous constatons que toutes les décisions concernant la gestion des finances publiques, le choix des investissements, la répartition des ressources entre consommation et investissement ne peuvent être prise sans l’accord des bailleurs de fonds.
L’Afrique souffre d’avoir tenté d’appliquer des solutions toujours proposées par d’autres et présentées comme étant celles des Africains eux-mêmes. Il faudrait pour les Africains, une prise d’engagement que s’ils devront souffrir et continuer à souffrir, qu’au moins, ce soit à partir de la mise en œuvre de leurs propres propositions qu’ils pourront changer si elles s’avéraient inadaptées. Le destin et le sort des Africains doivent être entre les mains des Africains eux-mêmes. Et, pour cela, il faut changer de mentalité, de manière d’entrevoir les rapports de force, de façon d’avancer nos pions.
Il faudrait pour l’Afrique, entreprendre une véritable réforme de l’aide internationale. Le système économique qui a réussi aux Etats-Unis d’Amérique ou en Europe, après une expérimentation et une maturation des plusieurs décennies, ne peut être transplanté et appliqué en quelque jours dans les pays en voie de développement. Vouloir le faire, entrainera fatalement des perturbations économiques et surtout politiques qui vont bien au- delà des capacités de maitrise des acteurs africains.
Michel-Ange Mupapa Say Souligne qu’aucun système économique ne peut se maintenir sans fondement politique. La prise en compte des conséquences politiques des actions préconisées par les partenaires au développement est une nécessité. Le dialogue politique doit se faire en même temps que la coopération économique. La transparence doit être de mise de part et d’autres. La lutte contre la corruption doit être la règle, pour tous.[21]
L’intégration économique et politique sur les plans régional et sous régional pourraient être réalisées et conduire à une intégration continentale, si les uns et les autres cessent de voir le développement uniquement dans le cadre des micros Etats issus de la colonisation ; ce qui est une véritable utopie à l’heure de la mondialisation. L’égoïsme étroit qui consiste à croire que chaque Etat africain pourrait conserver ses avantages et se développer à lui tout seul est une vue complètement utopiste du bonheur de ces entités issues de la conférence de Berlin.
Il faudrait aussi et surtout que les dirigeants africains cessent de croire que l’Occident va leur donner les moyens de leur développement ou alors, que les Occidentaux les aiment tellement qu’ils vont un jour et par un coup de baguette magique, les permettre de voir poindre le développement et la croissance sur leurs sols.
Dans tous les cas, les Africains ne devraient s’attendre ni à se développer en gardant la main constamment tendue vers l’aide extérieure ni à ce que l’Occident les tire comme par miracle de leur état de sous-développement actuel. Le développement est une course dans laquelle chacun veut gagner et avoir la médaille. Chacun doit se débrouiller pour trouver sa voie et arriver à bon port à temps. L’Afrique doit elle-même trouvé ses voies. Pour cela, il lui faut cette union réelle et agissante. Et pour cette union, il faut de la volonté politique.
Dans la perspective d’aboutir à une union économique à la dimension de l’Afrique toute entière, l’OUA avait mis un accent particulier sur l’intégration économique dans sa stratégie d’intégration multisectorielle. Dans cette perspective, le plan de Lagos qui est en partie ce que nous avons aujourd’hui dans le NEPAD, avait dans les années 1980, imposé aux diverses sous-régions des obligations dans diverses secteurs, notamment : le secteur financier, celui du commerce interafricain, le secteur de la réduction puis l’élimination des barrières commerciales. Si cet ensemble de mesures ou de conditions adoptées au sommet économique de Lagos en 1980 avait connu une véritable mise en œuvre, l’Afrique aurait pu faire une avancée très significative en direction d’une communauté économique africaine en prélude à une intégration politique marquée par des institutions fortes, auto-intégrées et légitimées par les peuples africains satisfaits par les réponses socio-économiques concrètes de l’Afrique dans leur quotidien.
Effectivement, si les Etats ou responsables politiques africains avaient par le biais de l’intégration économique, permis aux populations de bénéficier des bienfaits de l’intégration, celles-ci auraient été plus que favorables à l’union entre les Etats africains. Ainsi, l’intégration se ferait à partir de la base.
En effet, il n’y a rien de plus intéressant dans ce processus que d’avoir des peuples désireux de se rapprocher pour faire en sorte que l’intégration et l’union ne soient pas perçues comme imposées mais plutôt, comme voulues et acceptées par les populations et par elles seules.
C’est en ce sens que l’on peut parler d’une intégration et d’une union africaine réalisée par les populations ou les peuples africains. Cela veut dire que, les populations se sont entièrement appropriées un processus qu’elles ont trouvé intéressant pour elles.
Ce processus d’intégration économique en prélude à l’intégration politique et culturelle est le chemin adopté par l’Union Européenne dont l’intégration a commencé depuis les années 1950 sur une base économique, avant d’arriver aujourd’hui à une intégration politique qui est encore en gestation.
Si l’Afrique doit copier certaines choses auprès de l’Occident en vertu du principe de mimétisme, cette procédure d’intégration en est une. Donc, les vertus intrinsèques des Etats-Unis d’Afrique doivent être comprises et soutenues par les Africains et surtout les dirigeants africains.
CONCLUSION
Le monde du troisième millénaire est un monde d’interdépendance ; il est en perpétuelle mutation, son dynamisme exige que lorsqu’il bouge, nous bougeons avec lui. Le monde se mondialise et l’Afrique ne peut rester en dehors de ce processus. Mais, elle ne peut se résigner à y entrer mains et pieds liés ; elle doit être acteur et doit maitriser son insertion dans cette dynamique, à la lumière de la voie de développement qu’elle se définit et pense être la mieux indiquée pour le bien-être de ses populations.
L’Afrique a découvert plusieurs façons de faire son union mais qui n’ont pas marché. Il lui faudrait maintenant mettre de côté tout ce qui n’a pas marché, tout ce qui a occasionné l’échec à son union et choisir la voie qui mène au succès et à la victoire. Alors, il faudrait désormais approcher le problème autrement. Car, nous ne pouvons pas poser indéfiniment les mêmes actes et espérer des résultats différents, d’autant plus que tout le monde est bien conscient que dans les mêmes circonstances, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
La balle est désormais dans le camp des Africains. Plus que jamais à l’heure de la mondialisation, nous sommes obligés de réaliser l’union de l’Afrique. La situation économique déplorable du continent et la multitude de défis qu’il doit relever, commandent et exigent que l’Afrique dépasse ses divergences et ses différences pour se tourner vers la quête d’une renaissance, afin de jouer le rôle qui lui revient dans l’économie internationale. Si l’on considère d’une part, que certains Etats d’Afrique ne sont pas viables économiquement et que d’autres parts, un nombre croissant de problèmes sont multinationaux, il est nécessaire à tout le moins de redéfinir la souveraineté.
Parmi les problèmes multinationaux figurent ceux de l’environnement et ceux des droits de l’homme. Il est très important que tant des dirigeants politiques que les peuples prennent de plus en plus conscience du fait que ces problèmes concernent légitimement tout le monde sans exception. L’expérience suggère que pour parvenir à des accords viables entre Etats, il porte de créer un climat favorable à la coopération. Un programme qui vise à situer le concept de souveraineté dans un contexte analogue à celui qui existe aujourd’hui en Afrique, implique donc des mesures préalables, propres à faire régner la confiance.
Dans le monde entier, des systèmes de coopération économique, d’union, d’intégration et d’autres formes de collaboration entre Etats sont en train de s’implanter. Les Etats d’Afrique ne peuvent se permettre de rester seuls au moment où d’autres Etats d’autres continents s’acheminent vers la constitution d’entités plus larges et plus fortes. En outre, le monde comme nous l’avons dit, devient de plus en plus interdépendant (village planétaire), et les populations, que ce soit en Afrique ou ailleurs éprouvent le sentiment qu’elles partagent un sort commun. A la lumière de ces préoccupations, les Etats africains peuvent prendre des nombreuses mesures, l’une de celles-ci, c’est d’atténuer les facteurs susceptibles de conduire à des conflits entre Etats du continent.
L’Afrique devrait prouver qu’elle est capable de contrôler et discipliner ses gouvernements afin d’acquérir une plus grande crédibilité auprès des peuples du continent et aux yeux du reste du monde. L’Union Africaine qui doit chapeauter l’action de l’union du continent pourrait contribuer de façon majeure à un tel projet. Il faudrait que les dispositions de l’acte constitutif de l’UA, comme celle qui pense inclure toutes les composantes de la société civile, femmes et jeunes soit mise en œuvre pour discuter des stratégies, en vue de la concrétisation d’une union réelle et agissante en Afrique. Car, il est essentiel que les peuples des Etats d’Afrique à tous les niveaux, puissent jouer un rôle éminent dans ce processus.
L’Afrique est capable de régénérescence. Les ressources et les potentialités ne manquent pas. Cependant, il faut franchir le cap de l’afro-pessimisme pour voir le rêve des panafricanistes se réaliser. L’union de l’Afrique doit cesser d’être un rêve et se réaliser, c’est mêmes un impératif ; puisque, les mutations actuelles qu’imposent les systèmes politiques et socio-économiques nouveaux à travers le monde, en font une impérieuse nécessité.
La mondialisation est volontiers associée à une érosion des régimes de souveraineté étatique. Dans cette perspective, l’expansion des flux d’échanges et de communications transnationaux, la porosité des frontières nationales, les mouvements d’intégration régionale, la multiplication des acteurs non gouvernementaux, le rôle grandissant des régimes internationaux, ont ébranlé l’emprise des Etats, d’autant que ces phénomènes ont coïncidé avec la montée de tendances centrifuges et de conflits ethniques en plusieurs pays du monde. Les gouvernements n’ont plus la pleine maitrise de leurs politiques publiques internes et de leurs orientations diplomatico-stratégiques. Leur capacité à gérer leurs propres économies en se fixant des priorités nationales s’est amenuisée au fur et à mesure que les activités transnationales ont progressé.
De nombreux Etats, à commencer par les plus riches, ont abandonné au cours des dernières décennies une partie non négligeable de leur autonomie en matière monétaire et financière. L’exemple des Etats membres de l’Union Européenne nous en dit quelque chose. Certes, les incidences de la mondialisation diffèrent beaucoup selon la nature des Etats et selon les circonstances. Ceux dont l’économie est fragile sont naturellement plus sensibles à ses effets, ils ont moins de capacité à participer aux processus de décision qui affectent sa gestion et qui conditionnent son orientation. Ainsi les pays pauvres du sud ont-ils une faible autonomie économique et politique. Et, pour s’afficher dans ce système et y inscrire leur présence prégnante, les Etats africains sont invités à se mettre ensemble.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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ZORBIBE C., « de l’OUA à l’UA »,
disponible sur www.africain-géopolitics.org,
du 3 Février 2003, consulté le 23 Juillet 2018.
[1] MVELLE G., L’Union Africaine : Fondements, Organes, Programmes et Actions, L’Harmattan, Paris, 2007, p. 89.
[2] DIOP D., « Les Etats–Unis d’Afrique, et après ? », disponible sur www.african geopolitics.org, du 29 Juin 2009, consulté le 23 Juillet 2018.
[3] ZORBIBE C., « de l’OUA à l’UA », disponible sur www.africain-géopolitics.org, du 3 Février 2003, consulté le 23 Juillet 2018.
[4] Charte de l’OUA, Art. 3, Addis-Abeba, 25 Mai 1963.
[5] ZORGBIBE C., Art. cit.
[6] MVELLE G., Op. cit. p. 201.
[7] BOUTROS B.G., L’Organisation de l’Unité Africaine, Armand Colin, Paris, 1969, p. 31.
[8] Charte de l’OUA, art. 7, Addis-Abeba, 25 mai 1963.
[9] ZORGBIBE C., Art. cit.
[10] Ibidem.
[11] Acte constitutif de l’UA, art. 3.
[12] Voir le préambule de l’Acte constitutif de l’UA.
[13] ARDANT P., Institutions politiques et droit constitutionnel, LGDT, Paris, 2001, p. 313.
[14] MVELLE G., Op cit., p. 183.
[15] Préambule de l’Acte constitutif de l’UA.
[16] B.BOUTROS GHALI, Op.Cit, p.55
[17] Acte constitutif de l’UA, Act. 3
[18] DIOP D., Art. cit.
[19] Acte constitutif de l’UA, art. 3(i), Lomé, 11 Juillet 2000.
[21] MUPAPA M.A.S., Le Congo et l’Afrique à l’orée du troisième millénaire : pathogénie d’un sous-développement, PUC, Kinshasa, 2004, p. 29