Junior KABUIKA TSHIPATA
Professeur Associé à l’Université Pédagogique Nationale/Kinshasa-RDC
junior.kabuika@upn.ac.cd
RESUME
La République Démocratique du Congo, a toujours été au centre des enjeux dans le monde. Dès sa découverte ou mieux ses premiers contacts avec les étrangers, ce pays a déjà été soumis à des pratiques de son exploitation. C’est donc au travers de ses potentialités que la RDC a toujours intéressé l’humanité surtout les grandes puissances.
Si pendant la traite négrière, l’évangélisation a été présentée comme raison de la présence étrangère sur le vaste territoire congolais, durant la colonisation, ce fut le tour de la civilisation. Lorsque nous accédons à notre statut international d’Etat en 1960, un autre motif fut inventé : il s’agissait de la coopération pour besoin de développement. Dans sa nouvelle phase de la mondialisation, c’est le tour de la lutte contre la pauvreté. Tous ces différents mécanismes, sont des moyens prétextes permettant aux grandes puissances d’exploiter les riches ressources sous les yeux complices, soumis et impuissants des élites locales. Par conséquent, la prédation s’y installe suivie des guerres de toute nature.
Loin d’être considérée comme malédiction, et dans le cadre de la mondialisation compétitive, ces ressources peuvent être à juste titre transformées base de développement par la restructuration des capacités étatiques. C’est tout le mérite de cette étude, qui révèle ainsi les dessous du grand jeu des puissances occidentales sur la RDC. Elle est donc au centre des enjeux autour de ses ressources en vue d’alimenter les industries de pointe qu’elle n’a pas.
Mots-clés : Convoitises, Guerres, Mondialisation, Multinationales, Ressource minière, Ressource stratégique
ABSTRACT
The Democratic Republic of Congo, has always been at the center of the issues in the world. From its discovery or better its first contacts with foreigners, this country has already been subjected to practices of its exploitation. It is therefore through its potential that the DRC has always interested humanity especially the great powers.
If during the slave trade, evangelization was presented as the reason for the foreign presence on the vast Congolese territory, during colonization, it was the turn of civilization. When we acceded to our international status in 1960, another motive was invented: it was cooperation for the need of development. In its new phase of globalization, it is the turn of the fight against poverty. All these different mechanisms are pretexts allowing the great powers to exploit the rich resources under the complicit, submissive and powerless eyes of the local elites. As a result, predation settles there followed by wars of all kinds.
Far from being considered a curse, and in the context of competitive globalization, these resources can rightly be transformed as a basis for development by restructuring state capabilities. This is the merit of this study, which reveals the underpinnings of the great game of the Western powers on the DRC. It is therefore at the center of the issues surrounding its resources in order to feed the high-tech industries it does not have.
Keywords : Loneliness, Wars, Globalization, Multinationals, Mining Resource, Strategic Resource
INTRODUCTION
Au fil des années, les axes géostratégiques se sont redessinés en fonction de nombreuses interventions. L’histoire a montré que depuis le XVème siècle, l’Afrique centrale a intéressé l’Occident : la traite négrière, les explorations et le partage de l’Afrique, les deux guerres mondiales, la colonisation, la guerre froide et la post-bipolarité.[1]
Ces différents intéressements se sont réalisés en fonction des potentialités de cette partie à alimenter l’Occident en biens et services. La République Démocratique du Congo est l’un des pays potentiellement riches d’Afrique. On la traite ainsi de scandale géologique. Elle regorge une quantité non négligeable d’eau douce et plusieurs ressources naturelles au rang desquelles on trouve celles liées à l’agriculture, à l’énergie et aux mines très importantes.
Bien avant le conflit de 1998 les richesses de ce pays faisaient objet de troc, de contrebande et de trafic enrichissant l’élite politique dirigeante. De leur importance, les mines ont toujours exacerbé les convoitises des pays occidentaux et des multinationales. Ceux-ci y accèdent par le canal des pays frontaliers grâce à la poudre à canon faisant la loi dans la partie orientale du pays depuis 1996. C’est ce qui explique le plus souvent l’occupation des provinces de cette partie par des troupes étrangères.
Depuis que les troupes militaires soutenues par les puissances occidentales et les pays voisins conduites par Laurent-Désiré arrivent à instaurer un nouvel ordre politique en RDC dès 1997, ce pays a traversé et continue à faire face à des nombreux complots de sa déstabilisation. Ceux-ci, se remarquant plus fréquemment par des guerres, pillages et trafics de tous genres, conduisant aux « carnages »,[2] sous profond silence du monde.
A cet effet, toutes ces affres s’accompagnant des dégâts incalculables, viols et maladies, sont plus longtemps restés sans interventions conséquentes d’éradication de la part de la communauté dite internationale. Plusieurs rapports de l’ONU sur le pillage des ressources minières en RDC sont aussi restés sans effet, et dont ses troupes sont accusées de s’associer audit pillage.
Il y a donc lieu de préciser avec Ngbanda H.,[3] que les réseaux occultes, les pays occidentaux et voisins de la RDC, les multinationales se livrent à la prédation minière, au financement de l’instabilité et de la pauvreté au pays. Ceci se faisant avec la complicité des élites politiques de toutes tendances.
En effet, les ressources minières de la RDC sont à la base des convoitises par les pays occidentaux. Il est impérieux de signaler que pour avoir accès aux ressources minières stratégiques de la RDC, les pays occidentaux à travers leurs puissantes sociétés multinationales recourent souvent à plusieurs stratégies et moyens qu’ils mettent en œuvre. Ainsi, ce qui confère à un minerai le caractère stratégique, est sa recherche voire sa convoitise notamment par les sociétés multinationales et les puissances économiques mondiales pour besoin de leurs industries de pointe.
Parmi ces stratégies, le financement des guerres d’agression ou des rebellions internes, l’utilisation des pays voisins, la manipulation des acteurs politiques sont autant d’application. Pour cette dernière catégorie, les contrats pour préservation des intérêts extravertis suivis des réformes surtout dans le secteur minier ainsi que la problématique d’intégration et d’ouverture du marché dû au phénomène de la mondialisation sont les moyens mis en œuvre.
Cette étude explique les jeux et enjeux au centre des convoitises conduisant la RDC à une instabilité. Au regard ainsi de cette réalité, les différentes rivalités auxquelles le pays fit, fait et fera davantage face tournait, tourne et tournera autour de la maîtrise et du contrôle stratégique des matières premières indispensables à faire fonctionner les industries de pointe. Par conséquent, pour faire ressortir à l’aide des données empiriques les différentes stratégies faisant impliquer les grandes puissances dans l’exploitation prédatrice des richesses du pays, il s’avère impérieux de relever ce qu’on entend par jeux politiques autour des enjeux et d’identifier les différentes ressources au centre des enjeux desdites puissances.
I. PROBLEMATIQUE DES JEUX POLITIQUES AUTOUR DES ENJEUX POLITIQUES[4]
Les jeux politiques sont à classer dans le cadre des relations qu’entretiennent les différentes forces en présence au regard des enjeux spécifiques. Ces conditions déterminent en même temps leurs comportements.
I. 1. Que retenir des jeux politiques ?
Loin d’être une activité humaine parmi d’autres, le jeu est donc une dimension déterminante et même constitutive de l’homme, pas seulement d’un point de vue psychologique, mais aussi aux niveaux culturel et social.[5] Mais, la systématisation du jeu élaborée par John Von Neumann, va révolutionner les sciences sociales par le truchement de son application à la microéconomie contemporaine. Cette théorie des jeux-théorie des prises de décision en situation d’incertitude vise à rendre compte de situations dans lesquelles des individus rationnels (les joueurs) prennent des décisions en interaction. Un jeu est défini par un certain nombre de règles et par les stratégies adoptées par les joueurs.
En effet, les jeux peuvent être non coopératifs (chaque joueur prend des décisions pour son propre compte sans chercher à collaborer avec les autres acteurs) ou coopératifs (dans ce cas, les joueurs cherchent à s’entendre pour trouver une situation mutuellement avantageuse). Un jeu peut être à l’information complète ou à l’information incomplète.
Le recours à la théorie des jeux a permis dans un cadre plus général de modèle de la concurrence pure et parfaite en microéconomie à développer des approches nouvelles dans d’autres disciplines des sciences sociales, notamment la sociologie, la science politique, etc.[6]
En sciences sociales, en général, la théorie trouve son fondement dans l’existence des tensions et des conflits considérés comme des caractéristiques normales et inhérentes à une société, au centre de laquelle se trouvent des enjeux multiples et divers (politiques, économiques, sociaux et écologiques, etc.) liés aux intérêts particuliers des acteurs en présence.
Ainsi, pour un groupe poursuivant les mêmesobjectifs pour l’intérêt collectif, les décisions devront se prendre d’une manière concertée pour une meilleure collaboration et une avancée harmonieuse dans l’atteinte des visées du groupe.
L’activité politique dans les organisations est parfois décrite en termes de divers jeux autour des enjeux. Graham Allison,[7] a décrit les jeux politiques en termes complexes et subtils, se déroulant simultanément, s’imbriquant les uns dans les autres ; mais ils sont néanmoins soumis à des règles. Certaines règles sont explicites, d’autres implicites. Certaines sont tout à fait claires, d’autres floues. Certaines sont tout à fait stables, d’autres changent constamment mais en fait c’est l’ensemble de toutes ses règles qui définissent le jeu.
En effet, on parle du jeu politique pour mettre en exergue le fonctionnement d’un système ou de l’organisation sur base du modèle politique. Ce modèle repose sur l’idée que la société ou l’organisation est constituée d’un ensemble d’acteurs en présence, qui sont des joueurs dotés d’intérêts et d’objectifs propres qui contrôlent différentes zones d’incertitude. Leur but n’est pas de satisfaire des objectifs communs, mais de mesurer le degré de pouvoir qu’il leur est possible d’atteindre au sein de l’organisation. Ainsi, il se développe des jeux de négociation et d’anticipation réciproque où les vrais objectifs ne sont jamais explicités. C’est cette idée qui a toujours orienté les intérêts stratégiques des Occidentaux au cas de la RDC.
Les décisions sont le résultat de phénomènes politiques complexes, où ruses, coalitions, camouflages, coups bas, conflits et influences constituent le fonctionnement normal. Les décideurs sont donc des acteurs, motivés par la préservation de leurs intérêts particuliers (être réélu, s’affirmer comme le chef des armées ou le leader incontesté de la révolution, contrôler les exploitations minières), qui utilisent pour cela les conflits, les alliances et les compromis, et qui considèrent que le problème est résolu lorsqu’ils parviennent à une entente.
Les jeux sont donc intimement liés aux modalités du fonctionnement étatique, qui s’avère complexe. Ce sont ces jeux de pouvoir, en effet, qui déterminent des mécanismes de coordination et le suivi quotidien d’exécution des grandes orientations des politiques publiques.
En effet, une organisation publique et même privée, ne peut échapper à la politisation, c’est-à-dire processus par lequel des questions ou des activités dotées d’une signification politique et, par conséquent, sont appropriées par les acteurs impliqués dans le champ politique (élus, gouvernants partis politiques, acteurs des mouvements sociaux ou groupes d’intérêts, etc.) et, parfois, peuvent être prises en charge par les institutions politiques ou des pouvoirs publics et peuvent faire l’objet ou non d’une politique publique.[8]
Les processus de politisation sont complexes, et sont rarement maîtrisés par un seul type d’acteurs. Ils sont le produit de rapports de forces entre multiples acteurs. Gusfield,[9] soutient que le jeu politique n’est pas réductible à la lutte pour la conquête du pouvoir. Il passe par la lutte pour la définition légitime du politique c’est-à-dire la lutte pour le droit de définir ce qui est politique et ce qui ne l’est pas. Les acteurs politiques contribuent à définir des problèmes par le seul fait d’en proposer le règlement.
De ce fait, et pour modérer ces luttes permanentes, les politiques devront impliquer les collaborateurs à quelques degrés près. En d’autres termes, la collaboration fructueuse entre les partenaires est d’autant plus aisée que les rôles de chacun soient précisément définis, ainsi que les champs de liberté de chacun.
Une stratégie doit précisément définir qui fait quoi, comment les progrès seront mesurés, quelles sont les zones de risques et quels sont les partenaires nécessaires à la mise en œuvre de chaque priorité. Cette stratégie doit être approuvée par les responsables. Il est aussi indispensable que les priorités soient intégrées aux plans stratégiques, et planifiées en termes de ressources et de temps.
I. 2. Dynamique politique autour des enjeux entre forces en présence
La dynamique politique ne se faisant qu’autour des enjeux, implique l’étude sociologique voire psychologique des acteurs en présence. C’est pourquoi, après avoir identifié quelques puissances impliquées dans les exploitations des ressources stratégiques de la RDC, nous avons en même temps circonscrit leur lutte respective. Selon la définition qui prévaut en mécanique rationnelle, la dynamique est l’étude des relations entre les mouvements et les forces qui les engendrent. Ramenée dans le domaine politique, à la suite de Burdeau G.,[10]sans que le fait de transposition implique adoption des méthodes d’étude, cette dynamique concerne l’analyse des figures historiques successives que revêt l’ordre politique en fonction des forces provoquant les évolutions ou les changements. Une dynamique politique est donc considérée comme étant le mouvement des faits et des acteurs politiques ainsi que de ses phénomènes interagissant dans la nette évolution.
La théorie de la dynamique politique invite ou implique une analyse des figures historiques que revêt l’ordre politique en présence. Toutes les données que constitue la dynamique politique sont des constantes formelles. Elles sont une construction de l’esprit. En effet, ce que l’observation nous fait connaître ce n’est pas l’ordre, mais un ordre, ce n’est pas la différenciation, mais un certain type de rapport politique, ce n’est pas le pouvoir, mais un pouvoir original par ses fins autant que par ses modalités d’exercice. C’est de ces différentes figures que nous dégageons les notions d’ordre, de différenciation, de pouvoir qui, incitées dans toutes les sociétés, s’y incarnent cependant sous des traits divers.
L’objet de la dynamique politique est donc, d’étudier les forces sous l’influence desquelles les forces en présence s’animent pour devenir les formes dont l’histoire et l’étude comparée des systèmes politiques font connaître l’extrême diversité. Il serait donc une conception inexacte de l’ordre politique que d’y voir un ordre statique, troublé de temps à autre par une secousse qui viendrait en modifier l’économie. Cette constance et cette immobilité n’apparaissent que lorsque la réflexion dégage de la multiplicité des figures de l’ordre révélées par l’expérience, des traits qui sont communs à toutes.
Ce qui ressort, au contraire, de l’observation de la réalité, c’est la mobilité des formules qui donnent à l’ordre sa substance concrète. Bien loin d’être inerte, l’ordre politique apparaît comme un perpétuel mouvement. Les éléments qui s’agencent en lui se renouvellent sans cesse, tantôt par lente transformation, tantôt par mutation brusque. La structure du rapport politique se transforme, les fins du pouvoir varient, les règles génératrices de discipline changent de contenu. Ce sont des changements qui, ayant de tout temps frappé les observateurs, les ont conduits à assimiler les sociétés politiques à des organismes vivants. Le principe de ce mouvement, principe moteur de toute activité politique est simple : c’est l’effort pour conquérir le pouvoir, et cette conquête signifie l’appropriation purement et simplement de tous les instruments susceptibles à créer son ordre. Il en résulte qu’il est de l’essence de l’ordre politique d’être constamment mis en cause puisque le pouvoir qui le garantit est en même temps l’objet d’une compétition stimulée par le désir de se modifier.
II. RESSOURCES STRATEGIQUES DE LA RDC AU CENTRE DES ENJEUX[11]
La RDC regorge plusieurs ressources minières dites stratégiques, qui, restent au centre des jeux et enjeux des acteurs en présence au sein du système-monde, déterminant ainsi les conditions de leurs comportements. A ce sujet, les rapports des experts de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de ce pays en avaient retenu quelques-unes, jugées de première importance et dont l’accès, le contrôle et le commerce constituent sans nul doute les principales motivations des convoitises et conflits des Occidentaux.
Cependant, il faut préciser que ces ressources exploitées sont par contre épuisables. Leur exploitation, dépendant ainsi de l’évolution technologique. C’est ce qui démontre que les intéressements de l’une ou l’autre ressource se font par rapport aux besoins des industries et ses réserves diminuant de plus en plus. Et cette politique remonte dès la naissance du Congo moderne, qui reste liée à l’expansion coloniale européenne en Afrique dans la deuxième moitié du XIXème siècle. La conquête coloniale de l’Afrique par l’Europe s’inscrivait dans le cadre d’une politique mondiale d’asservissement[12] voire de l’impérialisme à la recherche des matières précieuses.
II. 1. Le colombo-tantalite (coltan)
Ce minerai, fait partie de minerais solides et stratégiques que regorge la RDC. Celle-ci possède 80% des réserves mondiales connues localisées dans les mines de l’ancienne province du grand Kivu. Les cartes minières signalent d’autres gisements importants de ce minerai dans la région de Manono (Tanganyika) voire à Bafwasende (Tshopo) et bien ailleurs. Si l’on ajoute ces nouveaux gisements découverts, il y a lieu d’estimer que la RDC atteindrait 90% des réserves mondiales de coltan. En termes de production au niveau mondial, la RDC a 9% et occupe la troisième place bien après l’Australie qui a 48 et le Brésil 16.
Précisons que ce minerai est métallique par excellence du point de vue de propriétés industrielles. Par conséquent, il revêt une grande importance car ses propriétés font de lui un minerai stratégique au centre des enjeux mondiaux et dont les industries occidentales en ont grandement besoin pour leur survie compétitive.
Ce minerai, conduit l’électricité et résiste contre à des hautes et basses températures. Ses applications concourent dans la technologie de la téléphonie cellulaire (mobile), des ordinateurs, l’industrie spatiale et dans la fabrication des roquettes et lance-roquettes. Il est donc un mimerai bien indispensable pour raisons des guerres. Bref, dans toutes les industries de pointe. Par ces qualités, ce minerai stratégique devient une source permanente de convoitise des grandes puissances économiques, qui les utilisent pour le fonctionnement de leurs industries de pointe.
II. 2. Le diamant
Le diamant est présenté aussi comme minerai stratégique. En effet, le diamant congolais (même si, il n’est plus à sa quantité passée) a toujours été représenté comme noyau économique important dans le système financier international et économique fondé sur l’électronique de pointe et le fortage des ressources. Il est aussi utilisable dans l’industrie d’armement. Le diamant industriel et de joaillerie sont plus concentrés dans les zones kasaïennes, mais on le retrouve partout ailleurs sur l’ensemble du territoire national. D’où le scandale géologique de la RDC ! Suite à l’épuisement de certaines sud-africaines surexploitées, les réserves diamantifères de la RDC prirent de l’ampleur avec une importance particulière dans le monde. Cet état ne pouvait que susciter convoitises !
En sa qualité de pierre précieuse, le diamant sert comme valeur-refuge ou comme moyen de placement pour les épargnants n’ayant pas confiance en Dollar américain. Le diamant industriel constitue l’élément essentiel de certaines machines-outils de coupe, dans la prospection minière et pétrolière, et dans toutes les autres activités importantes de forage. Les microscopes électroniques à forte puissance d’agrandissement sont équipés avec les lentilles en diamant. Ces microscopes, par contre, constituent des outils de travail pour les manipulateurs génétiques en biotechnologie et pour la fabrication des microprocesseurs en électronique de pointe.
II. 3. Le cuivre
La RDC regorge en son sein le minerai du cuivre en grande quantité. Il a été identifié dans des sites disséminés dans toutes les provinces du pays, mais il est en abondance à Fungurume (Lualaba), Kipushi (Haut-Katanga) et à Kolwezi (Lualaba). Les provinces du Katanga font donc exception par rapport aux réserves en cuivre en RDC. Mais, il a subi comme pour le diamant de l’Afrique du Sud, une surexploitation exagérée au Chili. C’est ce qui justifia et continue à justifier un intérêt particulier tourné vers la RDC après son épuisement au Chili.
Voilà pourquoi, il reste au centre des enjeux des sociétés multinationales. Ce minerai est donc d’une importance noble : il attire les grandes puissances non seulement à cause de sa haute teneur, mais aussi et surtout parce qu’il est un minerai composite, toujours associé à d’autres sont le cobalt, le zinc, le germanium, le calnuim, l’or, l’argent, la platine, le molybdène. Le cuivre est utilisé dans la technologie émergente des moteurs électriques efficaces. Il est également recherché dans la construction des câbles de support électronique et est utilisé aussi dans les circuits des appareils électroniques, les moteurs des ventilateurs, les démarreurs des véhicules jusqu’aux turbines de barrages hydroélectriques. Ce minerai intervient également dans la fabrication des munitions de guerre. La bombe atomique en est une illustration. C’est ce qui fait que le cuivre reste stratégique pour l’économie du monde.
II. 4. Le cobalt
Cette ressource naturelle se trouve fortement concentrée dans le Lualaba. A ce sujet, le Lualaba est considéré comme capitale mondiale de ce minerai en raison de ses réserves considérables. Il y a lieu de préciser que ce minerai se trouve aussi disséminé dans d’autres provinces notamment dans les Kivus et en dans la brande Province-Orientale. Au même titre que le coltan, le cobalt résiste à des hautes et basses températures. Il est alors d’une importance capitale car il intervient dans les alliages spéciaux utiles dans l’armement, l’aéronautique, l’aérospatiale. L’importance du cobalt dans l’industrie est telle que tous les moyens furent mis en œuvre afin d’éviter au Katanga de tomber dans des cycles de violences pour ne pas perturber les approvisionnements du marché. Les cours mondiaux dépendant en même temps.
II. 5. L’or
La RDC regorge plusieurs mines d’or avec la plus haute teneur du monde. On trouve ce minerai à Watsa (Haut-Uélé). Il peut être obtenu de 6 à 7 Kilos d’or fin par tonne grâce à la nouvelle technique de raffinage. L’or se retrouve comme tous les autres minerais dans toutes les autres provinces du pays. Mais, il est avec de faibles teneurs associés à l’argent, au vanadium, à la cassitérite.
Les plus grandes concentrations de ce minerai sont localisées dans la concession de l’Office d’Or de Kilo-Moto à la Tshopo, la Société Minière du Kivu au Maniema, de la Gécamines au Haut-Katanga. De même que le diamant, l’or constitue une matière précieuse servant de réserve de change pour les banques centrales, les multinationales et les épargnants. Il est de ce fait, une pièce maîtresse de l’industrie bijoutière dans le monde.
II. 6. Le pétrole
La RDC regorge une grande réserve du pétrole. Cet or noir, constitue l’objet des convoitises de plusieurs Etats, surtout grandes puissances économiques. En effet, il est signalé quelques bassins pétroliers notamment sur la côte atlantique dans le Kongo-Central, à la cuvette centrale et aux grands lacs.
Le pétrole de Moanda est connu à cause de son exploitation depuis des décennies par la Compagnie américaine Gulf ail, la Compagnie française Perenco, le Groupe Congorep piloté actuellement par la Société belge PetroFina. Gulf ail a été racheté par Chevron et PetroFina et fusionné avec Elf. On trouve également le pétrole en Ituri, qui, non seulement le bassin pétrolier s’étend à l’Ouganda, mais aussi au Rwanda et au Sud-Soudan.
Le pétrole de la RDC est donc important pour les approvisionnements des sociétés multinationales qui se précipitent pour la conquête de différents bassins. C’est donc une ressource non négligeable, attirant convoitises et qui reste au centre des enjeux économiques et stratégiques dans le monde, au même titre que les autres minerais.
II. 7. Le lithium
Le lithium est une terre rare que regorge la RDC en grande réserve. On le retrouve à Manono (Tanganyika). N’apparaissant pas seul, le lithium est souvent associé avec d’autres terres rares, notamment le thorium et le zirco-nuim. Il est d’une grande importance, car utilisé comme composante dans la fabrication de toutes les piles à longue durée, notamment les piles d’ordinateurs, de téléphones portables,… Cette ressource sert aussi comme explosifs de bombes à hydrogène. Certaines composantes de lithium sont aussi utilisées comme de couches réfractaires aux céramiques destinées à protéger de la chaleur les murs ultérieurs des réacteurs des centrales nucléaires où se réalise la fission nucléaire. Le lithium est aussi important du fait qu’il fournit des éléments isolants qui recouvrent des navettes spatiales. Cette ressource intervient en même temps dans la fabrication des écrans plats, micro-ordinateurs, téléviseurs utilisant le procédé numérique, piles, batteries des voitures électriques.
II. 8. Le thorium
Le thorium, est un métal rare qui prend de plus en plus de l’ampleur dans le monde. Cette importance, est liée du fait qu’il est utilisé comme combustible des centrales nucléaires civiles résorbant ainsi les problèmes de pollution et de stockage posés par le plutonium. La RDC regorge aussi l’arsenic avec lequel on fabrique les fibres optiques, diodes lumineuses et imprimantes laser. Les fibres optiques représentent actuellement le plus grand espoir pour la construction des réseaux de télécommunication notamment les autoroutes de l’information à très haut débit, soit 500 messages simultanément. C’est ce qui conduit au contrôle du marché de télécommunications par les sociétés multinationales, faisant de cette ressource un enjeu important pour ledit contrôle.
II. 9. Le germanium
Le germanium, est un métal rare que possède la RDC dans les mines de Kipushi (Haut-Katanga) et dans le terril des déchets provenant du raffinage des minerais de cuivre de Lubumbashi (Haut-Katanga). Ce métal est important car intervient dans la fabrication des diodes, transistors des satellites. Il est donc au centre de gestion des télécommunications.
II. 10. L’uranium
La RDC, contient une réserve suffisante de l’uranium. C’est avec l’uranium de la RDC extrait dans les mines du Katanga que les premières bombes atomiques américaines ont été fabriquées dans le contexte de la peur de dissémination de l’arme atomique auprès des terroristes internationaux. Les grandes puissances occidentales sont à la quête et se préoccupent du trafic éventuel de l’uranium de la RDC, faisant bien partie des minerais radioactifs dont l’importance reste non négligeable dans l’application des technologies de pointe.
III. DIFFERENTES MOTIVATIONS-STRATÉGIES DE PRÉDATION MINIERE EN RDC
La question de la prédation des richesses en RDC est multidimensionnelle. Autant les Occidentaux et les sociétés multinationales sont impliqués, autant les élites internes se livrent elles aussi à cette pratique. A ce sujet, la dérive économique du pays, précise Mabi E.,[13] tire son origine dans la faillite de la Gécamines, imputable aux pratiques prédatrices des dirigeants. En vue d’exploiter les richesses du pays, les guerres, les implications internes et des pays voisins dans le cadre de la mondialisation, sont autant de stratégies utilisées à cet effet.
III. 1. Autour de différentes guerres ou rebellions
Les Occidentaux ont toujours convoité la RDC à cause notamment de ses potentialités naturelles parmi lesquelles on trouve les ressources minières de première nécessité. Pour y accéder facilement, à travers leurs sociétés multinationales ils créent souvent des guerres ou des rébellions à l’interne. Ceci, a toujours été depuis 1996 à la suite de la guerre dite de libération contre le régime de la deuxième République, une stratégie opérationnelle qui a bien évolué pour lui (Occident). A cet effet, Maton Y.,[14] précise cela en ces termes : … guerre de l’AFDL était une guerre des minerais.
Pour Collette Braeckman,[15]… le Congo se retrouve au centre d’une véritable compétition pour les matières premières : une compétition implacable pour l’accès libre et exclusif aux dernières ressources naturelles non encore exploitées de la planète, elle met aux prises les Américains et leurs alliés sud-africains avec les concurrents européens, parmi lesquels les Allemands et les Français ; mais des nouveaux venus s’engagent aussi dans la course : la Chine, la Malaisie qui se montrent de plus en plus désireuses d’investir en Afrique.
Cette stratégie de création des guerres, a été à la base même de la guerre ayant subi le nouveau pouvoir après avoir renversé celui de la deuxième République, ce, avec les mêmes partenaires occidentaux. Après s’être rendu compte du non-respect soit-il des engagements entre l’Occident et le nouvel homme au pouvoir (Laurent-Désiré Kabila), les grandes puissances occidentales et les multinationales créèrent contre tout le pays pour leurs intérêts la guerre dite d’agression dès 1998.
Durant toute la période qu’a durée cette nouvelle guerre ayant causé plusieurs dégâts jusqu’à son internationalisation avec intervention des armées étrangères, l’exploitation et le pillage systématique des ressources naturelles du pays au profit des Occidentaux et leurs alliés se sont bien comportés sans respect aucun des populations autochtones.
C’est cet état des faits qui conduisit à plusieurs rencontres tant à l’interne qu’à l’externe sur la question de la RDC, jusqu’à ce qu’à la suite de l’Accord Global et Inclusif signé à Pretoria (Afrique du Sud) le 17 décembre 2002 inaugure un nouvel ordre politique dans la gestion institutionnelle concertée du pays. Cette problématique, loin d’être résolue, refit surface. C’est pour autant dire que, tout comme en temps de paix qu’en de temps de guerre, cette stratégie fonctionne toujours. Hélas !
Par ailleurs, le projet d’exercer un contrôle sur les ressources naturelles et minières en particulier par les grandes puissances, constitue un processus. Ce processus, évolue d’après le contexte et la nécessité des besoins ressentis. Si hier l’AFDL fut utilisée, le RCD avec toutes les autres formations militaires furent aussi des canaux pour y arriver.
Le M23, lui aussi a été un moyen par lequel l’Occident, le Rwanda, certaines sociétés multinationales et d’autres citoyens congolais, passèrent pour accéder aux ressources dont ils avaient besoin. Dans cette logique, il y a lieu de préciser que la partie orientale du pays est celle à partir de laquelle, toutes ces guerres commencent notamment par le fait de son rapprochement avec des pays voisins qui restent hostiles à la RDC et convoitent en même temps ses richesses.
Ces différentes guerres de l’Est de la RDC sont souvent présentées comme des conflits ethniques voire tribaux alors que le problème essentiel reste celui du contrôle par les groupes euro-américains sans écarter les pays voisins agresseurs traditionnels (Rwanda, Burundi, Ouganda) des ressources naturelles de la RDC. Ceux-ci, agissent par interposition des groupes locaux leur permettant de réussir leur projet.
III. 2. Les pays voisins agresseurs traditionnels de la RDC et les intérêts occidentaux en RDC
Le Rwanda a toujours joué un rôle prépondérant dans la facilitation des intérêts occidentaux en RDC. Ceci se justifie par le fait qu’il constitue sans nul doute un pays transit des matières premières notamment des ressources minières de la RDC vers l’étranger.
Plusieurs sociétés multinationales ont leur siège à Kigali. Même lorsque les Occidentaux créent des guerres ou rébellions contre la RDC, ils utilisent toujours le Rwanda. Le cas du M23 en est une illustration. Cette stratégie occidentale date de longtemps, et, c’est depuis l’avènement de l’AFDL que le Rwanda s’est habitué à jouer ce rôle avec le soutien de ces derniers.
A ce sujet, Mulumba F.,[16] écrit que … Kagamé a facilité le pillage des ressources du Zaïre voisin et ouvert des opportunités d’investissement pour ses propres associés et les investisseurs nord-américains ou européens, dans cet immense réservoir de ressources minières d’Afrique Centrale rebaptisée République Démocratique du Congo (RDC), en 1997, lors de première guerre du Congo (1996-1998). Le Rwanda reste donc pour l’Occident un canal par lequel il accède facilement aux ressources minières de la RDC.
A côté du Rwanda, l’Ouganda, pourquoi pas, lui aussi a joué un rôle dans cette facilitation au bénéfice de l’Occident. En effet, il se révèle souvent par son soutien logistique au Rwanda voisin afin de lui permettre d’accélérer les opérations sur terrain aux fins d’exploitation des minerais que recherche l’Occident. C’est le cas de la guerre de 1998 déclenchée par les mêmes acteurs internationaux par l’entremise des pays voisins. L’objectif de cette guerre fut celui notamment de renforcer les positions du Rwanda en RDC. L’Ouganda, avait apporté précise Mabiala M.,[17] un soutien considérable au MLC qui, lui a son tour, facilita l’accès aux ressources minières pour le compte des occidentaux. Dans cette perspective, l’Ouganda demeure aussi un canal grâce auquel l’Occident réalise nettement ses projets d’accès outre les mécanismes conventionnels aux ressources naturelles de la RDC.
Le Burundi, dans cette démarche, a lui aussi, au même titre que le Rwanda et l’Ouganda, permis la facilitation d’accès aux ressources minières de la RDC par le soutien apporté aux groupes armés au Sud-Kivu contre le pays. Le Burundi est toujours resté présent dans la démarche occidentale d’exploitation des ressources minières contre la RDC.
De tout ce qui précède, il y a lieu de poursuivre que tous les moyens ont été mis en œuvre pour créer un Etat faible au centre de l’Afrique. Celui-ci, après avoir outrageusement été aux services occidentaux dans la lutte contre le communisme durant la meurtrière guerre froide, sa conquête ou tout au moins son morcellement par l’intermédiaire des pays voisins et autres passeurs, rentre dans l’objectif témoigné d’extraction et d’évacuation des ressources stratégiques dont l’industrie de pointe a besoin.[18]
III. 3. Les contrats miniers
Pour permettre l’accès aux ressources minières de la RDC, les Occidentaux ont développé aussi la stratégie des contrats miniers. En effet, les décideurs politiques locaux de tous bords sont utilisés leur imposant ainsi la signature des contrats, souvent à leur profit. En cas d’une éventuelle résistance manifestée localement, les Occidentaux procèdent aux mécanismes de déstabilisation des institutions. Laurent-Désiré Kabila a, durant son mandat été mis au banc par les bailleurs de fonds.
En effet, suite aux exigences du pouvoir sous Joseph Kabila de faire profiter la rente minière à toute la population, les menaces de la communauté dite internationale à travers les sociétés multinationales minières impactent sur toute la société. Ainsi, c’est ce qui reste à juste titre à la base de désamour entre l’ancien pouvoir et les miniers.
III. 4. La question de la mondialisation mise en jeu
Le phénomène de la mondialisation n’est seulement une chimère. En effet, comme phénomène d’intégration de tous les pays autour du mode de production capitaliste libéral, la montée en puissance de la mondialisation, la suite de Bongeli E.,[19] reste la conséquence du progrès technologique en matière des communications.
La mondialisation, renvoie à l’idée du vivre ensemble entre les différents peuples, de la compétitivité et de la coopération entre toutes les nations. Bref, des échanges sur tous les plans. Mais derrière cette idée d’intégration dans un système commun de production, se cache d’autres objectifs. Ce phénomène, n’est qu’en réalité un rêve et une stratégie des Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés aux fins d’exercer leur impérialisme. Ils se cachent donc derrière ce phénomène par la globalisation et la coopération entre les Etats. En réalité, ce n’est qu’une stratégie utilisée en vue d’hégémonie leur permettant ainsi dominer le monde et entretenant en même temps le sous-développement des Etats du non-monde.
Face à la position géostratégique de la RDC, elle reste dans ce système-monde un terrain d’accueil de plusieurs firmes multinationales dans le secteur minier. Ces dernières, sous prétexte de la mondialisation et coopération s’intéressent de la RDC non dans le cadre d’une coopération structurelle mais dans le but ultime d’exploiter ses ressources minières à leurs grands profits. Pour ce faire, l’Occident impose aux autorités étatiques d’adhérer à leurs pratiques exclusives et extractives.
Ainsi, tout le pays reste à la solde des intérêts occidentaux où toutes les entités avec des politiques publiques improductives se voient dépossédées des pouvoirs de contrôle des ressources minières au profit des sociétés multinationales. Le cas de l’ancienne province du Katanga est illustratif avec une pauvreté ambiante, la plus crasse et cruelle. Destiné à attirer les investissements et à rendre le secteur minier compétitif, le Code minier datant de 2002 s’est révélé être l’outil à la disposition d’une oligarchie plongée dans des pratiques de prédation inégalée de la rente. Ainsi, la promulgation en 2018 après blocage par les miniers du nouveau Code minier soumettant les sociétés minières à plus de participations au bénéfice de la population, ne peut que logiquement mettre mal à l’aise cette oligarchie.
Par ailleurs, la fameuse compétitivité globale tant vantée par les défenseurs de la globalisation comme impératif catégorique, n’est qu’un leurre. En effet, si les sociétés multinationales mieux nanties en capitaux et technologies trouvent leur compte, les administrations locales dépourvues de ces atouts restent marginalisées car dépossédées de leur sous-sol. Dès lors, loin d’être des centres d’impulsion du développement à partir de la base, les administrations locales apparaissent plutôt comme des réservoirs des matières premières permettant aux sociétés multinationales d’accroître leurs chiffres d’affaires que produire leur développement.
Cette situation n’est rien d’autre que la stratégie optée par les Occidentaux avec des complicités internes pour jouer un rôle beaucoup déterminant dans les affaires mondiales : c’est donc l’apparition de l’impérialisme américain. Celui-ci, se réalise sous sa forme achevée désignée par la mondialisation. La RDC est donc victime de cet impérialisme occidental.
Il est vrai que ce phénomène de la mondialisation cache bien de choses avec des prétextes avancés de lutte contre la pauvreté et de développement durable, comme ce furent les temps avec l’évangélisation sous la traite négrière, la civilisation avec la colonisation et la coopération pour développement dès l’accession du pays à son statut international d’Etat. Par cette pratique, les Occidentaux endettent les pays africains dont la RDC avec des prêts sous forme d’aide. C’est cette aide pour des besoins électoraux de 2005 qui fit basculer le pays dans le banc des accusés lorsqu’il prit la résolution de pactiser avec la Chine. Laurent-Désiré Kabila à son époque aussi avait fait face à ces intransigeances !
A propos de cette problématique d’aide, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, deux institutions renommées, se portent souvent garants et fournisseurs des « aides » aux pays pauvres. Il est bien reconnu que ces institutions par rapport aux grandes capacités économiques et financières notamment des USA à contribuer, ne font que leurs politiques. C’est cette réalité qui conduisit le Français Charles de Gaule à les qualifier comme des « machins » aux services américains, et par devers eux toute l’ONU. La RDC est prise dans ce gouffre infernal datant bien depuis l’époque de la guerre froide.
A cet effet, Dambiso M.,[20] montre que de toute la seconde moitié du XXème siècle, tout au moins jusqu’au début des années 1990, la guerre froide avait imposé aux nations riches un impératif d’assistance monétaire sans exclusive, puisqu’elle s’étendait même aux despotes les plus corrompus et les plus vénaux d’Afrique. Ainsi, l’une des caractéristiques de la guerre froide fut l’empressement de l’Occident à soutenir, financer et épauler une bande de dictateurs pathologiques et fraichement dangereux. Idiamin à l’Est, Mobutu à l’Ouest figurent parmi ces dictateurs.
Ces aides, témoignent clairement l’idée de la dépendance des pays africains vis-à-vis des pays occidentaux se comportant toujours comme des maîtres en tout et pour tout face à la paresse affichée de l’autre part. Ils sont en même temps des éclaireurs se trouvant dans le mondeque tous les Africains suivent de par leur appartenance dans le non-monde.
Dans ce contexte, la RDC étant plongée dans le filet des Occidentaux, est encore considérée à en croire Emile Bongeli,[21] comme un Etat-bébé, qui attend tout des autres, sous la complicité macabre des « politiciens médiocres » ayant considérablement ruiné le pays, le rendant ainsi vulnérable à leurs moindres manipulations politique, militaire, culturelle, idéologique.
L’aide n’a jamais développé un pays. Ce sont par contre des politiques publiques interventionnistes, courageuses et volontaristes. Arona M.,[22] montre que les Occidentaux ont toujours orienté leur aide au développement non pas vers les pays ayant besoin, mais vers ceux auprès de qui ils peuvent stratégiquement tirer profit. Ainsi, ce qu’on continue affectueusement ici d’appeler aide au développement est qualifiée par Kankwenda J.,[23]et Acemoglu D. et Robinson J.-A.,[24] comme des dépenses destinées à renforcer les structures extractives et exclusives génératrices de la misère, pauvreté et prédation. Cette tactique, comparable à celle des « Marabouts », ne consiste d’après Kankwenda J.,[25] et Serre J.,[26] qu’à renforcer notre degré de dépendance en nous imposant notamment à cause des turpitudes politiques internes des semblant d’institutions, qui, malheureusement sont budgétivores et contre-productives.
Par contre, les victimes spoliées de leurs vrais biens ne sont jamais aidées dès lors qu’elles cherchent à se démarquer du système productif mondialisé pour trouver des alternatives conformes à leurs propres aspirations.
CONCLUSION
Regorgeant plusieurs ressources naturelles, la RDC reste au centre des jeux et enjeux au sein du système-monde où les grandes puissances tout en les convoitant lui imposent des pratiques inhumaines. En effet, ces ressources étant stratégiques et à la base de plusieurs technologies de pointe, les grandes puissances utilisent plusieurs mécanismes pour leur exploitation.
Par ailleurs, la RDC subit depuis des siècles des complots convoitant ses richesses. Le modèle d’exploitation de ses richesses n’est qu’une nouvelle forme ayant changé de figure. Si durant la traite négrière et la colonisation les exploitations se sont opérées directement, de nos jours elles se font indirectement avec complicité interne et en créant des chaos généralisés en termes des guerres à répétition.
C’est dans cette logique des faits, que les stratégies doivent être orientées dans le sens systémique au sein du système-monde. Il s’agit pour ce faire, de mettre en place des mesures correctives luttant contre les pratiques internes de prédation et déprogrammer les institutions extractives installées par les étrangers. Il y a lieu aussi d’orienter autrement notre politique étrangère en diversifiant les partenaires de coopération et toute l’économie. En lieu et place de se baser uniquement sur la rente minière.
Loin de considérer la mondialisation comme un phénomène des espoirs déçus et le pays doit s’adapter. Car il est un phénomène de compétition. Il doit par conséquent penser à son intégration et développement par son industrialisation.
Il faudra arriver à s’affranchir comme le stigmatise Mudimbe V.Y.[27] de « l’odeur du père » aux fins de se décomplexer des Occidentaux comme l’a courageusement et stratégiquement fait la Chine.[28]
En vue de faire échouer ce complot tendant à tous égards à la balkanisation du pays, les Congolais doivent repenser leur pensée en pensant le beau pays de demain. Cette « audace d’espérer »[29] ainsi que « ce rêve »[30] qui doivent être forgés pour devenir après « statut une réalité »,[31] devront passer par une réconciliation des cœurs, ciment de l’unité nationale, permettant de faire échec à tous les ennemis usant ainsi d’une armée nationale, républicaine et dissuasive. Face ainsi à la décadence de l’Etat, à travers la perte de compétence, la perte de crédibilité et la perte de probité dues aux faits de guerres alimentés par les tierces puissances, la nécessité de la reconstruction de l’Etat s’avère impérieuse.
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[1] NGODI E., L’Afrique centrale face à la convoitise des puissances. De la Conférence de Berlin à la crise de la région des Grands Lacs, L’Harmattan, Paris, 2010, pp. 21-suiv.
[2] PEAN P., Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard, Paris, 2010, pp. 29-suiv.
[3] NGBANDA H., Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, Duboiris, Paris, 2004, pp. 21-suiv.
[4] KABUIKA J., Enjeux des forces politiques dans la dynamique démocratique, EUE, Beau Bassin, 2019, pp. 30-37.
[5] DORTIER J.F. (s/d), Le Dictionnaire des sciences humaines, Seuil, Paris, 2008, p. 369.
[6] HIBOU B., Anatomie politique de la domination, La Découverte, Paris, 2001, p. 120.
[7] ALLISON G., Le pouvoir dans les organisations, éd. d’Organisation, Paris, 1986, p. 89.
[8] NAY O., Lexique de science politique. Vie et institutions politiques, 2ème édition, Dalloz, Paris, 2011, pp. 428-429.
[9] GUSFIELD, La construction des problèmes publics, Economica, Paris, 2009, p. 18.
[10] BURDEAU G., Méthode de la science politique, Organisations, Paris, 1970, p. 265.
[11] Cette partie légèrement modifiée est essentiellement tirée de KIBANDA M., Les ressources stratégiques comme fondement économique des guerres de balkanisation de la RDC, in KANKWENDA J. et MUKOKA F., La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’impulsion, ICREDES, Kinshasa-Montréal-Washington, 2013, pp. 96-104.
[12] KABUIKA J., Portée historico-politique de l’indépendance en République Démocratique du Congo. De la colonisation au néocolonialisme, Edilivre, Saint-Denis, 2017, p. 11.
[13] MABI E., Les dérives d’une gestion prédatrice. Le cas du Zaïre devenu République Démocratique du Congo, CEDI, Kinshasa, 2002, p. 23.
[14] Cité par KIBANDA M., in KANKWENDA J. et MUKOKA F. (s/d), Op. cit., p. 91.
[15] Ibidem.
[16] MULUMBA F., Balkanisation de la RDC : Mythes et réalités in KANKWENDA J. MUKOKA F. (s/d), Op.cit., p. 51.
[17] MABIALA M., La guerre d’agression de la République Démocratique du Congo (1996-2002) : Evolution, perceptions et perspectives inSABAKINU J. (s/d), Les conséquences de la guerre de la République Démocratique du Congo en Afrique Centrale, PUK, Kinshasa, 2002, pp.12-13.
[18] NZONGOLA G., La RDC dans la géopolitique internationale in Kankwenda J. (s/d), Le degré zéro de la dynamique politique en République Démocratique du Congo 1960-2018, ICREDES, Kinshasa-Montréal-Washington, 2018, p. 524.
[19] BONGELI E., La Mondialisation, l’Occident et le Congo-Kinshasa, L’Harmattan, Paris, 2011, p. 19.
[20] DAMBISO M., L’aide fatale, les ravages d’une aide inutile et des nouvelles solutions pour l’Afrique, Jean-Claude Lattes, Paris, 2009, pp. 56-57.
[21] BONGELI E., D’un Etat bébé à un Etat congolais responsable, L’Harmattan, Paris, 2008, pp. 83-90.
[22] ARONA M., Pour refaire l’Afrique par où commencer ?, L’Harmattan, Paris, 2008, p. 102.
[23] KANKWENDA J., L’économie politique de la prédation au Congo-Kinshasa : des origines à nos jours (1885-2003), ICREDES, Washington-Montréal-Kinshasa, 2005.
[24] ACEMOGLU D. et ROBINSON J.-A., La faillite des Nations. Les origines de la puissance, de la prospérité et de la pauvreté, Nouveaux Horizons, Paris, 2015
[25] KANKWENDA J., Marabouts ou marchands du développement, L’Harmattan, Paris, 2000, p. 27.
[26] SERRE J., Les Etats fragiles, Studyrama, Paris, 2016, p. 54.
[27] MUDIMBE V.Y., L’odeur du père. Essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique noire, Présence Africaine, Paris, 1982
[28] KUENGIENDA M, L’Afrique doit-elle avoir peur de la mondialisation ? Approche géopolitique du développement durable, L’Harmattan, Paris, 2004, pp.20-21
[29] OBAMA B., Audace d’espérer. Une nouvelle conception de la politique américaine, Nouveaux Horizons, Paris, 2006
[30] OBAMA B., Les rêves de mon père. L’histoire d’un héritage en noir et blanc, Presses de la Cité, Paris, 2008
[31] ADOTEVI S., Négritude et négrologues, 10/18, Paris, 1972