Patrick LOSSONGO LOSSIYO
(Chef de Travaux à l’Université Pédagogique Nationale et Directeur Général adjoint de l’Institut de Recherche en Géopolitique et d’Etudes Stratégiques)
RESUME
Cette étude tente de déterminer si la Corée du Sud est inévitablement une puissance moyenne et si c’est le cas, si elle peut également prétendre au titre de puissance régionale. Mais la question de son influence et de sa vision des relations internationales est analysée à partir de particularités de sa politique étrangère dans un monde qui ne cesse de se réinventer. L’enjeu majeur de la politique étrangère sud-coréenne est l’élargissement de son influence au-delà de la péninsule coréenne. Par ailleurs pour manifester son souhait de devenir un acteur clé de la « bonne » gouvernance mondiale, la Corée du Sud a pris l’initiative de participer à un nombre croissant d’opérations internationales de maintien de la paix et, pour ce faire, elle se dote progressivement de forces de projection conséquentes.
Nous chercherons donc au cours de cet article à démontrer comment est-ce que sa politique étrangère s’inscrit plus largement dans l’ambition de la Corée du Sud à devenir un acteur influent sur la scène internationale. Bien que la Corée du sud ne soit pas capable à elle seule à défier l’ordre international, elle est au moins en même de déstabiliser l’ordre géopolitique établit par des grandes puissances, en jouant pleinement son rôle de stabilisateur et de médiateur régional.
Mots-clés : géopolitique, politique étrangère, Corée du Sud, Corée du Nord
INTRODUCTION
La politique étrangère de la Corée du Sud actuelle n’est pas la conséquence d’un événement unique, mais le fruit d’une succession de changements auxquels le pays a été confronté depuis la démocratisation de son système politique dans la dernière partie des années 1980. La fin de la Guerre froide, les tentatives avortées de rapprochement avec la Corée du Nord, les ambitions nucléaires de cette dernière, l’inexorable montée en puissance de la Chine, la redéfinition de l’alliance avec les États-Unis et des relations avec le Japon, mais aussi les changements démographiques et sociaux auxquels le pays doit faire face ont conduit la Corée du Sud à revoir ses priorités stratégiques et diplomatiques.
Depuis des lustres, la Corée du Sud tente de gérer tant bien que mal l’ambiguïté de son discours stratégique. Ce dernier repose sur un principe contradictoire : éviter tout nouveau conflit avec le Nord et œuvrer à une réunification pacifique avec le principal adversaire. La position est d’autant plus difficile à tenir que les quatre grands voisins du pays (Chine, États-Unis, Japon et Russie) détiennent la plupart des cartes qui influeront sur l’avenir de la péninsule. L’équilibre entre la dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis, les intérêts économiques et commerciaux avec la Chine et la question de la réunification constituent toujours la base de la pensée stratégique sud-coréenne.
La Corée du Sud aspire aujourd’hui à jouer plus important sur la scène régionale et internationale. Elle tente de se présenter comme une nouvelle puissance moyenne avec laquelle il faut dorénavant compter. Nous développerons ce point un peu plus loin. Est-il cependant légitime pour le pays de se penser en puissance moyenne ? La plupart de ses principaux partenaires, au premier rang desquels figurent les Etats-Unis et la Chine, ne semblent pas considérer la Corée du Sud comme une puissance moyenne crédible.
I. UN FRETIN NAGEANT ENTRE DES BALEINES
Dans les relations internationales actuelles, la stature géopolitique d’un Etat ne dépend pas seulement des éléments traditionnels de la puissance, mais aussi et surtout de l’intelligence stratégique et diplomatique. Autrefois, la Corée du Sud et bien d’autres Etats d’Asie du Sud-est subordonnaient leur existence aux objectifs géopolitiques de grandes puissances dans cette région. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Le fossé entre son aspiration à la puissance et la perception qu’en ont ses principaux partenaires fait de la Corée un cas particulier dans l’étude du concept de puissance.
Selon Joseph Nye, les évolutions des dernières décennies ont modifié la typologie des ressources nécessaires qui commandent la puissance. D’abord, la puissance s’est diffusée sous l’effet de cinq grandes tendances : le renforcement de l’interdépendance économique, l’émergence et l’affirmation des acteurs transnationaux, le développement du nationalisme dans les Etats faibles, le développement technologique et enfin la modification des grands enjeux de la politique internationale.
La diffusion de la puissance se traduit également en un renforcement des Etats faibles. Si quelques grandes puissances ont réussi à préserver un avantage marqué en matière de technologies militaires, de nombreux Etats peuvent aujourd’hui aligner des capacités militaires non négligeables, qui rendent les interventions extérieures des grandes puissances beaucoup plus aléatoires et coûteuses. La dissémination de la haute technologie militaire et le développement d’industries militaires nationales, comme en Corée du Sud, ainsi que la prolifération d’armes de destruction massive, comme en Corée du Nord, participent pleinement à ce phénomène.
Enfin, nombre de questions nouvelles sont apparues sur l’agenda international : la gestion de la dette, aussi bien pour les pays riches que pour les pays moins développés ; le chômage massif ; le réchauffement climatique et la protection de l’environnement ; la sécurité alimentaire et les questions de santé ; le terrorisme ou encore le contrôle des trafics illicites. Ces problématiques transnationales ne peuvent recevoir une réponse qu’à travers une action collective concertée, pour laquelle la capacité d’influence et de manipulation dans les grandes enceintes internationales compte davantage que la puissance militaire ou le volume des ressources en matières premières.
Il est évident que depuis quelques années, l’ordre international a subi de profondes transformations. Les anciennes dominations se voient aujourd’hui confrontées à l’émergence de nouvelles puissances, ne partageant ni leurs valeurs, ni leurs dynamiques. L’émergence de la Chine et de l’Inde transforme les rapports de force mondiaux et met en cause l’hégémonie américaine, ainsi que son modèle de démocratie et d’économie.
Dans cette période de transition vers un système de relations internationales basé sur une plus grande multipolarité, le rôle des puissances moyennes ou régionales va en s’accroissant.[1] Pour le politologue américain Abramo Fimo Kenneth Organski, « Au fur et à mesure que chaque pays entre dans le processus d’industrialisation […] il amorce un sprint soudain dans la course à la puissance, laissant loin derrière les pays qui ne se sont pas encore industrialisés et comblant la distance avec les pays qui se sont industrialisés avant lui ». Dans sa théorie sur la « transition de puissance », Organski insiste sur le caractère cyclique du positionnement des puissances. Il constate que les Etats se divisent en quatre catégories : la superpuissance dominante qui dispose des plus grandes ressources ; les grandes puissances qui rivalisent avec la superpuissance ; les puissances moyennes et régionales qui ne peuvent défier la superpuissance ; et enfin, les petites puissances qui jouent un rôle limité au sein de leur environnement régional.
La Corée du Sud dispose de ressources matérielles limitées mais a un rôle croissant sur la scène internationale, alors que d’autres Etats dotés de l’arme nucléaire (Inde, Pakistan) ne disposent que d’une influence internationale faible. A l’exception de la Corée du Sud qui étend sa sphère d’influence au-delà de son périmètre proche, la plupart des puissances moyennes limitent l’usage de leurs ressources matérielles à leur voisinage immédiat, étant donné qu’elles ne sont pas en mesure de concurrencer les grandes puissances établies. C’est pourquoi on admet généralement que la définition de la puissance moyenne s’articule autour de son comportement et non pas sur ses ressources matérielles.[2] Théoriquement, les puissances moyennes ont donc tendance à rechercher des solutions multilatérales aux problèmes internationaux, à être enclines au compromis et à la promotion d’une « bonne gouvernance internationale ».[3] En conséquence, les puissances moyennes cherchent généralement à avoir un rôle prépondérant dans le maintien de l’ordre mondial.
Ayant réussi à détacher son destin de visées géopolitiques de grandes puissances, la Corée du Sud joue un rôle modérateur, coopératif dans le système mondial, en facilitant ou en déclenchant certaines lignes d’actions souhaitées au niveau international ; encore, en supervisant ou en orientant des régimes, des institutions. À l’inverse de la Chine qui tende à étendre son influence diplomatique au niveau mondial, la Corée du Sud se concentre sur un nombre limité de domaines de crise et sur les politiques portant sur une région géographique précise. Sa politique étrangère se caractérise en partie par une « diplomatie de niche » (spécialisation). Le rôle médiateur des puissances moyennes va de pair avec une volonté d’accroître leur sphère d’influence et leur intérêt de prestige.
II. PUISSANCE MOYENNE OU PUISSANCE REGIONALE ?
Si la Corée du Sud est bel et bien une puissance moyenne, est-elle pour autant une puissance régionale ? Tout comme la définition de puissance moyenne, celle de puissance régionale n’obéit pas à un concept universellement admis et la liste des puissances régionales peut être allongée ou raccourcie de manière presque arbitraire[4]. Ainsi, Jonathan Ping[5] classe l’Inde comme puissance moyenne. Samuel Huntington[6] considère par contre le pays comme puissance régionale majeure capable, dans certains domaines, de dominer la région à laquelle elle appartient.
Mais elle est incapable de projeter ses forces au-delà de cette dernière. À l’inverse, la Maison blanche pense, en s’appuyant sur le système démocratique indien et les réformes entreprises par le pays, que l’Inde est une grande puissance en devenir[7]. De même, si le Japon représente, aux yeux de Barry Buzan et d’Ole Waever, une grande puissance hésitant à devenir superpuissance, il n’est pour Andrew Cooper[8] qu’une puissance moyenne ayant tendance au compromis et à s’appuyer sur un dialogue multilatéral pour résoudre les problèmes internationaux. De son côté, Jonathan Ping ne considère même pas que le Japon puisse être une puissance moyenne.
Sous la présidence de Roh Moo-hyun (2003-2008), la Corée du Sud s’est engagée dans un vaste chantier de recomposition de l’Asie du Nord-Est. Dans une série de discours en mars 200576, le président Roh a cherché à établir une nouvelle stratégie devant faire de la Corée du Sud un balancier ou un Etat-pivot en Asie du Nord-Est, en promouvant la stabilité et le maintien du pays dans la région. Non seulement la Corée du Sud comme puissance moyenne devait servir de médiateur et de facilitateur, mais le pays devait également devenir un point d’équilibre dans la région.
L’idée derrière cette stratégie était de faire de la Corée du Sud l’élément moteur à une institutionnalisation des pourparlers à six, afin d’établir un mécanisme multilatéral permanent de sécurité régionale. Le projet présidentiel avait été élaboré dès 2004 par le Conseil national de sécurité, en coordination avec les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et du Commerce. L’objectif de cette politique, dans un premier temps, était de garantir la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne puis, dans un second temps, dans l’ensemble de l’Asie du Nord-Est.
En décembre 2005, le ministre sud-coréen de la Défense a d’ailleurs affirmé que le rôle de son pays en Asie du Nord-Est était dorénavant d’équilibrer la balance des pouvoirs dans la région. Dans son discours à l’académie des forces aériennes en mars 2005, le Président Roh affirmait que « L’équation des pouvoirs en Asie du Nord-Est changera en fonction des choix faits par la Corée du Sud ». Il réaffirmait également le besoin pour la Corée du Sud de développer une force militaire suffisante, pour maintenir la paix dans la péninsule coréenne mais aussi dans l’ensemble de la région).
La mise en application de cette nouvelle doctrine de politique étrangère sud-coréenne est particulièrement illustrée depuis 2005, déjà dans la répétition d’incidents entre la Corée du Sud et le Japon concernant les rochers de Liancourt.[9]
Ensuite, nous pouvons prendre l’exemple de la publication de nouveaux livres d’histoire japonais, faisant l’impasse sur les crimes de l’armée impériale pendant la colonisation de la péninsule coréenne, et affirmant l’appartenance à la fois historique et légale des rochers au territoire japonais. La politique étrangère de l’actuel Président Lee Myung-Bak est, d’une manière générale, très sensiblement différente de celles suivies sous les présidences de Kim Dae-jung et de Roh Moo-hyun. Cependant, on note une certaine constance dans la nouvelle politique de fermeté à l’égard du Japon sur ces deux dossiers sensibles. Quand la préfecture japonaise de Shimane instaura en 2005 une « journée de Takeshima [10]», fixée au 22 février en commémoration du rattachement des rochers Liancourt au Japon en 1905, la réaction des autorités sud-coréennes a été particulièrement forte.
Le président Roh Moo-hyun a été jusqu’à affirmer qu’ « il pouvait y avoir une guerre diplomatique dure qui pourrait réduire de manière significative les échanges dans différents secteurs et causer des difficultés économiques ». Quelques mois plus tard, le président déclara : « La revendication du Japon sur Dokdo[11] est équivalente à la justification de son passé criminel, de ses guerres d’invasion et de ses massacres ». Joignant le geste à la parole, les autorités sud-coréennes dépêchèrent aussi en 2005 quatre avions de chasse, pour intercepter un petit appareil civil japonais volant à proximité des rochers. Cette réaction brutale mit un terme final à ce que l’on appelait jusque-là « la diplomatie tranquille » sud-coréenne, dont le but était d’éviter de faire trop de vagues sur un sujet alors considéré comme peu important.
Quand le Japon annonça au printemps 2006 qu’il avait l’intention de conduire des recherches maritimes au large des îlots contestés de Ban Ki-moon, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères affirma alors que son pays allait prendre des mesures sévères. Parallèlement, Séoul mobilisa dix-huit navires de guerre pour empêcher toute intrusion japonaise dans la zone contestée. Sous pression des Etats-Unis qui ne souhaitaient pas voir ses deux alliés dans la région entrer en conflit, les Japonais battirent en retraite, en échange d’un report par les Sud-coréens d’une campagne de mobilisation pour modifier le nom de la mer du Japon en mer de l’Est.
La tension est depuis restée élevée. L’ascension de Lee Myung-bak à la présidence de la République n’y a rien changé. Les divers incidents de 2010 et 2011 ont montré que la Corée du Sud n’avait nullement dévié de sa ligne de fermeté et d’affirmation quant à ses nouvelles prétentions en Asie du Nord-Est. Même si pour se démarquer des administrations précédentes, le président Lee a affirmé vouloir revenir à une diplomatie plus tranquille.
Les Etats-Unis n’ont jamais permis à la Corée du Sud de jouer dans le cadre de la stratégie mondiale de la superpuissance américaine, un rôle géostratégique de premier plan dans la péninsule coréenne. C’est un rôle qu’elle ne joue pas aujourd’hui et qu’elle ne pourra peut-être pas jouer si la Chine continue à se constituer en puissance régionale globale, et surtout, si le leadership sud-coréen actuel acceptait de jouer le rôle qui serait le sien désormais au sein des organes de l’ASEAN.
Bien que ce pays ne cesse de gagner son statut ou son rôle de puissance régionale du fait de son ascension politique et de son réel poids géoéconomique, de la mobilité de sa société et aussi de grandes mutations géopolitiques mondiales qui ont abouti à la redistribution des rôles en Asie du Sud-Est. La Corée du Sud est aujourd’hui un pays en progression continue de se montrer capable des progrès dans presque tous les domaines des activités des nations.
Elle participe à la réalisation d’un grand dessein géopolitique interne et externe, pays dont l’évolution politique et institutionnelle reste généralement tributaire de contextes géostratégiques mondiaux, depuis la guerre froide jusqu’à sa rivalité avec Pyongyang. Une rivalité avec plusieurs incidences géopolitiques la décomposition de l’ordre géopolitique régional et les rapports diplomatiques et stratégiques très tendus. Dans ce contexte, comment travailler à la reconversion de la fonction géopolitique de la nation sud-coréenne, une nation stratégique de l’équilibre régional recherché. Pour une nation qui est entourée par des Etats plus ambitieux et plus puissants qu’elle, sa montée en puissance ou son redressement ne peut être que géopolitique, en renouant avec les bonnes grâces de grands de ce monde.
Le contexte géopolitique actuel permet ainsi à la Corée du Sud de comparer et de se comparer. Pour parler comme Schopenhauer, on dira que le temps mondial se présente alors non seulement comme représentation des temps nouveaux, mais également comme volonté et donc sens pour ces temps nouveaux[12]. Le linguiste Benveniste nous dit que, pour qu’un présent se manifeste, il a besoin d’une coïncidence entre un événement et un discours qui l’énonce.[13]
III. PORTEE DE LA POLITIQUE ETRANGERE COREENNE DANS LE TEMPS MONDIAL
Dans la Cohérence du réel, Ervin Lazlo écrit : “ Les lois de l’évolution ne sont pas déterministes mais possibilistes ; elles ne sélectionnent pas des trajectoires évolutionnistes précises mais définissent le contexte à l’intérieur duquel des systèmes choisissent leur propre évolution ”[14]. Le temps mondial répond parfaitement à cette définition. Il est une matrice mais non un système au sens où ses différents flux ne “ font pas système ”. Et toutes les mises en cohérence dont il peut faire l’objet dégagent des “ bifurcations ”, des disjonctions et s’intègrent à différentes médiations.[15]
La sortie de la bipolarité ouvrait de grands espoirs : le « nouvel ordre international »[16] dont on parlait tant en 1990 devait favoriser la relance du multilatéralisme, l’extinction des vieux conflits, l’émancipation des totalitarismes et ouvrir à des formes efficaces de coopération internationale.
On eut plutôt droit à une relance des violences, à une éclipse de la diplomatie et à une flambée interventionniste orchestrée par un néoconservatisme qui croyait naïvement à son étoile. Il est peu étonnant que la désillusion vînt rapidement à s’imposer.
La politique étrangère de la Corée du Sud est centrée sur la réappropriation du temps mondial. Ce pays qui a connu les affres de l’échec et du sous-développement est résolument engagé pour peser sur les enjeux mondiaux et faire entendre sa voix. Car, la première fonction géopolitique d’une politique étrangère est de faire entendre la voix de la nation, le Général Degaulle ne disait-il pas que la diplomatie était la bouche de l’Etat. L’enjeu pour la Corée n’est plus ‘expliquer le changement de la politique internationale ou de la géopolitique mondiale mais c’est de comprendre comment faire pour vivre dans ces temps nouveaux ?
Le temps mondial joue ainsi le rôle d’un calendrier mondial (on parle d’ailleurs de plus en plus d’agenda mondial) qui réunit bien les trois traits communs du calendrier que donne Paul Ricœur dans son œuvre[17] : un événement ouvrant une ère nouvelle (“ le monde a changé ”) ; un point de référence à partir duquel on peut clairement identifier l’avant de l’après (l’après-guerre froide par exemple) ; un “ répertoire d’unité de mesure ” (immédiateté, instantanéité, urgence).
La politique étrangère sud-coréenne voit et recherche dans le temps mondial, les nouvelles opportunités et nouveaux espaces pour asseoir la vision coréenne du monde. Avoir comme ligne diplomatique la contestation du régime nord-coréen, cela allait faire la politique étrangère sud-coréenne une politique étrangère atone et qui soumettrait l’indépendance de la Corée du Sud à la merci de son voisin du Nord. Une telle approche viderait de son sens.
Le fait que la Corée du Nord soit devenue un « astre mort », c’est-à-dire une république sans avenir géopolitique, un Etat qui joue sa survie chaque jour, une république qui excelle dans la diplomatie de la contestation, pour avoir été victime de l’humiliation.
La notion de la puissance de la Corée du nord dont on pouvait imaginer à la fin des années 1990 un début de concrétisation, se trouve aujourd’hui dans le flou le plus complet. Bien que dans la péninsule coréenne, la Corée du Nord recourt à la stratégie d’intimidation suite à l’importance de son arsenal militaire. Il est certain que lorsque Seoul parle de rupture, la production d’une nouvelle politique étrangère semble s’installer comme l’une de ses composantes essentielles. Cette politique étrangère sud-coréenne poursuit l’objectif de reconstituer un espace coréen et militer pour sa construction comme espace géopolitique doté de signification.
Face à la faiblesse de la Corée du Nord et aux incertitudes sur l’avenir de la péninsule coréenne, la Corée du Sud pourrait donc s’afficher comme le nouveau leader de cette sous-région et pourrait aussi parvenir à rendre possible la réunification. La Corée du sud a aujourd’hui une analyse critique et lucide de la menace nord-coréenne. Il est vrai qu’une partie du jeu international se joue aujourd’hui autour de la construction de cette idée d’autant plus incertaine, en fait, que l’hypothétique bombe nord-coréenne serait ainsi la première et la seule à être cataloguée comme menaçante, et que, par ailleurs, on prête à Pyongyang des intentions stratégiques dans la région qui semblent trop facilement préconstruites.
La Corée du Sud s’autorise aujourd’hui une réflexion sur les transformations qui affectent en profondeur les relations internationales. D’une façon générale, elle est sortie de la grammaire bipolaire qui la confortait et la rassurait, elle tient compte des paramètres contestataires issus de la réalité nouvelle des relations internationales qui ont devenues stratégiques. Elle sait parfaitement s’adapter aux formes conflictuelles nouvelles.
Décidément, les questions internationales ont du mal à épouser le jeu de la démocratie. Et pourtant, aujourd’hui, il est impossible de produire des relations internationales hors des opinions publiques. La République de la Corée reconstitue ses choix diplomatiques autour des paramètres familiers au néoréalisme : puissance, alliance, intérêts nationaux, gestion traditionnelle des conflits.
Aujourd’hui, alors que d’autres Etats du Sud peinent à participer de plein pied dans la gouvernance mondiale, la Corée du Sud à réussi à construire une ligne de politique étrangère réaliste et développé une nouvelle diplomatie, inédite jusque-là, faite de rhétorique. L’atout majeur de ce pays a été le fait d’avoir de vrais leaders qui ont forgé une utopie libératrice plus que de construire un Etat-nation. Un Etat intelligent doté d’une politique étrangère susceptible de s’adapter à ces années nouvelles. Une politique étrangère qui vit là où elle a été atteinte et peut-être quelque peu paralysée.
Au demeurant, c’est le prisme nord-coréen qui structure pour une bonne part le regard porté sur le temps mondial. Dans un premier temps, l’ouverture politique et le développement économique en Corée du Sud non seulement paraît révélateur des changements dans la région, mais, de surcroît, joue le rôle d’un adjuvant politique susceptible de faire évoluer la situation en Corée du Nord. Mais, très vite, le temps mondial révèle sa volatilité en raison même de l’évolution de la situation de la Corée du nord.
À la lumière de ces événements, le nucléaire, instrument de dissuasion par excellence, constitue donc aussi un formidable outil de négociation agité par Pyongyang devant le nez de ses adversaires. Le régime s’en sert d’ailleurs pour obtenir une aide internationale qui lui est aujourd’hui vitale dans les secteurs énergétique et alimentaire. En effet et comme nous le verrons par la suite, le pays, qui a souffert de nombreuses pénuries, a beaucoup de mal à renouer avec la croissance depuis la chute du régime soviétique.
Contrairement à ce qu’elle a pu revendiquer depuis qu’elle a commencé à développer son nucléaire dans un objectif d’« Energy Sovereignty », la Corée du Nord n’a jamais été autonome énergétiquement et dépend toujours fortement de la Chine dans ce secteur. Victime d’inondations à la fin des années 1990, elle a vu, impuissante, ses principales centrales engorgées par l’eau et rendues incapables de fonctionner.
IV. ENJEUX ET RISQUES D’UN EFFONDREMENT BRUTAL DE LA COREE DU NORD
La question de la réunification est toujours très prégnante au sein de la population et du gouvernement sud-coréen. Ainsi, le pays œuvre politiquement en ce sens, comme en témoigne la « sunshine policy » initiée par Kim Dae Jung en 1998. Cette réunification n’est alors pas envisagée sous la forme d’une chute du régime nord-coréen qui serait absorbé par son voisin du Sud, mais plutôt sous celle de rapprochements progressifs entre les deux Corées. Si la « sunshine policy » s’est terminée sous la présidence de Lee Myung Bak en 2007, cette idée de réunification progressive reste encore très présente, du fait des difficultés que pourrait rencontrer la Corée du Sud face à l’effondrement brutal de son voisin.
C’est la raison pour laquelle depuis 1998, Séoul abreuve Pyongyang d’une aide économique considérable. Si cette aide peut sembler contradictoire au premier abord pourquoi soutenir un régime que l’on voudrait voir disparaître ?, elle se justifie parfaitement par sa comparaison avec le coût faramineux qui résulterait d’une réunification précipitée, assumée par Séoul. Ainsi, comme le souligne Danielle Chubb, « la crainte de voir son propre bien-être menacé l’emporte sur la volonté de réunifier le pays.
De plus, un fossé culturel semble s’être inexorablement creusé entre les deux Corées. La Corée du nord est attachée à son histoire et vit dans un traditionalisme que l’on pourrait considérer d’un autre temps, alors que la Corée du Sud se projette vers l’avenir et s’est ouverte au monde globalisé dans lequel elle évolue. Si les deux pays gardent en commun une conception très forte de l’identité coréenne et un attachement à leurs racines et traditions, ils se sont cependant engagés dans deux voies distinctes, compliquant ainsi les désirs de réunification.
Ce fossé culturel était particulièrement visible lors du concert pour l’Unification qui s’était tenu à Pyongyang en 2003, durant lequel un boys-band sud-coréen s’était produit devant une foule nord-coréenne partagée entre l’incompréhension et le mépris.
Il reste donc encore un long chemin à parcourir avant d’aboutir à une réunification des deux Corées. En attendant, la stratégie employée par la Corée du Sud repose sur une volonté de maintenir le statu quo actuel ; cela tant que les conditions ne sont pas optimales pour une réunification réussie et surtout, entièrement maîtrisée par Séoul. Séoul se positionne ainsi comme second partenaire économique de Pyongyang, afin de tenter du mieux qu’elle peut de maintenir l’économie nord-coréenne à flot.
Au-delà de toutes ces questions, il se dessine un dilemme de sécurité bien différent de la traditionnelle vision américaine du risque nucléaire. Selon cette dernière, il faudrait éliminer ce risque par la menace de représailles armées et par la tentative d’un changement de régime ; théorie à laquelle de moins en moins d’États semblent adhérer, Corée du Sud en tête. Si la question du nucléaire fait bien partie des problèmes posés par la Corée du Nord, elle n’en est pas l’unique clef de lecture, comme démontré dans cet article. Sa résolution, si elle n’a pu être obtenue jusqu’à présent, dépend sans aucun doute de la situation régionale que nous allons à présent approfondir.
Il faut commencer par rappeler combien la faillite du régime nord-coréen, aussi simple qu’elle puisse paraître, n’est pas aujourd’hui la solution la plus souhaitée par ses voisins directs. L’attitude de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud à cet égard n’est compréhensible que dans ce contexte politique.
Comme une réminiscence de la guerre froide, la table des négociations à six fait s’asseoir face à face les trios Chine-Corée du Nord-Russie et Japon-Corée du Sud-États-Unis, alors même que la configuration du système international a changé et que nous sommes sortis de la dynamique bipolaire[18]. Cette dernière avait contribué à la guerre de Corée et avait longtemps empêché toute idée de réconciliation. Cette configuration, qui paraît témoigner d’un processus incrémental, semble à la fois effacer les cinquante dernières années et ignorer des différences de perception fondamentales des acteurs impliqués.
Ainsi, la Corée du Sud n’envisage pas la Chine, la Russie et la Corée du Nord comme des menaces directes. Aujourd’hui, et comme déjà expliqué, ce qui préoccupe bien plus le gouvernement sud-coréen est plutôt la possible crise humanitaire qu’entraînerait une chute de son voisin. De plus, depuis que Washington a avancé la notion de « Coalition of the Willing » et « d’alliance d’opportunité », le rassemblement historique du trio se trouve fragilisé et Seoul se trouve ainsi de moins encline à suivre la ligne américaine sans discuter.
Enfin, la péninsule coréenne représente un dernier dilemme bien connu : vaudrait-il mieux conserver deux Corées séparées mais qui signeraient enfin une paix durable ou, si la réunification était inévitable, vaudrait-il mieux poursuivre les menaces et plans de renversement du régime nord-coréen ? A la lumière de ces dilemmes, il apparaît évident que les négociations à six reflètent une difficulté à trouver un positionnement, tant chaque État est ancré dans ses propres préoccupations. Par conséquent, leur échec n’est pas une surprise.
V. PERSPECTIVES GEOPOLITIQUES
Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, les positions de la Corée du Sud en matière de politique étrangère sont, quelque peu, dissonantes par rapport aux tendances du moment. En plaidant pour une ouverture sur les autres, pour les opportunités que la mondialisation des échanges propose, et pour une profonde conviction européenne, Séoul s’engage sur ces lignes directrices qui nourrissent l’action de la Corée du Sud à l’international.
Sans nier les difficultés actuelles de la Corée du Sud et sur la péninsule, ni celles d’un monde où tout s’accélère et dans lequel les inégalités s’accroissent, la Corée du Sud affiche beaucoup de convictions sur ses atouts. Cela n’est sans doute pas mauvais pour le moral des Sud-coréens, habitués aux alertes des « déclinologues » ces dernières années.
Alors évidemment, il convient de ne pas se perdre en conjecture ! L’Asie du Sud-Est n’est pas dans un état de forme olympique. Ni sur le plan politique, ni sur le plan socio-économique. La Corée du Sud s’est construite dans des moments de crise ou lorsque les virages de l’Histoire l’ont poussée vers l’avant. Afin de redonner de l’élan collectif, il importe pour Séoul d’avoir un dialogue constructif avec son voisin du Nord. Quand les procédures et le court-termisme dominent le paysage au détriment des idées et des stratégies, la Corée du Sud ne construit pas : elle avance à reculons comme une écrevisse. La priorité de politique étrangère de la Corée du Sud, c’est la péninsule coréenne.
Et celle-ci doit d’abord et avant tout se concentrer sur sa cohésion, sa construction et son projet intérieur. Les défis y sont immenses, connus et imbriqués. Les Sud-coréens doivent cesser de ne pas vouloir regarder les réalités en face : une Péninsule coréenne turbulente constitue un handicap majeur sur la probable réunification coréenne. Mais les dénouements ne sont ni dans les escalades, ni dans le vœu pieux d’une Corée réunifiée.
Pour se redynamiser, la Corée du Sud doit penser à la Corée du Nord en termes de risques et d’opportunités. Ne pas nier les problématiques et les vulnérabilités, mais ne pas non plus ignorer la responsabilité de contribuer à apporter plus de stabilité et plus de perspectives d’avenir à ces populations nord-coréennes, dont le destin géopolitique ne saurait être celui de la migration forcée. La politique étrangère sud-coréenne doit s’inscrire dans une approche de soutenir les dynamiques positives dans la région et surtout dans ses relations avec la Corée du Nord pour cesser de regarder ce pays avec l’unique crainte de la voir exploser.
Les limites diplomatiques de la Corée du Nord dans sa quête de puissance sont à la fois géopolitique, stratégique et sécuritaire. Il faut à cet Etat un mental d’acier pour continuer à exister dans une sous-région considérée comme étant l’ancrage géographique du leadership américain dans l’Asie du Sud-Est. Si sa progression économique n’est plus un problème, sa sécurité à la fois interne et externe reste un grand défi. Car, dans le dilemme de sécurité de la péninsule coréenne, la Corée du Sud semble être un petit joueur. Oui, malgré ses épreuves, la Corée du Sud vit aujourd’hui un grand moment d’espérance. La politique nouvelle ne saurait être le simple énoncé de mesures techniques ou stratégiques.
L’attente du renouveau va bien au-delà. Comme l’a écrit Albert Camus l’homme est un animal qui veut du sens. L’obligation du gouvernement coréen aujourd’hui, ce n’est rien moins que de donner un sens au renouveau géopolitique. Son ambition, c’est de trouver ce sens dans une véritable vision de politique étrangère qui tient compte de la grammaire actuelle des Relations internationales.
CONCLUSION
Pour interpréter correctement une politique étrangère, le chercheur se doit de la comparer minutieusement, que ce soit avec les politiques déployées précédemment, avec celles des autres États, ou avec celles qui relèvent de la politique interne. Même dans le cadre d’une étude qui se concentre sur un cas unique, l’exercice de comparaison est indispensable pour la mise en perspective de ce cas.
Presqu’entièrement détruite par la guerre, la Corée du Sud est devenue en l’espace d’une quarantaine d’années l’une de quinze premières puissances économiques mondiales et se positionne aujourd’hui comme l’un des principaux soft power de la scène internationale.
Dans sa quête géopolitique de puissance régionale, la Corée du Sud cherche à la fois à se démarquer du Japon tout en essayant d’éviter de se faire rattraper par la Chine. Très ouverte sur le monde, la politique étrangère de la Corée du Sud est particulièrement sensible à la conjoncture internationale.
La Corée du Sud vise à rester aux commandes des questions qui se posent dans la péninsule et ne compte pas abandonner son destin à autrui. La Corée ne peut évidemment pas prendre seule toutes les décisions. C’est tout bonnement impossible au vu de la réalité de la politique internationale.
La Corée comprend, a posteriori, que son destin est souvent décidé par la concurrence et le marchandage qu’entretiennent les pays qui lui sont limitrophes. Cependant, quel autre pays que la Corée est plus désireux de régler le problème du programme nucléaire nord-coréen, d’installer la paix dans la péninsule et d’y développer la coprospérité ? Rester un observateur extérieur et passif du processus de paix ne s’accorde pas avec la philosophie du Gouvernement coréen.
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[1] MARQUE B., « Nouveau paradigme stratégique des puissances moyennes », dans Note d’analyse, n°16, Université Catholique de Louvain, Chaire Inbev Baillet-Latour “Union européenne-Chine”, mars 2011, p. 44.
[2] FLEMES D., « Emerging Middle Power’s Soft Balancing Strategy : State and Perspectives of the IBSA Dialogue Forum, German Institute of Global and Area Studies », dans Giga Working Papers, n° 57, août 2007, p. 29.
[3] COOPER A., HIGGOTT R. et NOSSAL K.R., Relocating Middle Powers : Australia and Canada in a Changing World Order, University of British Colombia, Vancouver, 1993, p. 256.
[4] NOLTE D., How to Compare Regional Powers : Analytical Concepts and Research Topics, German Institute of Global and Area Studies, Hambourg, 2007, p. 24.
[5] PING J., Middle Power Statecraft : Indonesia, Malaysia and the Asia Pacific, Ashgate Publishing, Farnham, 2005, p. 270.
[6] HUNGTINGTON S., « The Lonely Superpower », dans Foreign Affairs, mars-avril 1999.
[7] THE NATIONAL SECURITY STRATEGY OF THE UNITED STATES OF AMERICA, Rapport publié par la Maison Blanche en septembre 2002, p. 31.
[8] KIM C.N., « The Roh Moo-hyun Government’s Policy Toward North Korea », dans Working Papers, n° 11, East-West Center, août 2005, p. 28.
[9] Nom donné par les Japonais aux rochers Liancourt
[10] KIM H., « The Role of Political Leadership in the Formation of Korea-Japan Relations in the Post–Cold War Era », dans Asian Perspective, vol. 35, n° 11, janvier-mars 2011, p. 111.
[11] Standing Up to Japan, éditorial du Dong-A Ilbo du 26 avril 2006.
[12] MARIE-JOSEE P., Schopenhauer, le déchiffrement de l’énigme du monde, Bordas, Paris, 1992.
[13] BENVENISTE E., « Le langage et l’expérience humaine », dans Problèmes du langage, Gallimard, Paris, 1966, cité par Paul Ricœur, Temps et Récit. Le temps raconté, Tome 3, Le Seuil, Paris, 1985, p. 197.
[14] ERVIN L., La Cohérence du réel. Evolution cœur du savoir, Gauthier-Villars, Paris, 1989, p. 70.
[15] Le concept de disjonction est utilisé par Arjun Appadurai dans Disjuncture and difference in the global cultural economy, éditions Mike Featherstone, Global Culture, Londres, 1991, p. 295.
[16] BADIE B., Quand le sud réinvente le monde, La Découverte, Paris, 2018, p. 77.
[17] RICŒUR P., Temps et Récit. Le temps raconté, Le Seuil, Paris, 1985, p. 194.
[18] BADIE B., Nous ne sommes plus seuls au monde. Un autre regard sur l’ordre international, La Découverte, Paris, 2016.